Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

VIE POLITIQUE - Les tiraillements persistent La récession écarte le spectre d’une crise ministérielle

À quelque chose, ou à quelqu’un, malheur est bon. La strangulation économique du pays protège du même coup le cou délicat du gouvernement, que beaucoup auraient voulu tordre. En d’autres termes, l’heure n’est pas aux secousses politiciennes, et les ministrables, aussi nombreux qu’affamés, sont obligés de réfréner leurs appétences. Tout en continuant à mordre, pour faire acte de présence autour de la table à fromage, où trônent le gâteau et la galette des rois, objets de toutes les convoitises. C’est ainsi que s’expliquent les innombrables polémiques ou prises de bec qui émaillent le quotidien de la caste politique. Opposants et loyalistes se déchirent à belles dents, chaque camp s’efforçant de rejeter sur l’autre la responsabilité de la dégradation socioéconomique. Les arguments sont connus : les détracteurs du cabinet, ou plutôt de M. Rafic Hariri, l’accusent d’improviser, de fuir en avant par des mesures tantôt pressurantes tantôt démagogiques. Ses partisans répondent en reprochant à ses contempteurs d’entraver le redressement, en sapant la confiance qui lui est nécessaire. Pour couronner le tout, des ministres participent à la curée, tandis que des opposants se tirent mutuellement dans les pattes. Bref, c’est la foire, et une mère n’y reconnaîtrait pas ses petits. Cette confusion rajoute à l’opacité du tableau. Un thème exploité à fond, il convient de le souligner, par les plus habiles des opposants. Qui saisissent toute occasion d’intervention médiatique pour reprocher au gouvernement son manque de transparence. Et l’accuser devant l’opinion de masquer la vérité au bon peuple en lui lançant de la poudre aux yeux à travers des mesures plus spectaculaires qu’efficaces. Selon l’un de ces procureurs du moment, M. Hariri devrait une fois pour toutes prendre le taureau par les cornes. Pour déclarer aux Libanais, comme s’ils ne le savaient pas depuis longtemps, que l’État n’est plus une vache à lait, qu’il est endetté et presque ruiné. Ce qui signifierait, en bonne logique, qu’il faut couper ce robinet qui abreuve les troupeaux taëfistes. Et qui permet également d’irriguer des champs qui ne sont pas nécessairement libanais. Conseil facile et mission impossible, quand on sait que l’abolition de certains organismes dispendieux ou de pratiques outrancières comme les voyages organisés et les branchements illicites serait considérée comme une offense suprême. Un casus belli, ni plus ni moins, ainsi que certains leaders concernés (et surtout intéressés) n’hésitent pas à le dire quand on tente de toucher à leurs acquis. Ainsi un ministre révèle qu’il s’est fait sévèrement taper sur les doigts par le président Nabih Berry parce qu’il avait eu la candeur de demander, lors d’un Conseil des ministres, à quoi le Conseil du Sud pouvait bien servir, sinon à claquer l’argent public. Le même naïf s’est pareillement attiré les foudres des haririens pour s’être montré également curieux au sujet du Conseil du développement et de la reconstruction. Encore heureux qu’il ait omis d’évoquer la Caisse des déplacés, les transports ou l’habitat, sans quoi il n’aurait plus eu que des ennemis, au pouvoir comme au-dehors. Négligeant le côté poète qui empêche certains dirigeants de s’arrêter à de basses contingences matérielles, ce ministre leur a lancé qu’en faisant le ménage, ils pourraient épargner au Trésor un minimum d’un milliard de dollars. Il a étalé des chiffres documentés pour étayer sa thèse, mais n’a eu droit qu’à des hochements de tête plus compâtissants que compréhensifs. Philippe ABI-AKL
À quelque chose, ou à quelqu’un, malheur est bon. La strangulation économique du pays protège du même coup le cou délicat du gouvernement, que beaucoup auraient voulu tordre. En d’autres termes, l’heure n’est pas aux secousses politiciennes, et les ministrables, aussi nombreux qu’affamés, sont obligés de réfréner leurs appétences. Tout en continuant à mordre, pour...