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Actualités - CHRONOLOGIE

Partielle du Metn Un imbroglio à deux dimensions, juridique et politique

Pour démeler l’écheveau de déclarations et contre-déclarations faites ces derniers jours par deux camps se déclarant vainqueurs, et en attendant l’officialisation de la victoire de Gabriel Murr comme nouveau député grec-orthodoxe du Metn-Nord, c’est du flair d’un détective privé qu’il faut faire preuve, plutôt que de celui d’un analyste politique. Il était en effet difficile en soirée de voir clairement l’issue de ce duel délirant qui suscite la perpléxité de l’opinion. Cinq jours après la clôture du scrutin, et officiellement hier, il n’y avait toujours pas de vainqueur, faute d’une déclaration en ce sens du ministère de l’Intérieur, seul habilité à proclamer officiellement les résultats. Car le mélodrame joué devant les caméras par le ministre de l’Intérieur, mardi, et la surprenante découverte d’une urne comptée deux fois n’ont aucune valeur juridique et ne sauraient servir de base pour proclamer la victoire de M. Gabriel Murr, le ministère de l’Intérieur n’ayant pas autorité pour revoir les chiffres. C’est seulement le procès-verbal de la haute commission chargée de comptabiliser les voix qui peut le dire. Or voici qu’hier, chacun de son côté, MM. Nassib Lahoud et Michel Murr produisaient deux documents affirmant l’un que Gabriel Murr est vainqueur avec une avance de trois voix, l’autre que Mme Myrna Murr est victorieuse avec une avance de quinze voix. Qui dit vrai ? Et d’abord, qui peut dire qui dit vrai ? Dans une déclaration de presse fracassante, le ministre de l’Intérieur s’est dédit hier et, après avoir affirmé « en conscience » que M. Murr est vainqueur, il a assuré que Mme Myrna Murr l’est. En attendant une troisième volte-face ? Dans un communiqué publié en soirée, à l’issue des deux proclamations des résultats par MM. Nassib Lahoud et Michel Murr, le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, a poursuivi son exercice de haute voltige en affirmant d’abord que, dès mercredi, il a transmis les résultats de sa révision des comptes à la haute commission, afin que, si la loi l’y autorise, elle révise elle-même son travail et corrige notamment la double comptabilisation de l’urne de Kaakour. Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur a contesté la validité du procès-verbal produit par M. Nassib Lahoud, affirmant qu’il s’agit d’une partie seulement du document établi par la haute commission, et dont la seconde partie comprenait une comptabilisation différente, dans laquelle il n’était pas tenu compte de l’urne irrégulière de Hemlaya, et qui proclamait Mme Murr gagnante. On rappelle que la présidente de la commission partielle de décompte des voix, Jeannette Hanna, avait décidé d’annuler cette urne, car l’enveloppe contenant les bulletins de vote lui était parvenue sans procès-verbal. Toutefois, la haute commission avait émis un avis différent à ce sujet. De toute évidence, la balle est aujourd’hui dans le camp de cette haute commission. Or, selon certaines sources, cette commission refuse désormais de se réunir, estimant sa réunion sans objet, puisqu’elle considère avoir donné sa réponse finale. Une réponse « finale » donnant Myrna Murr comme gagnante, mais que le ministre de l’Intérieur avait refusé de considérer comme telle, par scrupule juridique et politique. Une réponse « finale » qu’elle devrait quand même revoir, à la lumière de l’erreur de comptabilisation découverte par le ministre et le directeur général de l’Intérieur Voilà où en est le volet purement juridique de cet imbroglio, dont les uns et les autres ne retiennent que ce qui est à leur avantage, et qu’il est impossible de soumettre au Conseil constitutionnel, puisque seul un candidat perdant a le droit de le faire... et qu’il n’y a pas encore de perdant. Le volet politique Le volet politique de l’imbroglio du Metn-Nord semble, lui, un peu plus simple à comprendre, mais ses implications pourraient se révéler, à la longue, plus explosives. Passons rapidement sur les avantages que l’opposition tire de cette victoire, pour peu qu’elle se confirme : victoire de la modération, ouverture sur la présidence de la République, fin de la politique de boycottage en sont quelques-uns des titres principaux. Bien entendu, c’est un compte rapide que l’on fait là, un compte où les schémas d’un général et les calculs d’un courant, qui souhaite pour son chef de meilleures conditions de détention, peuvent réserver des surprises. Par contre, un danger immédiat pointe à l’horizon, avec les attaques virulentes lancées par le ministre de l’Intérieur et M. Michel Murr contre le chef du gouvernement, qu’ils accusent d’avoir pesé sur le choix de la haute commission, en téléphonant après minuit à son chef. Un appel qui aurait été à l’origine du flottement dans la proclamation des résultats dont M. Gabriel Murr a profité. Dans son communiqué de la soirée, M. Murr accuse ouvertement M. Hariri d’avoir voulu « scinder les rangs chrétiens » dans l’intention explicite d’y « semer la discorde et de les affaiblir ». En filigrane de ces attaques, beaucoup d’observateurs voient se profiler une crise qui pourrait, à terme, provoquer le départ du gouvernement.
Pour démeler l’écheveau de déclarations et contre-déclarations faites ces derniers jours par deux camps se déclarant vainqueurs, et en attendant l’officialisation de la victoire de Gabriel Murr comme nouveau député grec-orthodoxe du Metn-Nord, c’est du flair d’un détective privé qu’il faut faire preuve, plutôt que de celui d’un analyste politique. Il était en...