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Actualités - ANALYSES

SOMMET - C’est à la Ligue de décider un éventuel report - Les réticences syriennes sous-tendent les vœux de Berry

Le Liban, promu organisateur de sommets, semble aller de déconvenue en déconvenue. Après le report du sommet de la francophonie par suite des attentats du 11 septembre, c’est le sommet arabe, prévu pour mars, qui se trouve maintenant compromis. On sait en effet que le président de la Chambre, M. Nabih Berry, en pronostique le renvoi sine die. À ce propos, un ancien ministre rappelle que la décision n’appartient pas au Liban. Mais au secrétariat général de la Ligue, après consultation des membres. Or cette instance affirme, par la bouche de son numéro un M. Amr Moussa, que la conférence aura bien lieu, à la date et dans le site fixés. Les préparatifs ont d’ailleurs été enclenchés, il y a une semaine par une délégation de cadres de la Ligue qui ont rencontré à cet effet le ministre des Affaires étrangères, M. Mahmoud Hammoud. Ainsi que le ministre de la Culture, M. Ghassan Salamé, plus particulièrement chargé par le Conseil des ministres de traiter ce dossier. Une façon haririenne, soit dit en passant, de doubler le camp berriyiste dont M. Hammoud est l’un des fleurons. Pour le fond, l’attitude négative du président Berry reflète à n’en pas douter, soulignent en chœur les spécialistes, le désappointement éprouvé par la Syrie à l’issue du dernier Conseil de la Ligue tenu au niveau des ministres des Affaires étrangères. Le communiqué final, qui omettait de mentionner l’intifada, avait été qualifié d’inférieur, pour ne pas dire de fade, par le chef de la diplomatie syrienne, M. Farouk el-Chareh. Selon les professionnels, Damas s’attendrait à des développements rendant encore plus précaire une unité des rangs arabes déjà bien ébranlée. Ces divisions risqueraient d’éclater au grand jour à l’occasion du sommet arabe. Ou de donner lieu à un timide compromis se traduisant par des résolutions tout à fait ordinaires, inadéquates en temps de crise. Ce qui serait un immense service rendu à l’ennemi israélien. D’autant que le rôle, majeur aux yeux de la Syrie, de la résistance active libanaise comme de la révolte palestinienne s’en trouverait étouffé. Par le biais, notamment, d’un appel d’apaisement qui émanerait du sommet, au nom de la reprise des pourparlers de paix. Cela sans compter, ajoutent ces sources, que les durs du camp arabe menaceraient de boycotter la réunion s’ils n’obtenaient pas l’assurance d’une ferme attitude commune face aux défis comme à l’arrogance ou à l’agressivité de Sharon. Un tel mouvement de bouderie de la part de ces pays porterait un coup sévère à la crédibilité de la Ligue, pour le peu qu’elle existe encore. Le report du sommet serait donc dans l’intérêt de tous les membres, en offrant la possibilité de reconstituer une véritable solidarité arabe. Ce qui reste hypothétique. Car la rencontre ne serait ajournée que pour deux ou quatre ou cinq petits mois. Laps de temps pendant lequel, il est possible que rien ne se trouve changé dans le fond. Bien qu’en principe, on devrait se faire une meilleure idée de la situation, à la lumière d’éventuelles nouvelles initiatives américaines. Sur le plan diplomatique du processus, comme dans leur guerre contre le terrorisme international. Un élément d’une importance extrême, puisqu’on parle déjà d’autres cibles potentielles que l’Afghanistan, comme la Somalie, le Soudan, le Yémen. Et surtout l’Irak. Une guerre contre Saddam provoquerait en effet, cette fois, de tout autres réactions arabes qu’en 1991. L’ensemble des membres de la Ligue, en sus des autres pays islamiques, mettent en effet en garde contre une telle attaque, qui serait considérée comme une offense délibérée au monde mahométan. Une agression d’autant plus insupportable que les États-Unis feraient mieux de balayer d’abord devant leur propre porte. C’est-à-dire d’endiguer le plus flagrant, le plus destructeur, le plus meurtrier des terrorismes, celui que pratique l’État hébreu contre les populations palestiniennes. Dans ce cadre, ajoutent les partisans d’un report du sommet, il vaut mieux attendre de voir si Sharon va continuer ses exactions en été, malgré une éventuelle confirmation d’un respect total de la trêve par les Palestiniens : Hamas et Jihad islamique compris. Un maintien de l’actuelle stratégie du gouvernement israélien pourrait provoquer une conflagration régionale généralisée. Auquel cas le sommet pourrait se tenir à tout moment, dans l’urgence. Cependant, bien des parties arabes pensent qu’il n’existe aucune raison valable de reporter le sommet de Beyrouth. Selon les modérés en effet, une telle décision d’annulation ne permettrait pas de sauver la crédibilité de la Ligue. Mais, bien au contraire, de confirmer en quelque sorte l’inutilité de cette instance. De plus, ajoute ce camp, les résolutions finales seraient en tout cas dictées par les circonstances. Si elles restent les mêmes, il aurait été vain d’attendre quatre ou cinq mois de plus. Et si elles changent en profondeur, il faudrait de toute manière réunir de nouveau le sommet. Enfin, localement, des pôles font valoir que le report de la conférence affecterait négativement la position du Liban. Pour une raison subtile : en tant que pays-hôte, il serait diplomatiquement tenu à un rôle de conciliateur entre les durs et les modérés arabes. Et il n’aurait plus à se montrer plus royaliste que le roi. C’est-à-dire à faire des surenchères sur les positions palestiniennes elles-mêmes, en cas d’extinction volontaire de l’intifada. En d’autres termes, il ne serait plus tout à fait logique que la résistance libanaise active se poursuive, partiellement au nom du soutien à la Palestine, au moment où même le Hamas et le Jihad islamique auraient accepté une suspension d’armes. Ces personnalités soulignent que l’attitude actuelle du Hezbollah, toute de défi, soulève déjà des problèmes à l’intérieur où plusieurs courants la critiquent vivement. Quoi qu’il en soit, l’ancien ministre précédemment cité, relève non sans pertinence que la controverse sur le timing du sommet constitue un faux débat. Puisqu’en définitive sa tenue est liée à l’évolution de la situation régionale et qu’il faut attendre pour voir. Il reste cependant que, pour sa part, le Liban ne manquera pas de «coordonner sa position», comme on dit poliment, avec la Syrie.
Le Liban, promu organisateur de sommets, semble aller de déconvenue en déconvenue. Après le report du sommet de la francophonie par suite des attentats du 11 septembre, c’est le sommet arabe, prévu pour mars, qui se trouve maintenant compromis. On sait en effet que le président de la Chambre, M. Nabih Berry, en pronostique le renvoi sine die. À ce propos, un ancien ministre...