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Actualités - OPINION

Le front du Sud, une possible fuite en avant pour Sharon

Sharon au Yedioth Aharonoth : «La situation au Liban-Sud est explosive. Le nord d’Israël côtoie un baril de poudre. L’Iran a déployé au Liban-Sud des batteries de Katiouchas et de missiles. Et fait installer par les Gardiens de la Révolution et par le Hezbollah des infrastructures déterminées. On parle de quelque 8 000 engins balistiques capables d’atteindre Haïfa ainsi que des zones au sud de cette ville, Tibériade, la contrée du lac, l’aéroport militaire de Ramat David et la zone industrielle dans le golfe de Haïfa». Bien évidemment, ce ne sont pas là des renseignements que livre le Premier ministre israélien, mais des menaces à peine voilées qu’il délivre. Washington y a aussitôt fait écho, en accusant l’Iran et la Syrie, autant que l’Irak, de parrainer l’action subversive du Hezbollah. Il n’est donc pas illogique d’estimer que Sharon dramatise la situation pour détourner un peu l’attention, du moins celle de sa propre opinion, de ses razzias dans les territoires palestiniens. Et pour préparer cette même opinion à l’éventuelle ouverture d’un nouveau front. En se justifiant à l’avance des coups qu’il porterait au Liban et peut-être à la Syrie à travers les forces dont elle dispose dans ce pays. Cela avec la bénédiction des Américains, puisqu’il agirait sous couvert de la lutte contre le Hezbollah, labellisé «terroriste». Ainsi que contre l’Iran, classé par Bush dans les trois composantes de «l’axe du mal» et contre son alliée, la Syrie. Comme on sait, le Hezbollah ne confirme ni n’infirme les assertions israéliennes. Pour ne dévoiler ni ses cartes ni ses choix opérationnels. Mais à Beyrouth, des sources diplomatiques occidentales observatrices (par définition) croient pouvoir indiquer que les indications des dirigeants comme des médias israéliens sur l’artillerie balistique iranienne et sur les Gardiens de la Révolution (Pasdaran) ne sont qu’un tissu de bobards. Ces diplomates rappellent que les éléments Pasdaran qui saupoudraient depuis des années la partie septentrionale de la Békaa ont en réalité été rappelés à Téhéran en octobre dernier. Suite à un refroidissement automnal dans les rapports entre la République islamique, ou plus exactement entre certains de ses centres de décisions, et la formation intégriste libanaise. Un attiédissement dû sans doute aux retombées afghanes des attentats du 11 septembre, fermement condamnés par les ayatollahs iraniens. Mais ces rapports, peut-on remarquer, se sont réchauffés ces derniers temps. Surtout depuis que l’Iran a été taxé d’axe du mal par les Américains. Et surtout dans la foulée de la recollection islamiste suscitée par les récentes boules de feu dans les territoires autonomes palestiniens. Cependant, même si les Gardiens en question avaient eu le temps de revenir, leur nombre n’a jamais excédé les quatre-vingts, affirment les mêmes diplomates. Et aucun habitant de la région n’a signalé leur présence au Sud. Ces mêmes sources notent que l’arsenal du Hezb est largement suffisant. Ajoutant qu’il continuait – du moins jusqu’à hier – à respecter les arrangements d’avril 1996. C’est-à-dire qu’il s’abstient de matraquer la Galilée, comme il peut le faire encore plus facilement qu’avant depuis le retrait israélien du 25 mai de l’an 2000. Il reste que dans le cadre des pressions visant à porter les autorités libanaises à neutraliser le Hezb, les Américains leur avaient fait savoir que, selon leurs informations, la formation intégriste comptait élargir son éventail d’actions sur le terrain. Et opérer le long de la ligne frontalière, où l’armée est censée se déployer aux dires de Washington. Priés de dire d’où ils tenaient ces données, les Américains ont benoîtement répondu que les Israéliens les leur avaient obligeamment fournies. En d’autres termes, le message et la menace viennent de chez Sharon. Qui peut certes tactiquer, comme on dit familièrement, mais que nul ne se risque à prendre à la légère. Il n’est pas étonnant dès lors que le président Bachar el-Assad, rencontrant les trois présidents libanais à Baabda, ait souligné à leur intention qu’il y a bien péril en la demeure. Pour souligner que l’heure n’est pas aux zizanies internes. Message capté cinq sur cinq par les intéressés. Qui savent en outre que leur harmonie est nécessaire sur un autre front primordial, celui de la récession économique. Philippe ABI-AKL
Sharon au Yedioth Aharonoth : «La situation au Liban-Sud est explosive. Le nord d’Israël côtoie un baril de poudre. L’Iran a déployé au Liban-Sud des batteries de Katiouchas et de missiles. Et fait installer par les Gardiens de la Révolution et par le Hezbollah des infrastructures déterminées. On parle de quelque 8 000 engins balistiques capables d’atteindre Haïfa ainsi...