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Actualités - RENCONTRE

Rencontre - Le patriarche syrien-catholique est rentré d’une visite à Bethléem Ignace VIII Abdel-Ahad : Une solution pour l’église de la Nativité dans les prochains jours (photo)

Rentré mercredi soir d’une visite d’une semaine à Bethléem, le patriarche syrien-catholique est très affecté par les souffrances du peuple palestinien dans cette ville et dans l’ensemble des territoires. Mais il reste très discret sur ce qu’il a vu, pour ne pas gâcher l’effet de la conférence de presse qu’il tiendra demain. Il annonce pourtant une solution pour les assiégés de l’église de la Nativité dans les prochains jours, précisant, qu’en définitive, les clés de toute solution, comme de toute guerre, sont entre les mains des États-Unis. Le patriarche Ignace VIII Abdel-Ahad a le cœur qui saigne pour la Palestine dans laquelle il a vécu plus de 36 ans, entre Jérusalem et Bethléem. Originaire d’Alep (il précise d’ailleurs avec humour que les familles Lahoud, Lahd, Lahdo, Behdo et autres sont toutes à l’origine des Abdel-Ahad), il a été nommé évêque syrien-catholique en Palestine, avant d’être élu le 27 février 2001 patriarche de cette Église d’Orient. Il connaît donc bien la Palestine et considère que ces terres ont une valeur spéciale pour tous les croyants du monde. D’ailleurs, pour l’entrevue, il tient à mettre sur ses épaules la keffieh palestinienne. «On me l’a offerte, là-bas, en signe d’estime et depuis, j’essaye d’être à la hauteur de l’attente de ce peuple qui souffre». Le patriarche précise qu’il est sans doute l’un des rares hommes de religion à porter cette keffieh, une telle attitude étant peu familière chez les évêques et autres dignitaires. «Mais je considère que notre rôle n’étant pas de combattre, la moindre des choses est que nous témoignions notre solidarité aux Palestiniens. Nous devons être leur voix, dans le monde, surtout qu’ils se sentent terriblement isolés et presque oubliés». « Les Palestiniens se sentent seuls » Ignace VIII Abdel-Ahad insiste sur le fait que, coupés du monde, les Palestiniens ont besoin de sentir que l’on pense à eux. «De plus, quand l’un d’eux parle, ses propos n’ont pas la même portée que les nôtres. Le monde écoute les hommes de religion chrétiens et, aujourd’hui, notre devoir est d’expliquer la situation terriblement injuste des Palestiniens». Est-il satisfait de l’action des différentes églises en faveur des Palestiniens ? «Vous savez, les chrétiens ne sont pas très nombreux en Palestine et dans le monde arabe. Notre communauté a une trentaine de familles à Bethléem et au total, il n’y a que 8000 chrétiens dans toute la ville. C’est à cause de l’émigration massive des chrétiens à la suite de chaque guerre. Sans oublier le fait que les jeunes de la communauté sont confrontés au manque de travail et victimes d’humiliations de la part des Israéliens». Les chrétiens palestiniens sentent-ils qu’ils n’ont plus d’avenir sur leur terre ? «D’abord, il y a toujours un espoir, mais leur situation est très difficile. C’est d’ailleurs la même chose pour les musulmans. Depuis 1936, les souffrances du peuple palestinien n’ont pas cessé. Les autres peuples ont vécu des années de guerre, suivies d’années de calme. Pour les Palestiniens, la tragédie est permanente. Mais les croyants n’abandonnent pas la lutte. Ils ne réagissent pas en chrétiens ou musulmans, mais en individus animés d’un fort sentiment national. D’ailleurs, auprès de Abou Ammar, il y a plusieurs chrétiens, dont Nabil Abou Roudeyna, Fawzi Khoury (chef de sa garde personnelle), mais ils ne se perçoivent pas ainsi, simplement comme des combattants pour la naissance d’un État palestinien». « Le Liban fait de son mieux » Les Églises du Liban sont-elles suffisamment solidaires ? «Tous les chrétiens le sont, à leur tête le pape Jean-Paul II, qui suit heure par heure ce qui se passe en Palestine et contacte les grandes puissances pour tenter de mettre un terme aux souffrances de la population là-bas». Le patriarche rappelle qu’il y a plusieurs façons d’aider les Palestiniens. «Sur le plan politique, le chef de l’État et le président du Conseil font de leur mieux pour défendre la cause palestinienne à travers les canaux