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Actualités - CHRONOLOGIE

Washington juge que le sommet « tourne au chaos »

Des responsables américains ont estimé hier que le sommet arabe de Beyrouth «tournait au chaos», cachant mal ainsi leur déception sur le déroulement de cette 14e rencontre des rois et chefs d’État arabes. L’amertume à Washington paraît d’autant plus vive que les mauvaises surprises sont souvent venues des meilleurs amis des États-Unis dans la région, à commencer par Israël, qui a refusé de se plier aux injonctions américaines de laisser le président palestinien Yasser Arafat se rendre dans la capitale libanaise. L’absence du président égyptien Hosni Moubarak et du roi Abdallah II de Jordanie constitue aussi un revers supplémentaire pour les USA. L’absence de ces dirigeants «ne peut être qu’une déception pour les États-Unis. Ce n’est pas un bon signe», reconnaît Henry Siegman, spécialiste du Proche-Orient au Council on Foreign Relations (CFR) de New York. Les responsables du département d’État reconnaissaient hier en privé que la réunion de Beyrouth tournait au chaos, tout en espérant que Ryad puisse, malgré tout, faire avancer ses propositions en vue d’une normalisation israélo-arabe. «Cela a pris une tournure différente de celle que nous aurions souhaitée», a estimé un diplomate américain à Washington. Le président George W. Bush s’est efforcé, pour sa part, de dissimuler sa déception quant au déroulement du sommet, en soulignant que l’émissaire américain au Proche-Orient, le général Anthony Zinni, progressait enfin dans l’obtention d’un cessez-le-feu entre Israéliens et Palestiniens. «Nous faisons de très bons progrès sur un accord Tenet», a déclaré M. Bush. Il faisait référence au mécanisme de cessez-le-feu, élaboré en juin 2001 par le directeur de la CIA, George Tenet, mais qui n’a encore jamais été appliqué. M. Bush a toutefois émis une note de prudence. «Il reste à voir si nous parviendrons à signer un accord rapidement ou pas. Mais des progrès sont en cours», a-t-il dit, en indiquant que le général Zinni resterait dans la région le temps qu’il faudrait, quoi qu’il arrive au sommet arabe. La rencontre de Beyrouth est considérée par les Américains comme une étape importante dans l’élaboration, sous la houlette des Saoudiens, d’une perspective politique à long terme dans la région, complément des efforts de M. Zinni pour faire cesser la violence. Faute de signaux politiques forts, ouvrant la voie à un État palestinien, la politique américaine risque de se retrouver limitée à la seule recherche d’un arrêt des violences, sans répondre aux attentes des Palestiniens, relève M. Siegman. «Une politique américaine, s’occupant uniquement de l’objectif prioritaire israélien de sécurité et pas de l’objectif palestinien d’avoir un État, n’a aucune chance de succès, quel que soit le nombre des missions de M. Zinni», estime-t-il. Steven Riskin, de l’Institut américain pour la paix, un centre d’analyse de politique étrangère, estime, lui, qu’il ne faut pas enterrer d’entrée de jeu le sommet de Beyrouth sans attendre de voir exactement les résolutions qui en sortiront. «Les choses ne vont peut-être pas aussi vite qu’on l’avait espéré, mais il faut les replacer dans leur contexte. Le débat sur une normalisation avec Israël est important et il est bien qu’il ait lieu. Les pays arabes ne peuvent pas changer de politique du jour au lendemain, ils ont leurs propres opinions publiques», souligne M. Riskin. «Les conséquences pour l’Administration Bush, quoi qu’il se passe (à Beyrouth), c’est qu’il faudra qu’elle reste engagée» dans la recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien, après avoir longtemps mis ce dossier «au second plan», estime-t-il. Après avoir adopté un profil relativement bas au Proche-Orient, Washington a décidé de s’impliquer plus activement, comme en ont témoigné la récente tournée du vice-président Dick Cheney dans la région et la reprise de la mission de M. Zinni. De nombreux observateurs ont toutefois relevé qu’il subsistait un doute sur la stratégie réelle de Washington, cette volonté d’apaisement du conflit israélo-palestinien s’accompagnant parallèlement d’une volonté de rallier le monde arabe à un durcissement vis-à-vis de l’Irak, avec à la clé une possible intervention militaire contre Bagdad. Tard en soirée, le porte-parole du département d’État, Richard Boucher, s’est efforcé de minimiser l’absence à Beyrouth du président Moubarak et du roi de Jordanie. «Quelques dirigeants arabes ne sont pas là, mais leurs délégations y sont, a-t-il souligné. Certains comme la Jordanie et l’Égypte ont toujours soutenu le principe de faire la paix avec Israël, et soutiennent les propositions du prince héritier Abdallah. Il faut donc s’attendre que leurs délégations les soutiennent aussi», a-t-il précisé.
Des responsables américains ont estimé hier que le sommet arabe de Beyrouth «tournait au chaos», cachant mal ainsi leur déception sur le déroulement de cette 14e rencontre des rois et chefs d’État arabes. L’amertume à Washington paraît d’autant plus vive que les mauvaises surprises sont souvent venues des meilleurs amis des États-Unis dans la région, à commencer par...