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Actualités - OPINION

Arrêt sur image Cuisine et dépendances

Je me sens une âme de Vatel, ce qui ne correspond peut-être pas au profil du chroniqueur de télé que je prétends être. Mais depuis qu’un de nos maîtres-queux a eu les honneurs de la presse américaine, la cuisine est devenue un nouveau phénomène local de télévision. Et de société également : comptez un peu le nombre de restaurants qui ouvrent toutes les semaines, c’est à croire que plus personne au Liban ne mange chez soi... On prétend – et je dis bien on prétend – manger plus chinois qu’en Chine, plus italien qu’en Italie, plus japonais qu’à Tokyo et plus français que chez Bocus. Passez muscade, et revenons à la télé. Les émissions culinaires ont désormais leur créneau, ici et là, avec quelques cuisiniers à la mine réjouie et même une bonne vieille «téta» pour vous rappeler qu’il n’y a rien de tel que les recettes d’antan. Et comme tout ce monde s’ingénie à vous prouver qu’il y a une forme d’art qui se cache quelque part entre la tomate et la fève, je me permets ces quelques réflexions qui vont me valoir quelques ennemis de plus. Notre cuisine n’a jamais eu de prétention. On y opère à partir d’ingrédients primaires, que nos braves paysans avaient sous la main: le blé concassé, le riz, le confit à la graisse de mouton, ou le lait ranci. Des légumes aussi anodins que le chou, la courgette ou l’aubergine, sans oublier la tomate, le tout arrosé d’huile d’olives. La viande a toujours été la grande méconnue sinon inconnue, et cela en raison de la pauvreté du bétail. D’où sa préparation simpliste en brochettes ou hachée pour les besoins des farcis. C’est, en allant plus au Nord, du côté de la Turquie, que la gastronomie devient plus fine, plus élaborée. Par contre, dans le domaine de la pâtisserie, nous avons nos petits secrets et nos grandes réussites. Certes les baklavas viennent d’ailleurs, mais nos petits mamouls de Pâques sont bien de chez nous. Vous me direz qu’on a réussi à «mondialiser» la tabboulé: d’accord ! Mais une salade ne signifie pas pour autant «cuisine» ! Simplement «dépendance»! Alain PLISSON P.-S.: «Cuisine et dépendances», film de Philippe Muyl avec Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui.
Je me sens une âme de Vatel, ce qui ne correspond peut-être pas au profil du chroniqueur de télé que je prétends être. Mais depuis qu’un de nos maîtres-queux a eu les honneurs de la presse américaine, la cuisine est devenue un nouveau phénomène local de télévision. Et de société également : comptez un peu le nombre de restaurants qui ouvrent toutes les semaines,...