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Actualités - OPINION

Redressement - Les loyalistes divisés entre planification et pragmatisme Le régime veut que le pays compte d’abord sur lui-même

Aide-toi, le ciel t’aidera. Et s’il ne le fait pas, tu auras au moins quelque chose en main. C’est ainsi que se résume la pensée du régime en matière de redressement économique. Ses partisans affirment qu’il faut tout d’abord, pour commencer par le commencement, élaborer un plan de longue durée, cohérent et transparent. Afin d’exploiter au mieux et au maximum le potentiel du pays. Ils soulignent que les promesses extérieures représentent par elles-mêmes un double handicap. D’abord, parce qu’elles suscitent des espérances qui risquent fort d’être déçues. Ensuite, parce qu’elles sont utilisées comme un levier de pression politique, pour amener le Liban à dévier de la ligne qu’il s’est choisi. Faisant indirectement écho à cette thèse autarcique, le vice-président du Conseil, M. Issam Farès, propose un séminaire consacré à l’étude en profondeur de l’état des lieux dans les deux domaines, étroitement liés, de l’économie et de l’Administration. Et cela à la lumière des résultats de la récente visite de M. Rafic Hariri aux States. Ainsi que dans l’exact prolongement des propos tenus par le chef de l’État lors de l’audience accordée au directoire de l’Inspection centrale. Le président Lahoud a fustigé à cette occasion le laisser-aller qui sévit dans les services publics. Affirmant en substance qu’il «n’est permis à personne de protéger les éléments qui facilitent la résurgence de l’anarchie administrative». Il relève, à ce propos, qu’un «recul se produit actuellement, avec une nouvelle multiplication des plaintes de citoyens au sujet de comportements ou de pratiques répréhensibles dont certains fonctionnaires se rendent coupables». Approuvant ce constat, M. Farès estime que l’heure est venue d’ouvrir ce grand dossier de l’Administration en même temps que celui de l’économie. Mais les cercles proches du président du Conseil développent un tout autre point de vue. Partisans du pragmatisme, ils dénoncent l’inanité d’un plan de longue durée. Qui serait, à leur avis, un carcan rigide bridant le dynamisme d’une économie libre. Ils ajoutent que les mesures adoptées ou envisagées par le gouvernement reposent toutes sur les capacités propres du pays. Et qu’il n’y a pas de mal de tenter d’obtenir des assistances, notamment de la part du Fonds monétaire international, du moment que le Liban peut toujours refuser des conditions qui constitueraient des pressions abusives. Les haririens rappellent que, répondant aux députés à la fin du débat budgétaire, leur chef avait clairement souligné que rien ne pourrait faire dévier le Liban de ses constantes nationales. Lors de la séance d’investiture du Cabinet, la déclaration ministérielle avait également mis l’accent sur ce point. Tout en reconnaissant qu’il y aurait des mesures à prendre pour se conformer aux prescriptions techniques de base du FMI. C’est-à-dire qu’il faudrait réduire les dépenses somptuaires par une réforme administrative, alléger le déficit budgétaire et le poids de la dette publique par les privatisations. Dans la même logique de réfutation, les haririens ne voient pas l’utilité du séminaire que propose M. Farès. Car, disent-ils, il existe pour un tel débat des instances tels le Conseil des ministres et l’Assemblée nationale. Cela étant, toute partie qui croit utile d’avancer des remarques ou des propositions, sectorielles ou générales, peut toujours s’adresser à ces institutions. Cependant, des professionnels partagent pour leur part pleinement l’avis de M. Farès. Ils estiment en effet qu’en matière de redressement, le rôle de la société civile et des organismes économiques est capital. À les en croire, il est nécessaire d’emprunter un raccourci pour les solutions. Donc de s’en remettre à un comité d’experts triés sur le volet, réunis en séminaire autour des trois présidents comme des ministres qualifiés. De la sorte, les résolutions prises seraient immédiatement avalisées par le Conseil des ministres puis par la Chambre. Toujours est-il que ces mêmes sources confirment l’existence d’un conflit de fond entre responsables. En effet, elles répliquent en substance aux haririens que le Conseil des ministres et le Parlement seraient effectivement les sites naturels du débat, n’était le fait que les opinions contraires à celle de M. Hariri ne peuvent y être développées. Parce que le chef du gouvernement contrôle le rendement de ces deux institutions par le biais de la majorité dont il dispose. Or, la récession implique un partage effectif des responsabilités. En d’autres termes, il faut contourner le système par une voie parallèle débouchant sur une médiation, sinon sur un arbitrage. Entre les positions opposées des dirigeants dont l’un veut un plan et l’autre une progression au coup par coup. Émile KHOURY
Aide-toi, le ciel t’aidera. Et s’il ne le fait pas, tu auras au moins quelque chose en main. C’est ainsi que se résume la pensée du régime en matière de redressement économique. Ses partisans affirment qu’il faut tout d’abord, pour commencer par le commencement, élaborer un plan de longue durée, cohérent et transparent. Afin d’exploiter au mieux et au maximum le...