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Actualités - ANALYSE

Présidence - Le chef de l’État critique la classe politique Lahoud : La Résistance libanaise concernée uniquement par le conflit arabo-israélien

Il y a de l’amertume dans le ton adopté hier par le président de la République Émile Lahoud devant une délégation du syndicat des journalistes conduite par Melhem Karam. «Je regrette beaucoup de vous dire qu’après trois ans d’expérience (à la tête de l’État), la majorité des responsables politiques ne traite une affaire que quand elle les concerne personnellement. En revanche, ils la négligent tout à fait quand elle ne les concerne pas. Comment construire une nation dans ces conditions ?» s’est-il demandé. Grande est ainsi la déception du président Lahoud qui constate en effet que «90 % des hommes politiques rejettent le changement et privilégient leurs intérêts personnels au détriment de l’intérêt national. (…) D’aucuns pensent donc qu’un changement n’est possible que par la force», ajoute-t-il, tout en affirmant néanmoins que lui-même s’y oppose totalement. Le chef de l’État a répondu à toutes les questions que lui a posées M. Karam au début de la rencontre. Il a commencé par rapporter les propos qu’il avait tenus aux ministres dimanche dernier : «Je leur ai dit qu’il n’y avait rien de plus facile que de prendre des décisions que les médias applaudissent. Puis, deux ans et plus passent sans qu’aucune de ces résolutions ne soit appliquée». Fort de son expérience à la tête de l’armée, M. Lahoud a ainsi proposé que soit fixé un délai d’exécution à chaque décision prise. «Non pas que je préconise la militarisation du régime, mais nous devons adopter une méthode de travail», a-t-il dit avant d’indiquer qu’il avait énuméré devant les ministres les affaires essentielles qui n’ont même pas connu un début d’application. Pourquoi ? Selon lui, nul ne le sait. Sur un autre plan, le président Lahoud a estimé que l’attentat perpétré contre Élie Hobeika ne remettra en question ni le sommet arabe ni celui de la francophonie qui doivent avoir lieu à Beyrouth. Interrogé sur la crise économique qui sévit dans le pays, il a notamment répondu : «Nous devons donner la priorité dans les dépenses aux questions sociales, aux soins médicaux et à l’école. Et s’il nous reste encore des fonds, nous devons les utiliser pour l’exécution de projets rentables pour l’État». Dans ce cadre, M. Lahoud met en garde contre le gaspillage tout en soulignant la nécessité de revoir les dépenses de l’État. «Durant les premiers mois du mandat, le gaspillage a considérablement diminué en raison des mesures qui avaient été prises à l’époque. Mais des voix se sont élevées et nous ont critiqués sous prétexte que nous sommes venus au pouvoir pour nous venger de certaines personnes», a-t-il indiqué, en niant catégoriquement ces allégations. Par ailleurs, le président de la République affirme n’avoir rien réclamé dans le cadre des nominations administratives. «Si j’avais voulu agir comme d’autres, j’aurais obtenu le tiers des fonctionnaires nommés. Mais si l’un d’entre eux échoue, cet échec rejaillira sur moi», a-t-il ajouté, justifiant ainsi son refus de tels procédés. «Je le dis franchement : le partage du gâteau est une honte», s’est exclamé M. Lahoud. Certes, il réalise en outre que «tout n’est pas parfait» dans le pays, «mais s’il y a des failles, nous devons les corriger de l’intérieur en évitant de les étaler à l’étranger», affirme le chef de l’État. Il rapporte ainsi ses impressions lors de ses visites effectuées dans des pays arabes : «Des dirigeants arabes m’ont dit que le Liban était beau et sûr. Mais pourquoi les Libanais en donnent-ils une image négative via les satellites ? Est-il possible que nous nuisions à notre pays pour gagner des téléspectateurs ?» s’est demandé le président de la République avant d’affirmer que «cette situation ne peut plus durer». Concernant les libertés dans le pays, il a notamment déclaré : «Je suis pour les libertés à 100 %. Mais celui qui croit à la liberté, doit préserver celle des autres et garantir aussi leurs droits (…)». Sur un autre plan, M. Lahoud a indiqué qu’en principe, suivant l’ordre alphabétique, le Liban n’aurait pas pu accueillir le prochain sommet arabe avant quinze ans. «Les Arabes ont choisi Beyrouth parce qu’ils admirent le fait que nous ayons libéré notre sol de l’occupation. Pourquoi certains veulent donc perdre cette immense opportunité pour des considérations personnelles ? C’est honteux et cela ne peut pas durer», s’est-il encore exclamé. La Résistance et les USA Prié de commenter les propos qu’a tenus hier le président George Bush concernant le Hezbollah, le chef de l’État a rappelé que le Liban avait déjà fait son devoir dans la lutte contre le terrorisme en triomphant des partisans d’Oussama Ben Laden, en 1999, à Denniyé. «J’ai informé l’Administration et toutes les délégations américaines qui ont visité le Liban que la Résistance libanaise est concernée par tout ce qui a rapport au conflit arabo-israélien», à l’exclusion de toute autre affaire, a souligné M. Lahoud avant de poursuivre : «J’ai demandé aux Américains de nous prouver le contraire». Sur un tout autre plan, il s’est dit mécontent de la situation de la CNSS. Le président de la République a précisé dans ce cadre que l’audit sur les avoirs et les dépenses de la Caisse n’a pas pu dépasser l’année 1997. Selon lui, il en va de même pour ce qui est de l’EDL. Et M. Lahoud de se plaindre de «la bureaucratie qui paralyse et entrave le travail de l’Administration». À la question de savoir s’il prévoyait un remaniement ministériel, le chef de l’État a répondu par une question : «Un changement à ce niveau réglerait-il la crise ? Je crois que tant que cette mentalité persiste, il sera difficile de réaliser le changement que nous souhaitons». Selon lui, l’essentiel est de se concentrer à présent sur la tenue du sommet arabe. «Après cela, nous aviserons à la lumière des développements. Mais croyez-moi, c’est la mentalité qu’il faut changer pour modifier la gestion. En effet, la mentalité qui prévaut actuellement est à l’origine de l’anarchie administrative, de la corruption et des pots-de-vin», a ajouté M. Lahoud avant d’affirmer par ailleurs qu’il n’accorderait jamais la grâce présidentielle à un condamné.
Il y a de l’amertume dans le ton adopté hier par le président de la République Émile Lahoud devant une délégation du syndicat des journalistes conduite par Melhem Karam. «Je regrette beaucoup de vous dire qu’après trois ans d’expérience (à la tête de l’État), la majorité des responsables politiques ne traite une affaire que quand elle les concerne personnellement....