Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Élias Abou Assi : La résistance doit respecter la règle de la territorialité (photos)

«C’est par tâtonnement et en faisant une approche comparative que l’on peut tenter de définir le terrorisme», affirme Élias Abou Assi, professeur de relations internationales à l’USJ. Selon lui, il faut aborder ce problème sous l’angle d’une alternative qui représente «les deux extrêmes» dans les rapports entre les groupes ou les États : la négociation et la violence. La première incarne un moyen considéré comme hautement politique, à savoir la persuasion, qui permet à un groupe donné d’arriver à ses fins par des moyens non violents. L’autre extrême, dit-il, est le recours à la guerre qui permet la réalisation de gains et d’avantages afin de faire aboutir des revendications précises. «Entre ces deux, surgit un troisième élément qui est l’atteinte à des personnes innocentes qui deviennent une cible privilégiée, en l’occurrence les civils», souligne M. Abou Assi. «Ces derniers sont délibérément attaqués par un groupe armé qui tente de faire parvenir un message : c’est la raison pour laquelle on simplifie parfois d’une manière outrancière le terrorisme en prétendant qu’il est le corollaire de l’atteinte ou du préjudice porté aux civils», poursuit-il en expliquant que la guerre ou la guérilla peuvent également prendre pour cible des personnes civiles, à la différence près que la guerre est soumise à des conventions et se plie à des règles auxquelles ont souscrit les États. Mais si la persuasion est caractérisée par le non-recours à la violence comme moyen de pression, il en va autrement pour les actes de guérilla, de terrorisme ou de guerre. «Le terrorisme peut se comprendre comme un substitut de la guérilla, mais un substitut à de moindres frais parce qu’une guérilla doit disposer d’une infrastructure et des ressources de taille alors que le terrorisme peut aboutir aux mêmes résultats sinon plus, notamment au niveau psychologique», explique Élias Abou Assi qui reconnaît par ailleurs qu’une guérilla est, en réalité, une forme de guerre. «La guérilla s’estime libérée des conventions mais, en fait, elle s’identifie à une guerre de commandos». «Quant au terrorisme, il est bien plus qu’un acte, il exprime une intention», relève le professeur. Preuve en est, dit-il, la guerre psychologique qui y est associée. Le terrorisme s’en prend souvent à des symboles significatifs : les attentats contre le World Trade Center et le projet d’attaque contre la Maison-Blanche. Les terroristes visent à asservir et à pousser les victimes, en l’occurrence les gouvernements ciblés, à composer avec eux. Ils cherchent à susciter la panique, à déstabiliser l’économie et la vie quotidienne. Et ce faisant, ils visent à intimider aussi bien le gouvernement que la population rendue vulnérable à la menace. Où se trouve par conséquent la frontière entre résistance et terrorisme ? Il existe des mouvements de résistance qui sont reconnus comme tels, affirme M. Abou Assi en parlant de l’OLP, reconnue comme légitime représentant du peuple palestinien depuis 1974, alors qu’avant cette date, elle était rangée dans le camp des organisations dites terroristes. Selon l’analyste, pour parler de résistance, il faut observer deux règles fondamentales : la première est celle de la territorialité, qui suppose que les résistants ne peuvent mener leurs actions en dehors du territoire dont ils défendent la souveraineté. «Cependant, l’expérience historique laisse prévoir dans des cas aussi spécifiques que complexes (affinités idéologiques, convergences d’intérêts, cibles communes, etc.) la possibilité de contourner la règle de territorialité». Il en va ainsi des services rendus réciproquement, d’actions menées par parties interposées via des groupes et des mouvements dits de lutte nationale, à l’instar de la coopération qui s’était installée entre Baader Meinhof, les Brigades rouges italiennes, l’Armée rouge japonaise ou l’IRA, souligne le chercheur. «Ainsi, dit-il, ce type d’action, qui s’apparente à un “joint-venture” générant une internationale terroriste, ne manque pas de susciter la confusion entre commanditaire(s) et exécutant(s). Il s’agit en somme d’une version toujours occulte du terrorisme connu et médiatisé». Quant à la seconde règle, elle consiste à ne pas s’attaquer aux personnes civiles et aux populations innocentes. «Tant que ces deux critères sont respectés, on ne peut parler de terrorisme», affirme Élias Abou Assi. Le terrorisme aurait-il changé de nature après le 11 septembre ? «Il s’agit d’un terrorisme total face à une cible à laquelle on prête un plan global. Ce qui a changé c’est la sophistication des moyens et la complexité du réseau», poursuit-il. Quant à la cible à laquelle s’est attaqué le réseau Ben Laden, à savoir les États-Unis, il en ressort clairement qu’il s’agit du symbole du nouvel ordre mondial préalablement énoncé par l’ancien président G. Bush. «Il n’y a d’ailleurs aucun doute sur les velléités des USA de s’imposer en tant que puissance mondiale», conclut l’analyste. Je. J.
«C’est par tâtonnement et en faisant une approche comparative que l’on peut tenter de définir le terrorisme», affirme Élias Abou Assi, professeur de relations internationales à l’USJ. Selon lui, il faut aborder ce problème sous l’angle d’une alternative qui représente «les deux extrêmes» dans les rapports entre les groupes ou les États : la négociation et la...