Droits de l’homme - Une quarantaine de parlementaires et de personnalités réunis place de l’Étoile Formation d’un comité libanais pour la défense du député arabe israélien Azmi Béchara(photos)

Près d’une quarantaine de personnalités politiques ont participé hier à une réunion élargie au siège du Parlement, place de l’Étoile, à l’initiative de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, afin d’examiner les moyens d’apporter un soutien au député arabe israélien (chrétien), Azmi Béchara. M. Béchara est poursuivi par la justice israélienne qui l’accuse d’avoir prononcé des discours «favorables au terrorisme», en violation d’une loi datant de 1948, interdisant toute aide au terrorisme. Le procès de M. Bechara, dont la première audience a eu lieu le 10 décembre dernier, doit reprendre demain, mercredi, en Israël. Le député israélien a notamment été inculpé pour «incitation» à la révolte à la suite de déclarations en faveur de la résistance populaire contre l’État hébreu, lors d’une cérémonie en Syrie en présence de responsables du Hezbollah. Il lui est en outre reproché d’avoir organisé des voyages en Syrie pour le compte de familles arabes israéliennes qui voulaient revoir leurs proches dans ce pays. Les Israéliens, note-t-on, n’ont pas le droit de se rendre en Syrie, sauf accord préalable de leurs autorités, Damas étant officiellement en guerre avec l’État hébreu depuis 1948. La réunion d’hier au Parlement, qui a groupé des parlementaires, des juristes, des journalistes et des responsables d’associations de défense des droits de l’homme, a débouché sur la formation d’un comité de défense du député Azmi Béchara. La rencontre a eu lieu en présence d’une délégation syrienne de quatre membres représentant le comité de défense de Azmi Béchara en Syrie. À l’issue de la réunion, une délégation du comité libanais a été reçue par le chef du Législatif Nabih Berry. Le président de la Chambre a souligné à cette occasion son soutien au comité. Il a précisé à ce propos qu’il avait décidé de participer personnellement au congrès parlementaire international qui aura lieu le 15 mars au Maroc pour soutenir le député. M. Berry a toutefois formulé certaines réserves concernant l’approche suivie par le comité libanais. Il a souligné à ce sujet que M. Béchara ne devrait pas être défendu en sa qualité de député israélien, mais plutôt en sa qualité de «ressortissant arabe victime de l’oppression et du racisme». Chez Lahoud En soirée, le comité a été reçu par le président Émile Lahoud qui a rendu hommage au parlementaire arabe israélien. Notons que plusieurs députés, dont notamment MM. Béchara Merhej et Walid Eido, ont proposé hier que M. Béchara soit invité à prendre la parole à la Chambre au cours d’une séance plénière. M. Berry a cependant exprimé certaines réserves sur ce plan, soulignant que le Parlement libanais ne reconnaissait pas la Knesset israélienne. M. Eido a déclaré que «M. Béchara représente l’arabisme chrétien». Il a suggéré dans son intervention que la Chambre tienne mercredi prochain une séance spéciale en signe de solidarité avec le député israélien. Dans un communiqué publié au terme de la rencontre d’hier, le comité libanais a notamment appelé les Nations unies, la Ligue arabe, l’Union des parlements arabes et les associations internationales et régionales de défense des droits de l’homme à «œuvrer par tous les moyens pour garantir le respect des droits de Béchara et sa sécurité, et cesser les poursuites engagées contre lui». Le communiqué exhorte en outre le pape Jean-Paul II à soutenir la cause du député arabe chrétien, «qui s’inscrit dans l’histoire des chrétiens d’Orient, leur soutien à la liberté et leur lutte contre la répression, le racisme et l’occupation». «La décision israélienne d’engager des poursuites contre Azmi Béchara, poursuit le communiqué, met en évidence le caractère fallacieux de la démocratie israélienne. Le procès de Azmi Béchara apporte la preuve de l’oppression qui vise les ressortissants arabes dans les territoires palestiniens occupés en 1948. L’appartenance chrétienne de Béchara illustre, d’autre part, l’apport des chrétiens arabes dans la bataille de la liberté et de la justice face à l’occupation et au racisme». Par ailleurs, dans une déclaration faite à l’issue de la réunion, le président de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, M. Mikhaël Daher, a rendu hommage au «grand député patriotique» qu’est Azmi Béchara. M. Daher a souligné que dans ses discours, M. Béchara n’a fait que reprendre un principe «admis par la plupart des pays, à savoir la distinction qui doit être établie entre le terrorisme et la résistance». Signalons, enfin, que le Mouvement du renouveau démocratique (présidé par le député du Metn-Nord Néssib Lahoud) a publié hier un communiqué soulignant qu’il soutenait le sit-in que le Forum démocratique (présidé par l’ancien député Habib Sadek) organisera cet après-midi, à 17 heures, devant le siège de l’Escwa, à la place Riad Solh, en signe de solidarité avec M. Béchara. Les personnalités présentes Plus de quarante personnalités ont participé à la réunion de soutien au député arabe israélien Azmi Bechara, dont notamment le ministre Bechara Merhej, les députés Mikhaël Daher, Walid Eido, Ali Hassan Khalil, Nasser Kandil, Mohammed Hajjar, Ali Youssef Khalil, Jean Oghassapian, Mosbah Ahdab, Boutros Harb, Serge Toursarkissian, Ahmed Fatfat, Kassem Hachem, Robert Ghanem, les anciens députés Ahmed Soueid et Zaher Khatib, le président de l’Ordre de la presse Mohammed Baalbacki, le représentant du syndicat des rédacteurs Kamal Fadlallah, le président élu du parti Kataëb Karim Pakradouni, le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Beyrouth, Me Raymond Chedid, les anciens bâtonniers Chakib Cortbawi, Michel Lyane, Antoine Klimos, Samir Abillamaa et Michel Khattar, le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Tripoli, Me Georges Mourani, Me Edmond Naïm et l’ancien ministre Élias Hanna.