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RDCONGO - Les habitants s’efforcent de recréer leurs conditions de vie Goma ne veut pas devenir une nouvelle Pompéi(photo)

Désertée il y a une semaine alors que l’envahissaient des coulées de lave, la ville congolaise de Goma offre aujourd’hui l’aspect d’une Pompéi dont les habitants s’efforcent de recréer leurs conditions de vie. Mais si les vivres et d’autres fournitures commencent à arriver et si le commerce redémarre timidement dans les rues, la question de l’avenir de Goma est sur toutes les lèvres. «Nous voulons reconstruire notre ville pour qu’elle soit encore plus belle qu’avant», déclare Innocent Mubalama, maçon de 24 ans, dans une rue du centre-ville recouverte par la lave. Bien d’autres habitants souhaitent aussi que la ville soit rebâtie plutôt qu’elle ne devienne un vestige comme ce fut le destin de Pompéi, cité romaine détruite par une éruption du Vésuve en 79 avant Jésus-Christ. Goma, située sur la rive nord du lac Kivu, est en temps normal un carrefour commercial, notamment pour les bananes, le sucre de canne et le manioc, dont la culture est florissante sur le riche sol volcanique de la région. Son aéroport, submergé par la lave, était le principal de la région. Des ferries transportent passagers et marchandises jusqu’à la ville de Bukavu, sur l’autre rive du lac. La plupart des 350 000 personnes qui ont fui vers le Rwanda après l’éruption du Nyiragongo, qui a fait au moins 25 morts, sont revenues à Goma, visiblement déterminées à recommencer à vivre comme avant. Le coût de la reconstruction s’annonce toutefois élevé. Un tiers des habitations détruites Le tiers environ des habitations, et notamment les quatre cinquièmes du quartiel commercial, ont été entièrement détruites par la lave. Plus de 12 000 maisons auraient été balayées. Certaines parties de la ville demeurent ensevelies sous une masse chaude et sombre qui durcit lentement et dont on ne sait que faire. Le volcanologue italien Dario Tedesco, qui a supervisé le volcan et les secousses qui ébranlent régulièrement la région, estime que «la lave peut être retirée de la ville», mais ajoute qu’il faudra attendre le refroidissement de la lave encore liquide qui se trouve sous la croûte de magma noire, ce qui prendra plusieurs mois. Contrairement à certains responsables qui estiment que la ville pourra être reconstruite sur ces cendres, comme elle l’avait été à son origine, Tedesco déconseille de rebâtir Goma, qu’il juge trop proche du volcan. Il paraît toutefois difficile de transférer tous les bâtiments, pierre par pierre, sur un site plus sûr, et les habitants ne veulent pas déménager. Un responsable de l’Onu a indiqué que des discussions étaient en cours concernant la mise en place de résidences provisoires à l’ouest de la ville, où seraient également bâties des écoles, «pour donner aux gens l’envie de rester là de façon permanente». «Mais la ville (...) c’est l’endroit où l’on peut trouver du travail, et ces personnes pourraient donc revenir quoi qu’il arrive», ajoute-t-il. Problème de fond Quelle que soit la solution choisie, le coût des travaux à entreprendre sera trop élevé pour les habitants de cette région, qui souffre de la pauvreté et a payé un lourd tribut à la guerre ainsi qu’aux maladies. Le problème est d’autant plus complexe que Goma est contrôlé par le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), groupe rebelle soutenu par le Rwanda qui a pris les armes contre le gouvernement de Kinshasa en 1998 et contrôle la majeure partie de l’est du pays. En tant qu’organisation rebelle, le RCD ne peut guère compter sur des prêts ni lever des fonds sur le marché international. «Nous ne pouvons pas aller demander de l’argent à la Banque mondiale», résume le président du RCD, Adolphe Onusumba. Pourtant, son mouvement a absolument besoin de cette aide, sa principale ressource – les impôts levés avant l’éruption – s’étant tarie. En outre, des responsables du RCD ont dit envisager de suspendre les impôts sur les sociétés locales pendant deux mois pour les aider à se relancer. L’exemple de Zahid Mir, grossiste dans le secteur alimentaire bloqué dans un hôtel à Gisenyi (Rwanda) depuis la destruction de sa maison, montre bien les difficultés de redémarrage de la ville. «Je souhaite que les affaires reprennent dès lundi, dit-il. Mais je n’ai retrouvé que onze de mes 22 employés, et ceux que j’ai retrouvés ont tous perdu leurs maisons, ils ne peuvent donc pas revenir à leurs habitudes normales.» La réouverture de l’aéroport est également vitale pour son affaire, mais un tiers de la piste est recouverte de lave et, comme partout à Goma, nul ne sait exactement ce qu’il faut en faire. En outre, sous cette couche, le revêtement a été gravement endommagé. Quoi qu’il en soit, si l’avenir de Goma reste un sujet d’interrogation, ses habitants ont déjà commencé à reconstruire.
Désertée il y a une semaine alors que l’envahissaient des coulées de lave, la ville congolaise de Goma offre aujourd’hui l’aspect d’une Pompéi dont les habitants s’efforcent de recréer leurs conditions de vie. Mais si les vivres et d’autres fournitures commencent à arriver et si le commerce redémarre timidement dans les rues, la question de l’avenir de Goma est sur...