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Actualités - OPINION

Le pouvoir campe sur ses positions, loin de la ligne frontière

Un clou chasse l’autre. Ou plutôt, il le devrait, de l’avis de nombreuses forces politiques. Qui entendent par là que le mouvement en arrière des forces syriennes devrait s’accompagner d’un mouvement en avant de l’armée libanaise. Vers la ligne frontière du Sud, toujours aux mains de la résistance. Une zone à haut risque d’explosion dans la conjoncture régionale actuelle. La moindre transgression de la ligne bleue par le Hezbollah, par des éléments armés libanais ou non libanais, mettrait le feu aux poudres. Et il ne servirait à rien alors d’affirmer que les débordements sont le fait de trublions indisciplinés agissant de leur propre chef, sans ordre politique. Israël ne manquerait pas de se lancer dans une agression d’envergure, au titre de représailles. D’autant plus facilement que Sharon, coincé par l’intifada, trouverait de la sorte une voie royale de fuite en avant par l’ouverture d’un deuxième front de diversion. Mais, jusqu’à présent, Beyrouth considère que la cote d’alarme n’est pas atteinte. Ainsi, un officiel explique en privé que «réclamer le déploiement de l’armée ne se justifie pas». «Certes, dit-il, il peut y avoir des escarmouches ou des incidents isolés, mais le pouvoir veille à ce qu’il ne se produise rien de grave. Il est déterminé à maintenir le calme le long de la ligne bleue. Ainsi que la stabilité à l’intérieur, par le biais de la force mixte spéciale qui s’y trouve déployée. Et cela en coopération et en coordination avec les formations partisanes présentes sur le terrain. Ces courants sont convenus avec nous qu’il ne faut permettre aucune opération transfrontalière». Les autorités locales ont transmis ces indications rassurantes aux ambassadeurs des USA et de la Grande-Bretagne, ainsi qu’à l’Onu. Le président de la République, M. Émile Lahoud, a affirmé qu’aucune atteinte à la sécurité ne serait tolérée, sous aucun prétexte ou pour n’importe quel objectif. Le président du Conseil, M. Rafic Hariri, a précisé que le Liban est soucieux de ne donner au gouvernement israélien aucun prétexte qu’il exploiterait pour se sortir de l’impasse dans laquelle il s’est mis. Le ministre de la Défense, M. Khalil Hraoui, a indiqué que le Liban tient à maintenir le calme le long de la ligne bleue, ajoutant que la résistance connaît la situation avec précision. Le ministre des Affaires étrangères, M. Mahmoud Hammoud, a précisé, quant à lui, que le Liban n’a pas l’intention d’ouvrir un front à la frontière avec Israël. Un autre pôle gouvernemental déclare que si le Liban a pu récupérer son territoire au prix de sacrifices incommensurables, ce n’est pas pour devenir ensuite le cerbère d’Israël. Qui n’aurait eu le droit de demander le déploiement de l’armée libanaise que s’il s’était soumis de suite à la 425, sans obliger le Liban à se lancer dans une longue et coûteuse résistance. Pour cette personnalité, c’est la même situation qui prévaut maintenant en Palestine, où le peuple palestinien paye un très lourd tribut pour sa libération. Et de conclure que, tout comme en Palestine, on peut craindre qu’Israël ne se lance dans des provocations à sa frontière nord, pour obtenir le déploiement de l’armée libanaise le long de la ligne bleue au Liban-Sud. Le Hezbollah de son côté indique, par la bouche de son secrétaire général adjoint cheikh Naïm Kassem, qu’il étudie les moyens de soutenir efficacement l’intifada. Ce qui signifie qu’il prend soin de projeter des actions dont les résultats seraient véritablement utiles. Il relève qu’actuellement, toutes les options sont analysées et discutées en fonction de leur finalité réelle. Le religieux ajoute, en substance, que la question de la frontière avec Israël ne doit pas être considérée sous l’angle de tirs par-dessus la bordure, mais sous celui du profit qu’on peut y trouver en matière de soutien à l’intérieur. Ce qui nécessite, indique-t-il, une vision claire et précise des choses. Dès lors, souligne-t-il, le timing et la méthode à suivre restent soumis à l’évaluation par le parti du danger israélien. Cheikh Naïm Kassem dit encore que le Hezbollah n’est pas responsable d’incidents qui pourraient se produire à son insu. Il répète que le Liban n’est pas le gardien de la sécurité d’Israël et qu’il n’est pas chargé de surveiller des incidences se rapportant au dossier israélien. Israël, qui se livre à des provocations pouvant entraîner des ripostes, doit assumer la responsabilité totale de ce qui se passe dans les régions où il se trouve. En cessant d’exiger d’autrui la sécurisation de ses frontières, logique que le Liban n’admet pas. Toute cette argumentation touffue peut se résumer dans la formule : pas d’action irréfléchie, pas de réaction impulsive, mais pas d’assurances à Israël. Émile KHOURY
Un clou chasse l’autre. Ou plutôt, il le devrait, de l’avis de nombreuses forces politiques. Qui entendent par là que le mouvement en arrière des forces syriennes devrait s’accompagner d’un mouvement en avant de l’armée libanaise. Vers la ligne frontière du Sud, toujours aux mains de la résistance. Une zone à haut risque d’explosion dans la conjoncture régionale...