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La TVA au centre d’une vive polémique politique

La TVA est une incomprise. Le Libanais moyen, qui en a les moyens, ne sait qu’une chose : quand il va au-dehors, on lui en fait débours au retour, à l’aéroport. Ce qui lui permet de s’acheter des cigarettes ou du whiskey à bord. Il ne voit pas pourquoi il va être pénalisé at home quand il en réchappe à l’étranger. La mesure échappe grosso modo à son entendement, lui paraît aussi comble que mystérieuse. Et si c’était sinon de la sorcellerie du moins un tour de passe-passe pour le gruger ? Quand d’aventure il en capte les mécanismes, il se demande pourquoi on s’adresse à sa popoche pour redresser des finances publiques que pour sa part il n’a jamais ni pillées ni gaspillées. C’est dire si la TVA est impopulaire. Il n’est donc pas étonnant que des députés se dressent, bien que la majorité parlementaire ait donné son aval au gouvernement, pour faire invalider cette loi de ponction. Une réaction aussi peu perçue à l’étranger que les récents démêlés de la doïka au sein de la troïka. Pour vivre heureux, vivons cachés : le peu de retentissement extérieur de ses soucis internes convient parfaitement au président du Conseil. Qui peut se présenter tout sourire devant une Europe appelée à combler une partie de ses vœux aujourd’hui même à Bruxelles, avec la première signature de l’accord d’association. Prélude encourageant, faut-il le rappeler, à la tenue de Paris II dont M. Hariri attend monts et merveilles. Les loyalistes tendance Koraytem se frottent donc les mains d’aise, ce qui leur permet du reste de se réchauffer un peu par ces temps de froid où le fuel manque pour le chauffage même dans les ministères. Mais ces haririens refusent de se laisser aller à l’ivresse soporifique des neiges. Ils soulignent à l’envi et en chœur que l’accord d’association avec l’Europe c’est bien mais ce n’est pas tout, tant s’en faut. En rappelant que pour commencer à voir le bout du tunnel, il faut d’abord que le projet de budget passe rapidement, sans encombre, à la Chambre. Et qu’ensuite il est nécessaire de réduire le gaspillage de fonds publics, de faire rentrer plus de sous à travers la TVA comme à travers d’éventuelles privatisations. Pour alléger le déficit du budget en même temps que le fardeau de la dette publique. Les députés contestataires se disent tout aussi convaincus que le gouvernement de la nécessité de sacrifices appropriés, pour amorcer le redressement économique. Mais ils refusent que cela se fasse au détriment du contribuable ordinaire. Et de la Constitution. Un groupe de parlementaires, conduits par l’ancien président de la Chambre M. Hussein Husseini, a donc introduit devant le Conseil constitutionnel un recours en invalidation de la loi instituant la taxe à la valeur ajoutée. Le député de la Békaa est par ailleurs au centre d’une tentative de formation d’une sorte de contre-troïka d’opposition. Qui le verrait s’allier avec deux anciens présidents de Conseil, MM. Sélim Hoss et Omar Karamé. Ce dernier, soit dit en passant, a songé un moment, indiquent des sources fiables, démissionner d’une Chambre qui lui semble trop indolente. Mais il renoncerait à un tel coup d’éclat, ajoutent ces sources, autant par répulsion pour les gesticulations médiatiques que pour entrer de plain-pied dans une coalition solide, groupant nombre de pôles parlementaires ou autres. Toujours est-il que la motion anti-TVA des députés frondeurs agace fortement les haririens. Ainsi M. Fouad Siniora a pris à partie certains de ces signataires, en leur reprochant de vouloir couper les vivres au Trésor, qui cherche à alléger la dette publique, et partant au pays. Les intéressés ont répondu que le redressement économique devrait commencer par une réduction de la note du secteur public, par trop pléthorique. Précisant qu’il y a trop d’administrations et de bras inutiles, trop de dépenses somptuaires, de salaires immérités ou absurdes comme les deux millions de dollars par mois que coûtent à eux seuls les directeurs généraux mis à disposition, c’est-à-dire dont la seule mission est de se tourner les pouces en attendant la paye. Sans compter les parasites de tous rangs refilés au Conseil de la Fonction publique qui ne sait qu’en faire. Comme sans parler des 7 000 soi-disant instituteurs qui ne tiennent pas de classe et que le clientélisme accumulé a fourrés à l’Instruction publique. Ajoutant que la population n’a pas confiance et ne manque jamais de soupçonner l’État de la pressurer pour mieux remplir les poches de certains. Pour les députés, la première démarche de sauvetage devrait donc consister en une réforme de l’Administration comme des mœurs politiques. Abondant dans ce sens, le vice-président de la Chambre M. Élie Ferzli déclare qu’il faut en outre mettre un terme au règne de ce qu’il appelle le cartel du pouvoir, au profit de la réhabilitation des institutions en tant que telles. Il reste que l’autopromotion camériste, visant à redonner du pouvoir au Parlement indépendamment de son chef, en laisse plus d’un dubitatif. Dans la mesure où l’Assemblée nationale, pas plus que le Conseil des ministres, ne peut ou ne sait sortir des rails tortueux tracés par le deus ex machina que l’on sait. Philippe ABI-AKL
La TVA est une incomprise. Le Libanais moyen, qui en a les moyens, ne sait qu’une chose : quand il va au-dehors, on lui en fait débours au retour, à l’aéroport. Ce qui lui permet de s’acheter des cigarettes ou du whiskey à bord. Il ne voit pas pourquoi il va être pénalisé at home quand il en réchappe à l’étranger. La mesure échappe grosso modo à son entendement, lui...