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Actualités - OPINION

Interrogations sur les raisons de la précipitation de Hariri

Le projet du Premier ministre Rafic Hariri de remettre en question le décret-loi 36 en vigueur depuis 1967 et prévoyant d’assurer une protection juridique locale aux agences commerciales exclusives a provoqué une vive polémique sur la scène locale. Et pour cause : il risque de saper dans une large mesure les fondements du système économique qui a caractérisé le Liban au cours des dernières décennies. D’aucuns vont même jusqu’à affirmer que ce projet, au cas où il viendrait à être mis en application dans sa forme initiale, pourrait avoir pour conséquence, à plus ou moins brève échéance, de modifier la physionomie sociale du paysage économique libanais. A la lumière du débat, souvent passionné, suscité par l’initiative du chef du gouvernement, les observateurs soulignent que les responsables officiels qui se sont fait le porte-étendard de ce projet auraient dû commencer par lancer une vaste campagne d’information et de sensibilisation afin d’expliquer les véritables tenants et aboutissants de la proposition. Dans un pays où la gestion des affaires publiques se fait généralement sur une base consensuelle, ou tout au moins à la lumière de larges concertations, il paraît étonnant que le Premier ministre ait mis sur les rails un tel projet sans se concerter, au préalable, avec les dirigeants des organismes économiques, qui sont les premiers concernés par cette mesure. C’est ce manque de concertations et de campagne de sensibilisation qui est critiqué par certains observateurs qui précisent qu’un tel effort de la part de M. Hariri était d’autant plus nécessaire qu’il aurait été préférable de rassurer l’opinion publique, et les organismes économiques en particulier, sur les véritables objectifs d’un tel projet. Au stade actuel, de nombreuses parties et une large frange de l’opinion ont en effet le sentiment d’être la cible d’un plan prémédité inavouable. Ces critiques sont, à l’évidence, rejetées par les milieux proches de M. Hariri qui soulignent que la conjoncture économique et financière dans laquelle se débat le pays «impose des mesures drastiques dont certaines doivent toucher les couches populaires et défavorisées de la population alors que d’autres devraient toucher aussi les gros commerçants et les importateurs qui bénéficient de la protection sur les agences exclusives». Le premier ministre affirme sur ce plan que l’objectif qu’il s’est fixé est de «redéfinir le rôle et la fonction économiques du Liban à la lumière des bouleversements survenus et qui pourraient encore se produire sur le double plan régional et international». Pour M. Hariri, l’enjeu actuel est de «transformer le pays en un centre de consommation concurrentiel, sachant que le commerçant ne devrait plus chercher à faire de gros bénéfices en vendant peu, mais à faire plutôt de petits bénéfices en augmentant son chiffre d’affaires». Émile KHOURY
Le projet du Premier ministre Rafic Hariri de remettre en question le décret-loi 36 en vigueur depuis 1967 et prévoyant d’assurer une protection juridique locale aux agences commerciales exclusives a provoqué une vive polémique sur la scène locale. Et pour cause : il risque de saper dans une large mesure les fondements du système économique qui a caractérisé le Liban au...