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ART À Nice, Matisse s’expose aux mains des non-voyants (photo)

Les doigts courent sur une page blanche gaufrée, en épousent les reliefs, s’approprient les moindres lignes des dessins d’Henri Matisse, au cœur d’un parcours tactile inédit à Nice «pour voyants et non-voyants». Le musée Matisse accueillera jusqu’au 24 juin cette exposition intitulée «À la lumière de nos doigts» qui rassemble, autour du thème de la danse, une vingtaine de dessins du peintre auxquels correspondent autant de planches en relief à l’intention des non-voyants. «Il s’agit bien sûr de leur rendre l’art accessible mais aussi de partager une émotion avec les voyants», explique Claude Garrandès, 47ans, l’artisan du projet, lui-même privé de la vue depuis l’adolescence. «C’est une sorte de vision tactile», ajoute cet ancien professeur d’économie, docteur en psychologie et président de l’association niçoise Arrimages qui ambitionne de «mettre la culture à portée du plus grand nombre». Quelques visiteurs intrigués risquent un œil dans cette aile du bâtiment puis s’y attardent franchement. Certains se postent devant un dessin original, ferment les yeux puis caressent sa réplique gravée pour en recomposer mentalement le trait. «Le peintre disait parfois qu’il dessinait les yeux bandés et pensait comme un aveugle...», explique M. Garrandès qui, pour la commémoration du 150e anniversaire de la mort de Louis Braille (1809-1852), espère «enrichir la bibliothèque d’images des non-voyants». Un atelier d’initiation Au total, 25 œuvres (L’Acrobate, 1952, Danseuse classique 1927, Nymphes et Satyre 1931-1932, etc.) sélectionnées en fonction de la pureté et de la simplicité de leurs lignes. Chaque planche a été gravée en creux et à l’envers sur du plexiglas. Une feuille en fibre de coton a ensuite été introduite sous une presse spécialement conçue. «Elle a été bricolée dans les locaux de notre association. Elle autorise une pression de plusieurs tonnes mais permet aux enfants de la faire se mouvoir sans effort», précise M. Garrandès. De fait, un atelier d’initiation artistique offrant une palette d’activités (découpages, linogravure, modelage, monotype, dessin à l’encre) a été ménagé au centre de la salle afin «d’éveiller la sensibilité des enfants, voyants et non-voyants», explique Marie-José Armando, responsable du service pédagogique du Musée Matisse. De son côté, le conservateur du musée, Marie-Thérèse Pulvenis de Seligny, ne tarit pas d’éloges sur l’originalité de ce travail qui, espère-t-elle, «permettra au plus grand nombre d’entrer dans le dessin de Matisse». Un musée taïwanais a d’ores et déjà manifesté un vif intérêt pour l’exposition, et Claude Garrandès affirme vouloir continuer sur sa lancée. Mais il devra renoncer au Petit Prince de Saint-Exupéry : les héritiers de l’écrivain lui ont fait savoir que «l’auteur n’avait pas conçu ses dessins en relief...».
Les doigts courent sur une page blanche gaufrée, en épousent les reliefs, s’approprient les moindres lignes des dessins d’Henri Matisse, au cœur d’un parcours tactile inédit à Nice «pour voyants et non-voyants». Le musée Matisse accueillera jusqu’au 24 juin cette exposition intitulée «À la lumière de nos doigts» qui rassemble, autour du thème de la danse, une vingtaine de...