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Actualités - REPORTAGES

FETES - Saint Nicolas ou Mar Zakhia, un même personnage mystérieux - La tradition de l’arbre de Noël remonte à saint Boniface

Papa Noël, ne serait-il que ce personnage lointain et mystérieux qui, chargé de présents, vient les distribuer aux enfants et disparaît aussi discrètement que les Mages ? Et comme les Mages, il a une origine obscure. On l’assimile à saint Nicolas, évêque de Myrrhe, ou Myra d’Asie-Mineure, aux IIIe-IVe siècles. Nous lisons dans la biographie de celui-ci que, jeune et riche, il parcourait les rues, la nuit de Noël, sous un déguisement et qu’il rentrait même dans les maisons, pour distribuer l’argent, la nourriture et les vêtements aux nécessiteux ; qu’il aimait surtout venir en aide, secrètement, aux nobles familles éprouvées par le sort. Touché par la grâce, il se retira du monde dans un couvent où il fut le modèle des religieux. Et Dieu lui octroya le don des miracles. On cite, entre autres, l’apaisement d’une tempête et la résurrection d’un matelot foudroyé au cours de son voyage en Terre-Sainte. Mais il est surtout connu pour avoir rendu la vie à trois enfants qu’un boucher avait égorgés et salés pour en vendre la chair ; ce qui donna naissance à la légende de l’ogre, remplaçant le boucher, qui les avaient conservés de la sorte pour sa nourriture. Sa prédilection pour les enfants n’a pas cessé de se manifester par des cadeaux anonymes qu’il leur faisait parvenir, surtout à la fête de Noël, même après avoir été élevé à la dignité épiscopale, jusqu’à sa mort survenue vers 341. Il est bien pensable que papa Noël, avec sa longue livrée rouge et son épaisse barbe blanche, continue l’œuvre de saint Nicolas. Cette idée est corroborée par les milieux anglo-saxons qui ne le connaissent que sous son vrai nom de saint Nicolas, sous la forme de Santa Claus. Mais nous avons du mal à trouver le rapport avec son moyen de locomotion, le traîneau tiré par des cerfs empanachés, glissant à toute vitesse sur les étendues enneigées des pays nordiques, pour aboutir à nos cheminées. À moins de prendre en considération le fait connu que ce grand thaumaturge est également le patron de la Grande Russie, comme il est celui des petits enfants. Cependant, bien avant qu’il ne se charge de la hotte pleine à regorger de joujoux et qu’il pénètre discrètement dans nos foyers pour s’en décharger, il nous était déjà familier. Non seulement une grande basilique de rite byzantin, mais le quartier le plus sélect de notre capitale lui est consacré. Et la Montagne maronite retentit de son souvenir ; les cloches de ses églises ne cessent d’appeler à tout moment les fidèles à la prière. Il est en effet l’un de ses saints patrons les plus profondément enracinés dans le terroir et les plus intimement ancrés au cœur des habitants, de temps immémorial. Plusieurs localités célèbrent sa fête par des festivités qui perpétuent de vieux souvenirs folkloriques : Ajaltoun et Bezhel dans le Kesrouan, Batha et Salhyé dans le Ftouh Kesrouan, Fidar dans le district de Jbeil, et d’autres agglomérations encore. Mais là, il n’est connu que sous le nom de Mar Zakhia, de son nom syriaque «Zakoyo», qui révèle le sens de «Victorieux» dans l’appellation grecque «Nicolas», en y ajoutant celui de «Juste». Nombreuses sont les personnes et les familles qui portent son nom en signe de bénédiction. Mais bien peu de gens savent que Zakhia n’est autre que Nicolas. Cette manie qu’il a de jouer à cache-cache ! Au point que ce qu’il donne de la droite reste inconnu de la gauche! Les origines de l’arbre de Noël Trois à quatre siècles plus tard, naquit, semble-t-il, l’arbre de Noël. Il poussa ses premières racines en Allemagne, dès le VIIIe siècle. À cette époque, les Germains, encore païens, offraient au dieu des forêts des sacrifices sanglants et même des victimes humaines. Un jour, tandis que saint Boniface (680 – 755) parcourait le pays, répandant la parole du Christ, il rencontra des adeptes de cette divinité s’apprêtant à sacrifier un enfant sur un autel dressé au pied d’un arbre. Il se précipita, retira la victime de leurs mains et, avec son éloquence connue, mais non sans peine, il les fit renoncer à leur projet. Il les décida ensuite à couper l’arbre, à