Rechercher
Rechercher

Actualités

VIE POLITIQUE - Les députés fourbissent leurs armes Le gouvernement se prépare au débat budgétaire

Jusqu’à hier soir, quarante députés avaient demandé à prendre la parole au cours du débat budgétaire qui s’ouvrira aujourd’hui et qui s’étalera sur quatre jours. De sources proches du bureau de la Chambre, on s’attend, pour deux raisons, à ce que ce chiffre double au fil des jours : d’abord parce que les séances seront retransmises en direct par les télévisions locales. Ensuite parce que la crise économique a atteint un point tel que les parlementaires ne manqueront pas de critiquer l’Exécutif pour sa gestion de ce dossier. Le gouvernement, qui a effectué hier une sorte de bilan de sa deuxième année de son mandat, a reconnu, presque sous la pression du chef de l’État, le général Émile Lahoud, que plusieurs décisions qui avaient été prises pour améliorer la situation économique et financière attendent toujours d’être exécutées Le débat promet d’être houleux, place de l’Étoile. La gestion économique du cabinet Hariri est en effet contestée par de nombreux parlementaires, notamment de l’opposition, qui reprochent principalement au gouvernement de n’avoir pas respecté l’engagement qu’il avait pris dans la déclaration ministérielle et de négliger la réforme politique, condition sine qua non, à leurs yeux, pour un redressement économique. Avant l’ouverture du débat, la Chambre prendra connaissance du rapport de la commission parlementaire des Finances et du Budget, qui avait, rappelle-t-on, révisé à la baisse les surtaxes qui étaient prévues par le gouvernement. Hier, le gouvernement a tenu une réunion extraordinaire pour approuver le préambule du projet de budget (sa non-approbation, l’année dernière, avait suscité un vif débat constitutionnel à la Chambre et avait failli causer l’ajournement de l’examen du projet de loi de finances 2001) et pour prendre connaissance des modifications apportées au texte en commission. Le ministère des Finances avait achevé samedi, l’élaboration du texte dans sa forme définitive. L’intervention de Lahoud La réunion qui s’est tenue sous le président du chef de l’État, le général Émile Lahoud, n’a pas porté sur le seul dossier du budget. Le Conseil des ministres a en effet donné satisfaction aux employés des offices autonomes, ce qui a poussé leur syndicat à annoncer immédiatement, mais officieusement, la suspension de la grève ouverte : il a approuvé l’octroi d’une indemnité mensuelle de 125 000 LL et l’équivalent d’un grade aux employés de l’EDL et de l’Office du Litani et le chef du gouvernement doit résoudre cette semaine, avec le ministre des Finances, Fouad Siniora, le problème des indemnités de fin de service des employés de l’Office des chemins de fer et des transports en commun. Le calcul des indemnités de fin de service des employés de l’EDL sera amendé en commission parlementaire, selon les déclarations du ministre de l’Information. Les explications fournies par M. Aridi dénotaient, en apparence, une volonté évidente, de la part du gouvernement, d’anticiper les remarques et les critiques parlementaires, en réaffirmant l’engagement de l’Exécutif à prendre toutes les mesures qui s’imposent pour assainir les finances publiques et venir à bout de la crise économique. Mais, selon des sources ministérielles, c’est le président qui est intervenu pour exprimer des réserves sur certains aspects de la politique gouvernementale, se rapportant notamment au suivi des décisions prises, et pour demander, dans le principal but de remettre les pendules à l’heure, qu’un délai d’exécution soit fixé pour chaque résolution adoptée. Celle-ci, a-t-il dit, sera consignée par le secrétaire général de la présidence du Conseil qui se chargera, une semaine avant l’expiration du délai, de rappeler le dossier au ministre concerné. Auparavant, le chef de l’État s’était longuement étendu sur les décisions qui attendent toujours d’être exécutées, les énumérant une à une, et mettant l’accent sur leur importance pour la réduction des dépenses de l’État et pour le renflouement du Trésor. Dans son intervention, il a notamment souligné que les décisions restées lettre morte portent atteinte à la crédibilité de l’Exécutif, a-t-on indiqué de mêmes sources, affirmant que le chef de l’État a demandé aux ministre de prendre cette affaire