diplomatiques. De son côté, la résistance au Sud leur montre chaque jour qu’ils ne sont pas seuls et les Églises chrétiennes ont organisé une prière générale. Il faudrait d’ailleurs réitérer cette expérience, de manière à ce que la prière se tienne chaque semaine chez une communauté différente. Ainsi, nous montrerons que nous sommes tous ensemble unis pour la Palestine». Y a-t-il une possibilité de solution pour les assiégés de l’église de la Nativité ? Le patriarche déclare que, selon lui, une solution devrait intervenir dans les cinq prochains jours, mais il refuse d’entrer dans les détails, avant sa conférence de presse prévue pour demain. Il ajoute toutefois qu’en définitive, «les solutions et les guerres sont entre les mains des États-Unis. Le Liban en a lui-même fait l’amère expérience». Le patriarche évite aussi de raconter dans les détails son dernier voyage à Bethléem du 16 au 24 avril, mais il laisse entendre que les Israéliens l’ont empêché de rencontrer les assiégés, mais qu’il a réussi à célébrer une messe dans l’église syrienne-catholique, à proximité de celle de la Nativité. Ignace VIII Abdel-Ahad aurait quand même réussi à entrer en contact avec les assiégés qui lui auraient assuré qu’ils ont refusé toutes les conditions israéliennes et qu’ils tiennent bon, partageant ensemble une même vision de la situation et un même refus de se rendre aux soldats. De son côté, le patriarche les aurait encouragés à ne pas céder, leur promettant une solution proche. Le patriarche leur a aussi remis des médicaments et de la nourriture, dans le but de les aider concrètement. Selon lui, combien de temps peuvent-ils encore tenir ? «Les Arabes sont connus pour leur patience, comme le chameau qui peut rester 40 jours sans boire. À Bethléem et ailleurs, ils résistent depuis 1897 et ils continueront à le faire le temps qu’il faudra, jusqu’à la naissance de l’État palestinien conformément aux résolutions de l’Onu». Le patriarche annonce en conclusion qu’il se rendra de nouveau dans les Territoires pour accompagner son successeur Mgr Boutros Melki. Le représentant du Jihad islamique palestinien à Tripoli Le représentant au Liban du Jihad islamique palestinien, Abou Imad Rifaï, s’est rendu hier à Tripoli où il a conféré avec le secrétaire général du Mouvement de l’unification islamique, cheikh Bilal Saïd Cheebane. L’entrevue a eu lieu en présence du représentant du Hezbollah au Liban-Nord, Mohammed Saleh. Dans une déclaration à la presse à l’issue de l’entretien, le responsable palestinien a invité «les peuples arabes à maintenir leur appui au peuple palestinien en poursuivant les manifestations et les rassemblements pour condamner l’agression américaine et sioniste». «Les peuples arabes, a-t-il ajouté, devraient boycotter les produits américains au profit des produits arabes et locaux». Lahham pour l’envoi de délégations chrétiennes en Terre sainte Le patriarche grec-catholique, Mgr Grégoire III Lahham, a lancé un appel aux évêques et aux diocèses du monde entier pour former des délégations restreintes qui auraient pour mission d’effectuer une visite éclair en Terre sainte afin de «montrer la solidarité du monde chrétien avec la Terre sainte ainsi que son intérêt et son engagement pour la paix», comme le souligne un communiqué du patriarcat melkite. Le communiqué ajoute que les délégations des différents diocèses du monde devront en outre exprimer leur «préoccupation pour la basilique assiégée de la Nativité à Bethléem, symbole de la paix en Terre sainte». «Cette courte visite, précise le communiqué, permettra aux membres des délégations de rencontrer les habitants, de prier avec les chrétiens et d’encourager les Palestiniens et les Israéliens à faire la paix. Une telle visite mettra en relief le fait que la présence chrétienne en Terre sainte est très importante pour toute la chrétienté». Scarlett HADDAD
Rentré mercredi soir d’une visite d’une semaine à Bethléem, le patriarche syrien-catholique est très affecté par les souffrances du peuple palestinien dans cette ville et dans l’ensemble des territoires. Mais il reste très discret sur ce qu’il a vu, pour ne pas gâcher l’effet de la conférence de presse qu’il tiendra demain. Il annonce pourtant une solution pour les...