le transporter dans la maison du chef, où il fut érigé, décoré de luminaires et de fruits (allusion à l’antique tradition cananéene du cèdre coupé par le roi de Byblos pour en faire le pilier central de son palais – cèdre qui personnifie Adonis). L’arbre du sacrifice païen est ainsi devenu le symbole de la vie, de la paix et de la charité. Les Germains, convertis, perpétuèrent ce souvenir, qui ne tarda pas à passer en Angleterre, patrie d’origine de Boniface, l’apôtre de la Germanie. De là, l’arbre se ramifia dans les pays anglo-saxon, puis en Russie, en France et enfin en Italie, se substituant ou se juxtaposant à la crèche, probablement à partir du début du XVIIe siècle. Il fut mis en parallèle, çà et là, avec le prétendu Arbre de la Croix qui devait sortir de la bouche cadavérique d’Adam. Mais on ne doit pas perdre de vue ses relations avec d’anciens rites agraires. Telle est la version généralement admise. Mais d’aucuns trouvent à l’arbre des racines plus anciennes. Il aurait germé, deux siècles plus tôt, au nord-ouest de l’Europe, et plus précisément en Irlande, et aurait traversé la Manche jusqu’en Gaule. Saint Colomban, rapporte-t-on, apôtre de l’île, a quitté son pays pour venir convertir les Gaulois en 537. Pour réunir les prosélytes la nuit de Noël, il eut recours à des signaux lumineux. Il avisa un sapin sur une colline, y accrocha sur les branches des torches et des lanternes. Ces lumières insolites attirèrent un grand nombre de gens – comme l’étoile à Bethléem – croyants, badauds et curieux. Et ce fut l’occasion d’un beau sermon sur la naissance de l’Enfant-Dieu, qui fit plier le genou aux plus récalcitrants. Mais les esprits critiques ne s’en tiennent qu’à des documents historiquement prouvés. Faisant fi de la tradition, ils sautent d’un bond un millénaire pour donner naissance au sapin de Noël vers la fin du XVIIe siècle, en Alsace, d’où il se serait rapidement transplanté dans les pays nordiques, puis occidentaux. Et pourtant, il est bien connu que Luther lui-même (1483 – 1546), dans une lettre célèbre adressée à son fils, en fait une description émue parmi ses souvenirs d’enfance. Il est sans contredit que le sapin de Noël tient à une tradition scandinave ou allemande; c’est là qu’on en trouve la mention dans les légendes du Moyen Âge. Si la cour, si la noblesse, si les célébrités ne l’ont connu que bien tard, cela n’infirme en rien son usage à grande échelle dans les milieux populaires, depuis des temps assez reculés. Une fois passé le Rhin, on le trouve bien enraciné dans les familles modestes : garni de bougies et de lanternes, orné de pommes et de noix dorées, ombrageant les cadeaux, il groupe autour de lui tous les gens de la maison, patrons et domestiques, et même les étrangers. Il ne fut introduit à la cour de France que vers le milieu du XIXe siècle, illuminant les salons des Tuileries de ses mille feux, justement allumés par les doigts de fée d’une princesse allemande. En Allemagne même, les grands l’ignoraient. On rapporte que Goethe (1748 – 1832) vit son premier sapin de Noël à Leipzig en 1765 : à seize ans, il ne put cacher son émotion d’enfant. Et Beethoven (1770 – 1827), devenu sourd, errait la nuit de Noël dans les rues de Vienne, portant sa mélancolie à la dérive. S’étant égaré dans la forêt, il se réfugia dans une chaumière où il trouva toute la famille réunie autour d’un sapin décoré pour le réveillon. L’émotion lui fit jouer, sur le piano familial, un chant pastoral très simple et très doux. Longtemps inconnu en Angleterre, le sapin de Noël y fut introduit par le prince Albert de Saxe-Cobourg, après son mariage avec la reine Victoria (1837 - 1901). En dépit de ces faits tardifs, le premier sapin de Noël ne perd rien de son mythe sacré : ayant joué son rôle dans l’évangélisation des Germains et des Gaulois, il ne cesse de remplir de joie les cœurs des plus déshérités de par le monde.
Papa Noël, ne serait-il que ce personnage lointain et mystérieux qui, chargé de présents, vient les distribuer aux enfants et disparaît aussi discrètement que les Mages ? Et comme les Mages, il a une origine obscure. On l’assimile à saint Nicolas, évêque de Myrrhe, ou Myra d’Asie-Mineure, aux IIIe-IVe siècles. Nous lisons dans la biographie de celui-ci que, jeune et...