au sérieux pour «préserver la dignité du Conseil des ministres». La liste des dossiers dont le suivi n’a pas été assuré et qui a été évoqué par le général Lahoud est longue. M. Aridi en a cité quelques-uns dans sa déclaration à la presse. Il a évoqué le dossier des fonctionnaires surnuméraires, assurant que le rapport du conseil de la Fonction publique à ce sujet sera transmis au Conseil des ministres afin qu’il prenne une décision définitive. Le président, a ajouté le ministre, a également appelé à la révision des tarifs d’exploitation des carrières et de location des terrains municipaux dont une grande partie est louée pour 99 ans, pour des sommes dérisoires. Il a soulevé le dossier de la CNSS, mettant l’accent sur les informations relatives au gaspillage et au chaos qui y règne, appelant, a indiqué M. Aridi, à l’ouverture d’une enquête à ce sujet et à l’élaboration d’un rapport pour une dynamisation de cet organisme. Toujours selon les explications de M. Aridi, le Conseil des ministres s’est de nouveau penché sur le dossier des salaires de certains contractuels ou fonctionnaires d’établissements publics. Le général Lahoud a réclamé la suppression des «commissions en rapport avec les banques, pour limiter les dépenses». Il a exprimé le souhait d’une accélération de l’élaboration d’un projet de loi à ce sujet et mis l’accent sur la nécessité d’en finir avec le dossier de la MEA qui doit être dotée, selon lui, d’un nouveau conseil d’administration. Le chef de l’État a relevé dans ce cadre que le gouvernement a réglé un aspect du dossier de la compagnie aérienne, en rapport avec les fonctionnaires, et négligé l’autre, lié à la société elle-même, selon les mêmes sources, qui ont indiqué que le président a rappelé qu’il avait été question de vérifier la comptabilité des institutions publiques, ce qui n’avait pas été réalisé. Pour ce qui est de la privatisation de certains secteurs publics, le Conseil des ministres a estimé qu’il faut se dépêcher de la préparer et de réorganiser les services dont la gestion doit être confiée au secteur privé pour que le gouvernement puisse lancer ce projet. «Les problèmes sont nombreux et les tâches qui nous attendent sont considérables. L’important est de se lancer dans un climat positif et sain, avec fermeté et volonté. Il est indispensable de régler les problèmes en partant du principe que la situation économique, sociale et financière est très délicate et que tout le monde doit en avoir conscience. Nous devons savoir comment réagir pour ne pas inquiéter la population et pour lui proposer des solutions». Réductions des dépenses ministérielles à venir Quoi qu’il en soit, des sources gouvernementales ont laissé entendre que les chiffres du budget «n’ont pas été modifiés», après passage en commission parlementaire. Et que les amendements qui lui ont été apportés «ne sont pas essentiels et ne touchent pas non plus le chiffre global» de ce budget 2002. Et ces mêmes sources ont également dévoilé à L’Orient-Le Jour que des directives ont été prises par le gouvernement afin de réduire les dépenses des différents ministères pour un bon nombre de budgets à venir. À ce sujet, le chef du gouvernement Rafic Hariri (qu’un tête-à-tête a réuni avec le chef de l’État Émile Lahoud avant la séance) a demandé à l’ensemble des ministres de préparer cette réduction et de faire part de leurs prévisions futures. Quant au ministre des Finances, Fouad Siniora, interrogé sur le recours en invalidation présenté au Conseil constitutionnel par dix députés (dont Hussein Husseini) au sujet de la TVA, et sur l’hypothèse que le conseil précité décide de refuser cette taxe – à l’instar de ce qu’il avait fait pour le premier mécanisme de nominations –, il a répondu : «Nous obéissons à la loi, et nous nous conformerons aux décisions du Conseil constitutionnel. Demandez-lui d’ailleurs pourquoi il n’a pas encore gelé les effets de la loi», a-t-il ironisé. Écartant tout de même l’hypothèse d’une telle décision.
Jusqu’à hier soir, quarante députés avaient demandé à prendre la parole au cours du débat budgétaire qui s’ouvrira aujourd’hui et qui s’étalera sur quatre jours. De sources proches du bureau de la Chambre, on s’attend, pour deux raisons, à ce que ce chiffre double au fil des jours : d’abord parce que les séances seront retransmises en direct par les télévisions...