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Actualités - OPINION

Inquiétude persistante à Beyrouth sur les effets des événements de Palestine

Les causes régionales, la cause palestinienne en premier, pouvant toujours se répercuter au Liban, ce pays se demande aujourd’hui avec inquiétude comment vont tourner les choses dans les territoires et en Israël. Les diplomates, les politiciens du cru mais aussi les cercles d’affaires ou les pôles de la société civile planchent sur cette question qui préoccupe en fait le monde entier : comment donner un coup d’arrêt aux agressions israéliennes ? La rue arabe gronde de colère, multiplie les manifestations houleuses, les grèves, les sit-in. En pressant les régimes modérés de rompre complètement avec Israël, les relations diplomatiques aussi bien que les autres échanges. Et en appelant au rétablissement d’un boycott économique total de l’État hébreu. Certains gouvernements ou Parlements arabes ont pris des décisions, des résolutions qui, si l’on y regarde de près, ne font que répéter des recommandations antérieures. Ainsi notre propre Assemblée nationale a publié un texte énumérant les prescriptions précitées de la rupture au boycott, sans oublier le soutien au droit du retour et à l’application des résolutions de l’Onu. Les députés indiquent qu’ils instituent une caisse pour la collecte de leurs propres deniers, et de ceux du personnel administratif de la Chambre, pour l’aide aux Palestiniens. Mais, bien entendu, Israël ne prête aucune attention à ce que les gouvernements arabes peuvent ou pourraient décider pour le contrer. Et encore moins aux recommandations des assemblées législatives qui ne sont que des souhaits. Il semble déterminé à poursuivre ses attaques jusqu’à atteindre ses objectifs. Devant cette relance, une autre question vient immédiatement à l’esprit : la déferlante de la colère populaire peut-elle pousser les États arabes à une confrontation militaire avec l’État sioniste ? Les observateurs sont quasi unanimes à répondre que les pays arabes ne sont pas en mesure de faire la guerre. Ils se hâtent cependant d’ajouter que ces pays ne peuvent pas non plus accepter une fausse paix qui serait en réalité une simple capitulation de leur part. Mais alors, ne pourraient-ils pas favoriser la guérilla en ouvrant leurs frontières pour des infiltrations de commandos ou de groupes de kamikazes qui sèmeraient la terreur dans la société israélienne ? Israël, réplique à l’unisson les analystes, ne manquerait pas d’engager alors un cycle violent de représailles frappant l’infrastructure, et sans doute les bases militaires, de tout pays qui tenterait d’ouvrir ses frontières pour voler au secours de l’intifada. Et si des pays arabes devaient tirer des missiles à longue portée contre les installations ou les colonies israéliennes, la guerre généralisée deviendrait inévitable. À ce moment cependant, ajoutent les observateurs, il est presque certain que les Américains, les Russes, le Conseil de sécurité de l’Onu, l’Europe y mettraient le holà. En intervenant pour mettre un terme aux hostilités et contraindre les protagonistes à reprendre les négociations. Sur base d’une reconnaissance mutuelle. Ainsi le président Moubarak, répondant dans une interview au Nahar à ceux qui affirment qu’Israël est un corps étranger qu’il faut rejeter, relève en substance qu’Israël «est un État qui existe, comment pourrions-nous l’abolir ? Par des manifestations et des déclarations retentissantes ? Où pourrions-nous nous procurer les moyens nécessaires pour le combattre ? Si vous dites à un pays comme l’Égypte il faut faire la guerre, comment peut-il y aller ? Il me faut trouver chaque année 12 ou 13 milliards de dollars au moins pour les impératifs du développement. L’armement coûterait des tas de milliards de dollars et, en cas d’hostilités, nous cesserions d’exporter, le tourisme serait paralysé, ce qui nous ferait perdre nombre d’autres milliards. Qui paierait toutes ces sommes ? Si les autres appellent à la guerre, qu’ils paient donc et la fassent pour leur compte». Il ajoute : «Mon territoire n’est pas occupé. Indépendamment de toute autre considération, quand on songe à la guerre, on doit savoir qu’elle arrêterait dans le canal de Suez une navigation qui rapporte 2 ou 3 milliards de dollars par an. En tout cas, pour que je bouge, il faut que j’aie une cause propre à moi, un territoire occupé par exemple. Je n’en ai pas. C’est pourquoi je pense qu’il est plus utile que j’aide (les Palestiniens) diplomatiquement et politiquement». Si tel est le cas pour la plus grande puissance arabe, l’Égypte, comment peut-il en être pour les autres, qui ne possèdent ni armement de pointe ni moyens. Depuis les accords de Camp David en 1979, il est commun de répéter qu’il ne peut y avoir dans la région ni de paix sans la Syrie ni de guerre sans l’Égypte. Émile KHOURY
Les causes régionales, la cause palestinienne en premier, pouvant toujours se répercuter au Liban, ce pays se demande aujourd’hui avec inquiétude comment vont tourner les choses dans les territoires et en Israël. Les diplomates, les politiciens du cru mais aussi les cercles d’affaires ou les pôles de la société civile planchent sur cette question qui préoccupe en fait le...