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Actualités - CHRONOLOGIE

Deux grands absents à la rencontre des rois et chefs d’État arabes, aujourd’hui : Moubarak et Arafat Le sommet « historique » de Beyrouth paraît mal emmanché

Le 14e sommet arabe qui s’ouvrira aujourd’hui, à l’hôtel Phoenicia, a été qualifié d’«historique» par de nombreux observateurs. Il sera «historique» à plus d’un titre. Il est placé d’abord sous le signe de l’initiative de paix du prince héritier d’Arabie saoudite, Abdallah ben Abdel Aziz, qui devrait proposer une normalisation des relations du monde arabe avec Israël, en contrepartie d’un retrait israélien aux frontières de 1967 et de l’établissement d’un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale. Le sommet de Beyrouth sera en outre historique car il se tiendra en l’absence de deux des principaux acteurs concernés par le processus de paix : le président égyptien Hosni Moubarak (il est rare qu’un président égyptien n’assiste pas à un sommet arabe) ; et le chef de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat. Il était encore trop tôt hier soir pour savoir si cette double absence consacrera irrémédiablement l’échec du sommet. Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Marwan Moasher, a affirmé hier que l’abstention du président Moubarak n’aura pas de répercussions sur l’initiative du prince Abdallah. «L’absence du chef de l’État égyptien est due à des raisons qui ne sont pas liées au sommet», a déclaré M. Moasher. Cette explication a été reprise par le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Maher, qui a déclaré, à Beyrouth, que M. Moubarak ne serait pas présent au sommet pour des «raisons internes qui nécessitent sa présence en Égypte». Il n’empêche que cette conférence paraît s’ouvrir sous des auspices peu encourageants. Les observateurs au Caire estiment, par contre, que la décision du Raïs de ne pas se rendre à Beyrouth pourrait s’expliquer par une solidarité envers M. Arafat ou par certaines réserves égyptiennes concernant l’initiative saoudienne, l’Égypte estimant être un intermédiaire traditionnel et incontournable entre Israël et les Palestiniens. Le Caire redouterait ainsi de perdre l’initiative dans le processus de paix, au profit de Ryad, affirment les observateurs dans la capitale égyptienne. En tout état de cause, la proposition de paix du prince Abdallah continuait de buter hier soir sur un seul point : la clause sur le droit au retour des réfugiés palestiniens. Le Liban insiste pour que le projet saoudien mentionne explicitement ce droit au retour, alors que l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie suggèrent comme formulation un «règlement juste de la question des réfugiés, conformément à la résolution 194, négocié directement par les parties concernées», ce qui signifie qu’Israël aura son mot à dire. Selon notre correspondant diplomatique, Khalil Fleyhane, c’est suite aux pressions de Washington que l’initiative du prince Abdallah s’abstiendrait de mentionner explicitement le droit au retour. La formulation finale devrait être tranchée aujourd’hui. Indépendamment de ce point précis, le prince Abdallah affirme que son initiative constitue un test de la volonté d’Israël de faire la paix. «Nous voulons vivre en paix et en sécurité, et si les Israéliens n’acceptent pas (l’initiative saoudienne), nous les aurons mis à nu», a déclaré le prince Abdallah. Arafat décide : C’est « non » Comme pour répondre au prince héritier saoudien, M. Sharon a déclaré hier que «l’État d’Israël veut parvenir à la paix». «Moi qui ai participé à toutes les guerres d’Israël, qui ai été blessé grièvement à deux reprises, je sais l’importance de la paix et je veux y parvenir», a souligné M. Sharon à la radio israélienne. L’autre gros point de suspense était bien évidemment le viendra-viendra-pas de Yasser Arafat. Suspense feuilletonnesque auquel a mis fin une déclaration à l’AFP d’un haut responsable palestinien qui a requis l’anonymat, et qui dit que le président de l’Autorité «a décidé de ne pas se rendre au sommet arabe de Beyrouth», et que la direction palestinienne devrait publier prochainement un communiqué officiel à cet effet. Ajoutant que le président Arafat «examine toutefois la possibilité de s’adresser au sommet à partir de Ramallah». Une déclaration qui prend à revers les Israéliens, qui ne devaient en réalité se prononcer sur le départ d’Arafat qu’aujourd’hui matin, et qui évite sans nul doute au vieux leader une nouvelle humiliation : celle de se rendre à Beyrouth après s’être soumis aux exigences israéliennes. Quelques heures plus tôt dans la soirée d’hier, le feuilleton se poursuivait un peu partout dans les capitales régionales et internationales. À Jérusalem d’abord, le Premier ministre israélien Ariel Sharon déclarait que «les conditions ne sont pas réunies pour que Arafat puisse aller à Beyrouth». Demandant également au président palestinien de «proclamer un cessez-le-feu dans sa langue à son peuple ainsi qu’un arrêt des violences», et rappelant qu’en cas d’éventuel voyage de Yasser Arafat à Beyrouth, Israël «se réserve le droit de se prononcer sur son retour dans les territoires palestiniens, dans la mesure où, lors de son absence, il y aurait des attentats terroristes». Au même moment, à Beyrouth, Nabil Chaath confirmait bien ce qui s’est passé par la suite puisqu’il soulignait que «la décision du président Arafat de participer au sommet ne sera pas prise avant mardi (hier) soir». Tandis qu’au Caire, le Raïs égyptien conseillait à Yasser Arafat de ne pas venir à Beyrouth. «Si j’étais à la place d’Arafat et que (les Israéliens) m’autorisent à sortir, je ne le ferais pas, parce qu’ils ne permettront pas mon retour. Et puis l’Autorité palestinienne risque de se retrouver en dehors des territoires palestiniens», a dit Hosni Moubarak à nos confrères d’an-Nahar. Et pendant qu’à Qatar et Washington tout bourdonnait également (voir par ailleurs), c’est de Bruxelles qu’un porte-parole de la Commission européenne déclarait que l’UE «continuait d’espérer» que Yasser Arafat pourra se rendre au sommet de Beyrouth.
Le 14e sommet arabe qui s’ouvrira aujourd’hui, à l’hôtel Phoenicia, a été qualifié d’«historique» par de nombreux observateurs. Il sera «historique» à plus d’un titre. Il est placé d’abord sous le signe de l’initiative de paix du prince héritier d’Arabie saoudite, Abdallah ben Abdel Aziz, qui devrait proposer une normalisation des relations du monde arabe...