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Actualités - OPINION

Cendrillon

C’est le rouleau compresseur post-11 septembre. Rapide et sûr. Un rouleau compresseur, parfois, ça peut avoir du bon. Un «bon ami», diplomate, américain évidemment, a soufflé à l’homme fort du royaume wahhabite l’idée de sa désormais fameuse proposition, une offre, à en croire Saëb Erakat, «la plus importante jamais faite par le monde arabe depuis des décennies» ? Une «non-proposition» diront d’aucuns : sans doute pas, c’est plutôt une non-offre : Abdallah d’Arabie saoudite invite, somme toute, Palestiniens, Israéliens et Arabes à l’application pure et simple de la résolution 242 de l’Onu. Et puis tout le monde en parle, tout le monde gesticule : Bush, Chirac, les Arabes, les Israéliens, les autres... Et pour cause. On parle tout de même de «normalisation», et la proposition émane d’un pays-fédérateur du monde arabe, d’une capitale incontestée tant par les ultras que par les modérés. Elle émane du portefeuille du monde arabe. Exprimée par un homme que personne ne soupçonnerait d’être un afficionado yankee, un zélé lèche-bottes à la solde du «Grand Satan». La cerise sur le gâteau : cette invitation sera lancée aux yeux et aux oreilles du monde au cours du prochain sommet arabe. À Beyrouth, donc. «Ce sommet sera historique», prédit le très européen Javier Solana. Soit. Surtout si, comme on se plaît à le murmurer en coulisses, ce sommet annoncera également la naissance de l’État palestinien. Il y a aussi le vieux monarque saoudien qui envoie son émissaire à Beyrouth, et uniquement à Beyrouth, pour remettre au chef de l’État un message personnel. Au cours duquel – le saura-t-on un jour ? – a certainement dû être évoqué, entre autres, le dossier Hezbollah. La nécessité de sa mutation, de l’enterrement définitif de sa branche militaire. Mais à quand ? Question tellement posée : réponse urgente aujourd’hui. Nécessité également de penser plus loin que la proposition Abdallah. Si jamais celle-ci aboutit, va à son terme, quel avenir pour les réfugiés palestiniens ? Pour le Golan ? Quel avenir, en Israël pour Ariel Sharon ? Quel avenir, bien sûr, pour l’Irak : Washington respectera-t-il son donnant-donnant avec les Arabes ? Quel avenir, enfin, surtout, pour le Liban ? De la tutelle syrienne, cela s’entend... Le sommet de Beyrouth sera historique ? C’est sa raison, sa condition d’être ? Bien. Mais à quoi sert ce prestige, lorsque le Liban, chaque jour de plus en plus, à l’intérieur – de l’intérieur – se sclérose, se métastase ? À cause de la tutelle syrienne, d’abord, cela s’entend. À quoi bon, si le 1er avril, le carrosse redeviendra citrouille ? Le sommet de Beyrouth se doit d’être réellement historique. Parce qu’au-delà du prestige, ce qui compte – pardon pour ce manque de charité – c’est le Liban. Et l’avenir de l’ensemble de ses communautés. La réunion de la fin mars se doit de donner un sérieux acompte à la garantie de cet avenir-là. N’en déplaise à Fadl Chalak. Et aux autres. Ziyad MAKHOUL
C’est le rouleau compresseur post-11 septembre. Rapide et sûr. Un rouleau compresseur, parfois, ça peut avoir du bon. Un «bon ami», diplomate, américain évidemment, a soufflé à l’homme fort du royaume wahhabite l’idée de sa désormais fameuse proposition, une offre, à en croire Saëb Erakat, «la plus importante jamais faite par le monde arabe depuis des décennies» ?...