Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Liban-Sud - Hraoui affirme que les autorités assurent la sécurité le long de la ligne bleue Messages diplomatiques alarmistes sur un « bulldozing » de Sharon

Ballet diplomatique sans précédent, envoyés spéciaux des grandes chaînes de télévision, attaques de positions israéliennes et riposte quasi immédiate, la tension monte inexorablement au Liban-Sud, même si, pour l’instant, elle reste limitée géographiquement. Le Liban officiel affirme qu’il contrôle bien la situation, mais les rumeurs sur une explosion plus générale se font insistantes. Certains diplomates auraient même évoqué une détermination de Sharon à faire du «bulldozing au Liban». La raison l’emportera-t-elle ? «Je peux comprendre votre position. Mais il faut que vos voisins du Sud en soient convaincus aussi et ils attendent des actes». C’est ce qu’aurait déclaré l’ambassadeur américain Vincent Battle à ses interlocuteurs libanais qui lui expliquaient leur vision de la situation au Sud. Depuis le début des escarmouches dans cette région, les diplomates en poste à Beyrouth ont transmis aux autorités des messages très fermes. L’ambassadeur américain bien sûr, mais aussi les diplomates français et russes et surtout l’émissaire personnel de Kofi Annan, Staffan de Mistura. Selon des sources fiables, ce dernier aurait même utilisé un langage alarmiste, poussant les autorités à agir rapidement. Le ministre de la Défense Khalil Hraoui a alors expliqué à ses interlocuteurs que, conformément à ses précédents engagements, le Liban promet d’assurer la sécurité le long de la ligne bleue, mais que dans le secteur de Chebaa, il considère que la résistance est légitime. Réactions impulsives des Palestiniens Le ministre a aussi révélé que depuis le premier obus lancé mercredi, l’armée libanaise a multiplié ses patrouilles le long de la ligne bleue et arrêté les fauteurs de troubles. Selon des sources fiables, une trentaine de Palestiniens armés ont été arrêtés, rôdant le long de la frontière. Les obus lancés ne représenteraient ainsi que 10 % des agressions en préparation, les 90 % restants ayant été déjoués par l’armée. Selon les autorités libanaises, ces agissements sont une réaction spontanée de Palestiniens révoltés par la situation dans les territoires occupés. Mais aucune organisation palestinienne n’est décidée à ouvrir un front au Liban. Toutes savent que c’est impossible, car les autorités libanaises ne le permettront pas. De plus, l’ouverture d’un tel front ne servirait pas leurs frères des Territoires, les Israéliens ayant suffisamment de moyens pour se battre au Liban et en Palestine, alors qu’un embrasement sur leur frontière Nord ne ferait que détourner l’attention générale de ce qui se passe dans les Territoires et leur donner ainsi une plus grande liberté d’action. Les communiqués incendiaires de certaines organisations palestiniennes annonçant leur détermination à ouvrir le front du Liban-Sud seraient donc, selon les sources officielles libanaises, à inscrire dans le cadre de la surenchère verbale. Dès lors, il ne faudrait pas s’inquiéter outre mesure de ce qui se passe le long de la ligne bleue, les agressions n’y dépassant pas le cadre de réactions impulsives, pas vraiment méchantes, et en tout cas l’armée libanaise s’efforce d’y mettre un terme. Interrogations au sein de la base du Hezbollah La situation est différente dans le secteur de Chebaa. Ayant opposé des réserves au tracé de la frontière établi par l’Onu, le Liban estime que ce secteur est toujours occupé et que la résistance du Hezbollah, et de lui seul, y est légitime. Le Liban officiel ne peut donc demander au Hezbollah d’arrêter ses opérations de résistance, mais selon les sources officielles, ce parti a montré qu’il savait parfaitement lire la situation politique générale et calculer les risques. Les mêmes sources précisent que le Hezbollah fait face, lui aussi, à des problèmes au niveau de sa base, les combattants entraînés et préparés au martyre se demandent pourquoi le parti ne les laisse pas agir alors que les «frères palestiniens» se font massacrer dans les Territoires. «Qu’attendons-nous pour les aider ?» demanderaient les combattants du Hezbollah. La direction du parti, qui a construit toute sa stratégie sur la lutte contre Israël et le soutien à l’intifada, doit tenir compte de ce climat. Toutefois, selon les autorités libanaises, le parti n’a nullement l’intention de s’aventurer dans une opération d’envergure. Il fait de la résistance, pas de l’aventurisme, même si sa situation est particulièrement délicate. C’est un peu ce langage qu’aurait tenu le président du Conseil Rafic Hariri à l’ambassadeur américain, dimanche, au cours de leur entretien en présence des ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Le Premier ministre aurait aussi affirmé que la Syrie et le Liban ne veulent absolument pas d’une escalade au Sud, pour ne pas donner de prétextes à Sharon. C’est alors que M. Battle aurait dit : «Je peux comprendre votre position, mais il faut aussi en convaincre les Israéliens». Or, c’est là justement que le bât blesse. Tous les diplomates qui ont rencontré des responsables libanais ces derniers jours auraient pratiquement tenu le même discours. Dans la foulée de son action dans les territoires palestiniens, Sharon pourrait bien être tenté de jouer les bulldozers au Liban, c’est-à-dire de lancer une attaque d’envergure contre le Hezbollah et peut-être aussi contre des positions de l’armée libanaise ou même syrienne. Il faut donc éviter à tout prix de lui fournir le moindre prétexte. Les Libanais auraient répondu qu’ils ne peuvent pas arrêter la résistance du Hezbollah dans le secteur de Chebaa. Mais ils peuvent bien essayer de calmer le jeu momentanément, tout en se fiant à «la sagesse du Hezbollah». Pourtant, la tension ne cesse de monter dans le secteur des hameaux. Certains y voient plus que la volonté du Hezbollah de répondre au bouillonnement de sa base. L’Iran, en dépit de ses dénégations officielles, voudrait peut-être avoir son mot à dire. D’autres estiment plutôt que la Syrie voudrait pousser le secrétaire d’État américain à inclure Damas dans sa tournée dans la région. Mais le Liban officiel reste convaincu que la Syrie rejette toute escalade et que la tension restera limitée géographiquement. En attendant, au Sud, les habitants ne sont guère rassurés. Scarlett HADDAD
Ballet diplomatique sans précédent, envoyés spéciaux des grandes chaînes de télévision, attaques de positions israéliennes et riposte quasi immédiate, la tension monte inexorablement au Liban-Sud, même si, pour l’instant, elle reste limitée géographiquement. Le Liban officiel affirme qu’il contrôle bien la situation, mais les rumeurs sur une explosion plus générale...