Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Trêve des confiseurs, et du sommet, sur la scène locale

Le Liban officiel tient enfin son sommet, et ne le lâchera pas. Pour gommer la déconvenue du rendez-vous raté de la francophonie, il faut que la rencontre interarabe marque les esprits. Qu’elle aboutisse à un plein succès pour le pays organisateur. Tant pour le bon déroulement logistique du séjour des délégations que pour les résultats diplomatiques. Par conséquent, les dirigeants, les responsables ont conclu une sorte de gentleman’s agreement tacite : tant que les visiteurs sont là, on se gardera de laver le linge sale familial devant eux. Les sujets qui fâchent sont donc résolument mis de côté pour le moment. Et comme le hasard fait bien les choses, cette attitude politiquement correcte se trouve facilitée par la période des commémorations qui s’ouvre le 24 par l’Achoura et aborde ensuite les Pâques catholiques le 31. Donc c’est à tête reposée que le Liban du ménage à trois avec quatorze embranchements – et dire qu’en France on se plaint d’une simple cohabitation à deux ! – se prépare à parler d’une seule voix devant les Arabes. D’une seule voix avec lui-même. Mais aussi avec la Syrie, bien entendu, comme disent les bons entendeurs que l’on salue. Cependant, dès la fin des prestations arabo-politico-historiques comme des célébrations religieuses, il faudra retomber dans le quotidien banal. C’est-à-dire dans les affres de la crise socioéconomique. Retrouver les problèmes de subsistance et les querelles de toujours. Surtout si d’aventure le sommet arabe n’aura pas servi, comme on l’espère à Beyrouth, de contrepoids financier à ce Paris II qui paraît fortement compromis. À cause, surtout, des pressions américaines articulées autour du cas du Hezbollah. Le Liban ne cache pas qu’il compte demander aux Arabes de l’aider. En honorant, en tout ou partie, des engagements qui remontent à vingt ans et se montent à plus de deux milliards de dollars. Seulement si ses partenaires vont certainement faire un geste, courtoisie oblige, il risque d’être purement symbolique. Pour la bonne raison que le monde entier, ou presque, est en récession. Et qu’il faut en outre, dans cette dangereuse partie de la planète, garder son sou blanc pour son jour noir. Sur ce plan toutefois, le jumelage a du bon. Dans ce sens qu’à Beyrouth, l’on imagine que les Arabes suivront l’exemple du président Bachar el-Assad. Qui, lors de sa récente visite à Baabda, a multiplié les gestes économiques favorables à l’adresse du Liban. D’ailleurs, soulignent les loyalistes, Damas va s’associer à Beyrouth pour demander la réanimation (en fait, la naissance) du Fonds arabe et international pour la reconstruction du Liban. Cette caisse mythique, dont on se souvient vaguement ici et plus du tout au-dehors, avait été fondée lors de la conférence de Taëf. Pour doter ce malheureux pays d’un viatique global de 3 milliards de dollars. Mais la (première) guerre du Golfe avait englouti ce projet, comme bien d’autres, dans ses sables. Il s’agit aujourd’hui de tenter de redonner vie à ce programme mort-né. À cet effet, les autorités locales préparent un mémorandum technique détaillé qui devra être remis aux délégations arabes, en guise de salutation d’accueil, la main tendue. Pour en revenir à la prochaine actualité politique locale, des sources parlementaires généralement fiables, parce que non ministrables, assurent qu’il y aurait en avril non pas un changement de cabinet mais un remaniement ministériel consistant. Il s’agirait de provoquer un choc psychologique salutaire dans l’opinion publique pour rétablir la confiance perdue. Philippe ABI-AKL
Le Liban officiel tient enfin son sommet, et ne le lâchera pas. Pour gommer la déconvenue du rendez-vous raté de la francophonie, il faut que la rencontre interarabe marque les esprits. Qu’elle aboutisse à un plein succès pour le pays organisateur. Tant pour le bon déroulement logistique du séjour des délégations que pour les résultats diplomatiques. Par conséquent, les...