Liban-Sud - Washington fait part de ses inquiétudes à Beyrouth Israël menace de réagir « violemment » à toute nouvelle attaque du Hezbollah

Les États-Unis ont exprimé au Liban leur inquiétude que le Hezbollah ne mène une opération militaire anti-israélienne dans les prochains jours dans le secteur controversé des hameaux de Chebaa, a-t-on appris auprès d’une source ministérielle libanaise. Cette source, qui a requis l’anonymat, a indiqué qu’un diplomate américain en poste à Beyrouth avait eu un entretien téléphonique vendredi avec un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères à ce sujet. Au cours de l’entretien, le diplomate américain a indiqué que son gouvernement estimait que le Hezbollah pourrait mener des opérations armées contre Israël dans le secteur des hameaux de Chebaa pour commémorer le dixième anniversaire de la mort de son ex-secrétaire général, Abbas Moussaoui, tué le 17 février 1992 au Liban-Sud dans un raid aérien israélien. Le diplomate américain a demandé au cours de l’entretien que le gouvernement libanais contribue à maintenir le calme au Liban-Sud. Commentant cette information, un porte-parole de la formation intégriste a déclaré que la démarche américaine est « d’inspiration israélienne». Il a ajouté que c’était Israël qui multipliait les «provocations», notamment en violant quasi quotidiennement l’espace aérien, et que le Hezbollah se «réserve le droit d’y riposter et de poursuivre la lutte contre l’occupation (israélienne) au moment opportun et par les moyens adéquats». La dernière attaque du Hezbollah remonte au 23 janvier dernier, quand le Hezbollah avait bombardé une position israélienne. L’aviation israélienne avait riposté en bombardant un secteur frontalier libanais. Ces opérations militaires n’avaient pas fait de victime. Rappelons que le Hezbollah est qualifié d’organisation terroriste par Washington qui a demandé au Liban, sans succès, d’en geler les avoirs. Moscou transmet la mise en garde israélienne Quoi qu’il en soit, selon des sources diplomatiques, Israël pourrait réagir «violemment» à toute opération militaire menée par le Hezbollah contre son territoire. Selon ces sources, cette menace a été transmise officiellement au Liban par l’émissaire russe au Moyen-Orient Andréï Vdovine , à la demande d’Israël. Les mêmes milieux, cités par notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhane, ajoutent qu’Israël se propose aussi, le cas échéant, de frapper des positions syriennes sur le territoire libanais. Israël, a ajouté M. Vdovine, ne vise pas une escalade militaire au Liban-Sud, mais ses chasseurs bombardiers continueraient leurs violations de l’espace aérien libanais à cause de l’appui constant du Hezbollah à l’intifada palestinienne. Toujours selon les mêmes sources, Israël ne se contenterait pas de limiter sa campagne diplomatique contre le Liban et le Hezbollah aux États-Unis, mais se propose de l’étendre à la Fédération de Russie et aux Nations unies. Il reste, selon les sources diplomatiques, que le secrétaire général des Nations unies ne s’est pas laissé prendre aux arguments qui lui ont été transmis par les ministres israéliens Shimon Peres et Benjamin Ben Eliezer, selon qui l’Iran aurait déployé dix mille missiles et des dizaines de milliers de Gardiens de la révolution du côté libanais de la frontière avec Israël. De son côté, le secrétaire général adjoint aux affaires politiques des Nations unies a soumis à M. Annan un rapport détaillé dans lequel il lui fait part de ses appréhensions quant à une nouvelle escalade militaire au Liban-Sud, surtout si des civils ou des militaires israéliens étaient blessés ou tués au cours d’attaques du Hezbollah contre les hameaux de Chebaa ou même par des «éclats de projectiles de DCA» tirés contre la chasse israélienne. Le haut fonctionnaire a précisé que les négociations à ce niveau ont abouti à une impasse totale du fait de la détermination israélienne à poursuivre les survols du territoire libanais et de l’attachement du Hezbollah au droit de riposte. À Londres, des experts de la lutte contre le terrorisme ont affirmé que la destruction du blindé Merkava 3, jeudi dernier dans les territoires palestiniens, porte la signature du Hezbollah. Le Merkava 3 est l’un des blindés les plus sophistiqués du monde. Dans une interview accordée à Reuters, le rédacteur en chef de Jane’s, l’hebdomadaire anglais spécialisé en matière d’armements, a fait état d’un transfert de compétence entre l’intifada palestinienne et le Hezbollah libanais. La charge explosive utilisée est de conception excessivement simple mais d’une grande puissance, et c’est un combattant palestinien qui se serait chargé de la déclencher à distance, à l’avant de la Merkava, a-t-il précisé. Par contre, un site Internet israélien spécialisé dans les renseignements militaires a rappelé que ce genre d’opérations avait été mené par les hommes d’Oussama Ben Laden dans les années 80 pour détruire les blindés soviétiques T72 en Afghanistan.