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Actualités - OPINION

L’éclaircie indirectement, mais fortement, redevable à Damas

Pendant trois semaines de brouille brouillonne, de cartes brouillées quant aux prérogatives, la livre et le pays ont senti passer le vent du boulet. Pour ce que le cellulaire peut rapporter virtuellement, la récession a accusé, tous domaines confondus, un déficit supplémentaire d’à peu près un milliard de dollars, selon les experts. Qui précisent toutefois que le Liban était déjà sur une pente glissant vers les abysses depuis le 11 septembre. Ajoutant que les querelles des dirigeants, sans être à l’origine même de la crise, ne lui ont pas fait que du bien. Étrange coïncidence, c’est ce que la Syrie a elle-même ressenti vis-à-vis du comportement des autorités locales. C’est-à-dire qu’elle leur a fait clairement comprendre que leurs zizanies, tout à fait hors de propos dans la délicate conjoncture que traverse la région, nuisent à ses intérêts bien compris autant qu’aux Libanais, frappés au niveau de la poche. Ce message, indiquent des sources informées, a été transmis aux intéressés par le président Nabih Berry dès son retour de Damas. Où, comme on sait, il avait reçu une sorte de mandat de médiateur, les Syriens refusant cette fois de jouer directement ce rôle entre Koraytem et Baabda. Ce qui se comprend facilement car ils ne sont pas loin d’être découragés : leur dernier arbitrage, tout à fait retentissant, ne date que de la fin mars. À l’issue du sommet arabe, qui avait donné lieu à de bizarres crocs-en-jambe protocolaires (et autres) entre les présidents du pays invitant, le président Bachar el-Assad les avait réunis à Baabda. Pour leur faire signer en quelque sorte un gentleman’s agreement d’harmonie retrouvée. Deux semaines plus tard, ils se tiraient de nouveau dans les pattes. Bref, tout en retirant leurs billes du jeu, les Syriens ont su encore une fois faire la décision, à coups d’admonestations sévères. Aimablement transmises, sans doute avec une secrète jubilation, par divers missi dominici ayant à leur tête le chef du Législatif en personne. Dont la mission de rabibochage semble avoir momentanément porté ses fruits. Toujours selon des témoins fiables, M. Berry a répercuté localement ces quelques questions entendues lors de sa visite à Damas : la fonction du pouvoir libanais est-elle de déstabiliser le Liban et de créer des problèmes à la Syrie, par un climat d’escalade interne sans rime ni raison ? Faut-il que toute divergence de vues se transforme en bras de fer politique paralysant l’État ? Les responsables du cru ne devraient-ils pas se soucier de protéger le flanc de la Syrie, comme elle-même s’efforce de préserver le cœur du Liban ? Ne comprennent-ils pas que leur premier devoir est de veiller à ce que leur pays reste stable politiquement autant que sécuritairement ? Ne voient-ils pas venir de redoutables échéances régionales ? D’autres visiteurs retour de Damas confirment que les Syriens sont agacés, pour ne pas dire outrés, par les incidences sur la scène libanaise. Sans vouloir intervenir directement, ils répètent leurs sempiternels conseils d’apaisement. En n’oubliant pas de rappeler aux dirigeants libanais leur responsabilité à l’égard de la difficile situation économique que connaît leur pays. Un domaine qui devrait, à leur avis, constituer une ligne rouge. Ce qui implique que les autorités libanaises doivent éviter de se disputer, puisque leurs conflits ouverts aggravent notablement la crise. Quoi qu’il en soit, les efforts déployés ces derniers jours ont produit un accord tacite de détente entre Baabda et Koraytem. Un cadre général a été convenu pour aborder le dossier global des privatisations, cellulaire inclus. Trois options générales ont été retenues pour les divers secteurs à privatiser : soit la revente définitive par voie d’appel d’offres ; soit une concession, également par adjudication ; soit enfin un contrat d’exploitation au pourcentage. Sur le plan relationnel également, le président Berry a obtenu (pour combien de temps ?) que les dirigeants s’abstiennent de laver leur linge sale en public. Et de politiser leurs différends. Il reste que, comme le relève un ministre, ce que le bon peuple attend, ce ne sont pas des accolades médiatiques, mais une coopération effective autant que sereine des pouvoirs. À l’image de ce que semble présager la rencontre d’hier entre les présidents Lahoud et Hariri. Des retrouvailles qui vont être suivies d’une série de séances de travail, affirme ce ministre. Qui signale, pour terminer, que le ministre des Télécoms, M. Jean-Louis Cardahi, a élaboré, avec le concours d’experts, un dossier technique complet sur le cellulaire. Philippe ABI-AKL
Pendant trois semaines de brouille brouillonne, de cartes brouillées quant aux prérogatives, la livre et le pays ont senti passer le vent du boulet. Pour ce que le cellulaire peut rapporter virtuellement, la récession a accusé, tous domaines confondus, un déficit supplémentaire d’à peu près un milliard de dollars, selon les experts. Qui précisent toutefois que le Liban...