Le Crédit agricole a décidé de ne plus investir en Argentine, ce qui équivaut à provoquer l’arrêt d’activité dès aujourd’hui de ses trois filiales locales, a-t-on appris à Buenos Aires d’une haute source bancaire. Présent en Argentine au travers du Banco Bisel, Banco Suquia et Banco de Entre Rios, trois banques provinciales rachetées au cours des dernières années, le groupe bancaire français emploie 6 100 personnes dans 345 succursales. La suspension des activités des filiales du groupe français devrait être officialisée très prochainement par la Banque centrale argentine (BCRA), ajoute-t-on de même source sous couvert d’anonymat. « La situation est vraiment en phase terminale. Le Crédit agricole a décidé de ne plus mettre un sou » en Argentine et « cette décision est irrévocable », précise de même source, selon laquelle la Banque centrale a été avertie de la décision du groupe. La probable suspension des activités du Crédit agricole en Argentine suivra d’un mois celle imposée par la BCRA à la Scotia Bank Quilmes, filiale de Scotia, 4e banque canadienne. La suspension de la Scotiabank Quilmes a été prorogée vendredi de 30 jours. Le système financier argentin est en plein chaos depuis l’apparition des restrictions bancaires au début du mois de décembre dernier, décidées par l’ancien ministre Domingo Cavallo après une fuite de capitaux estimée à plus de 20 milliards de dollars. Depuis le mois de janvier, les épargnants dont les comptes étaient bloqués ont lancé des recours devant la justice dont les décisions forcent les banques à libérer les dépôts, ce que les établissements financiers se refusaient jusqu’à présent à faire en invoquant le manque de liquidités et le risque de faillites de leur côté. Le FMI a exigé de l’Argentine un assainissement de son système financier, ce que le gouvernement du président Eduardo Duhalde n’est toujours pas parvenu à mettre en œuvre.