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Pamphlet de Farès Souhaid contre le « pouvoir national » géré par la Syrie

C’est un discours qui fera date. Farès Souhaid dit que pour tout ce qui concerne la crise socio-économique – et les critiques qui, automatiquement, vont avec – il se suffit de ce que ses collègues ont dit. Farès Souhaid s’attaque immédiatement au cœur du problème, au premier maillon de la chaîne, «la seule solution» à la crise économique : les relations libano-syriennes, qu’il faut, selon lui, redéfinir de A à Z. Il s’y attaque en établissant un magistral et cinglant parallèle, tant dans la forme que dans le fond, entre l’époque du maronitisme politique – qu’il critiquait férocement, rappelle-t-il –, et «aujourd’hui», l’époque du «pouvoir national». Le pouvoir national étant ce à quoi appelaient les contempteurs du maronitisme politique. Et le pouvoir national, dans la bouche du très cynique député de Jbeil, n’est rien de plus ou de moins que la tutelle syrienne. «À l’époque du maronitisme politique, où l’on voulait faire croire que la force du Liban était dans sa faiblesse, l’armée était une armée partisane, et non pas nationale. Aujourd’hui, à l’ombre du pouvoir national, maintenant que l’armée est redevenue celle de tout un pays, on a décidé de saper son rôle. La preuve : les décisions de guerre ou de paix ne sont pas dans la main de l’État, mais dans celle d’une partie de Libanais. «À l’époque du maronitisme politique, les partis politiques foisonnaient – les syndicats et les organisations ouvrières aussi. Beyrouth était capitale culturelle, artistique, arabe et internationale, un laboratoire d’idées et de courants culturels. Aujourd’hui, à l’ombre du pouvoir national, les partis ont été dépecés, les syndicats stérilisés, les médias censurés, les livres confisqués, Béjart, Anachid et Marcel Khalifé interdits – des œuvres cinématographiques et musicales également. «À l’époque, la classe moyenne représentait la majorité des Libanais, et grâce à elle le développement économique était possible. Beyrouth était un centre économico-financier au sein du monde arabe. Aujourd’hui, la classe moyenne est décimée, les forces vives exsangues, la jeunesse idem. «À l’époque, Fouad Chéhab est mort pauvre, Kamal Joumblatt a vendu ses biens, Hamid Frangié aussi. Aujourd’hui, plus un homme politique ne vend ses biens... «À l’époque du maronitisme politique, le Liban jouait un rôle prépondérant au niveau des droits de l’homme, ou de l’Onu, c’était un des six pays à fonder la Ligue arabe. On l’appelait pour régler des affaires internationales, faire valoir les droits arabes dans le monde. Aujourd’hui, à l’ombre du pouvoir national, le Liban affiche son hostilité au monde, défie la légalité internationale et onusienne, sa présence sur la scène internationale est quasi nulle, et il n’a plus voix au chapitre au sein du monde arabe. «Maintenant que le maronitisme politique est fini, que ses lieutenants ont été punis, ses symboles emprisonnés, les autres exilés ou menacés de prison, le pouvoir national a pris la place. À 100 %. Et après l’exil des chrétiens non patriotes, un binôme sectaire s’est arrogé la reconstruction de l’État, sous un parrainage syrien direct. Et certains disent qu’un des moyens de faire face à la situation est de faire assumer, aux gens, la responsabilité. Ainsi, on menace (des menaces à peine voilées) les chrétiens : leur nombre ne leur donnant plus le droit de s’exprimer, il ne leur reste plus qu’à courber l’échine ou à émigrer. «Nous ne voulons qu’une chose : que le Liban soit le pays de tous les chrétiens, de tous les musulmans. Nous avons combattu le maronitisme politique, alors que les responsables musulmans en faisaient l’apologie. Nous avons, aujourd’hui, tous les droits pour critiquer. Pour rappeler que nous avions refusé le maronitisme politique lorsqu’il a occulté les musulmans. Nous disions : “Il faut écouter les musulmans à Aramoun”. (S’adressant à Nabih Berry) : Aujourd’hui, nous vous demandons d’écouter les chrétiens. Qui disent à Bkerké : “Nous n’émigrerons pas. Nous n’avons pas peur”. Il faut tirer les leçons du passé, et celles du présent. Le maronitisme politique, nous n’en voulons pas. Mais l’alternative actuelle, nous n’en voulons pas non plus. Nous voulons un État moderne, démocratique, un État dont les Arabes seraient fiers, un État qui réconcilierait entre eux les Arabes, et qui les réconcilierait avec le monde. «Au sein du pouvoir actuel, il y en a qui se prévalent de l’amitié syrienne. Alors moi je leur fais assumer la responsabilité. Celle de convaincre la Syrie de changer ses méthodes. Et d’arriver à mettre sur pieds un règlement historique qui garantirait l’avenir des relations bilatérales». Et Nabih Berry d’intervenir, sur-le-champ, en indiquant qu’il clarifiait – qu’il ne répondait pas : «Le maronitisme politique était défendu également par des sunnites, des chiites, des druzes, mais au nom de la Chambre, je vous assure que le Liban est un pays pour tous, pour toutes les communautés. Une République confessionnelle est inenvisageable. Quant à l’émigration chrétienne, c’était un but américain, c’est la Syrie qui a empêché, en 1976, cela», dit-il, soulignant, à l’adresse de Farès Souhaid, qu’«inch’allah, malgré tout cela, nous allons travailler ensemble». Z.M.
C’est un discours qui fera date. Farès Souhaid dit que pour tout ce qui concerne la crise socio-économique – et les critiques qui, automatiquement, vont avec – il se suffit de ce que ses collègues ont dit. Farès Souhaid s’attaque immédiatement au cœur du problème, au premier maillon de la chaîne, «la seule solution» à la crise économique : les relations...