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Actualités - CHRONOLOGIES

SOCIAL - Deux Suisses visitent les centres de Terre des Hommes au Liban - Courir le monde pour les enfants : - la vie passionnante de Serge et Nicole Roetheli

Pour aider les enfants du monde, certains ont recours aux campagnes médiatiques, d’autres à l’engagement dans des associations, d’autres encore aux programmes éducationnels ou autres. Serge Roetheli, lui, n’a que ses jambes. Depuis plusieurs années déjà, cet ancien champion suisse de boxe, âgé aujourd’hui de 47 ans, court le monde, littéralement, pour promouvoir la cause de l’enfance défavorisée, accompagné de son épouse, Nicole, sur sa moto. Un projet fou ? Serge Roetheli n’en a cure. «Je vis ma vie comme je l’entends et si j’ai décidé de parcourir le monde en courant, c’est justement parce que cela est assez original pour attirer l’attention sur la cause que nous servons», dit-il. Serge et Nicole sont arrivés au Liban dimanche dernier pour y visiter les centres de l’organisation suisse internationale Terre des Hommes, à laquelle ils ont consacré les fonds qui seront recueillis grâce à cette seconde «course autour du monde pour les droits de l’enfant». Les yeux très bleus et le regard intense des passionnés, Serge Roetheli donne à tous ceux qui, étonnés, lui demandent la raison de ce choix de vie la même réponse : «J’ai vécu trop longtemps seulement pour moi-même et ma famille, j’ai eu vingt années merveilleuses, j’ai eu la chance de connaître l’amour de mes parents et de suivre des études. C’est pourquoi j’ai décidé un jour de faire quelque chose pour les autres, pour les enfants qui n’ont pas eu cette chance». Serge Roetheli a suivi tout sauf une voie traditionnelle. Pendant douze ans, il a été boxeur traditionnel, avant de se consacrer à une carrière de guide de montagne (une autre de ses passions) durant dix ans. Pendant un intermède de cinq ans, il a été éducateur dans des foyers d’accueil pour jeunes drogués, délinquants et alcooliques. «La course à pied a certainement pris le dessus dans ma vie ces derniers temps», dit-il. Comment fait-il pour changer si radicalement de vie à chaque fois ? «Ma plus grande chance, c’est que j’aime fondamentalement la vie, je suis éternellement passionné et j’arrive à me ressourcer avec un tas de toutes petites choses, confie-t-il. C’est ce qui me permet de prendre conscience que la vie avance, qu’elle est toujours aussi fantastique. Les expériences vécues, les continents qui s’ajoutent aux continents me font ouvrir les yeux sur la beauté du monde. La course n’est pas un but en soi, c’est un outil de travail si je puis dire, un moyen d’aller vers les autres, et peut-être de se découvrir soi-même toujours un peu plus». Pourquoi son choix s’est-il arrêté sur la course ? «Je crois que c’est une longue ligne de vie qui s’est mise en place naturellement, répond Serge. Ce sont aussi les expériences vécues, celle de la séparation de mon couple. Mes deux enfants, une fille qui a seize ans et un fils qui en a quatorze, vivent avec leur maman, avec laquelle je suis resté en bons termes. La souffrance est le prix à payer pour la séparation. D’autres expériences sont liées à la montagne : j’ai vu trop d’alpinistes morts trop jeunes et le décès d’un de mes amis et clients. Tout cela m’a fait ouvrir les yeux sur beaucoup de choses». C’est alors que Serge rencontre la ravissante Nicole, «une femme exceptionnelle, fantastique, entière», qui a tout de suite compris cette énergie qui l’habite, cette «volonté de changer quelque chose à cette vie avant de mourir, peut-être trop jeune aussi». Le couple décide alors de concrétiser cette volonté «non par une action égoïste, mais en nous ouvrant à d’autres», et d’aider les enfants. Vendre un km pour trois dollars ! Mais comment contribuer à une cause mondiale quand on ne possède pas de fortune personnelle et qu’on a fait du sport toute sa vie ? «Beaucoup de musiciens ont donné des concerts caritatifs, explique Serge. Ils emploient leur talent pour une cause. Alors nous avons pensé : pourquoi pas la course à pied ? C’est une nouveauté, c’est excessif, c’est unique, c’est susceptible d’être considéré comme impossible, fou… D’où l’avantage d’une telle entreprise : elle peut devenir un symbole, propre à sensibiliser l’opinion envers une cause donnée». Quels avantages pratiques ? Les exploits effectués par le couple permettent de recueillir des fonds, toujours auprès des sociétés européennes (suisses, françaises…) par des sponsors ou des dons, qui sont mis à la disposition de l’enfance défavorisée. Le premier tour, qui a permis de collecter 150 mille dollars consacrés aux enfants orphelins de Colombie, a englobé l’une des plus longues routes du monde, allant de la terre de feu, en Argentine, jusqu’en Alaska, un «tour des Amériques» en somme. «Nous vendions symboliquement un kilomètre pour trois dollars», précisent Serge et Nicole. Ce tour qui a duré trois ans (de 1995 à 1997) a couvert 24 115 km. De retour en Suisse, le couple a publié un livre (c’est Nicole qui tient le carnet de route) et donné quelque 250 conférences, surtout dans les écoles. «Nous nous sommes rendu compte que le récit de notre aventure faisait du bien autant aux enfants de notre pays qu’à ceux, défavorisés, que nous essayions d’aider», explique Serge. L’actuel tour du monde est effectué en partenariat avec Terre des Hommes. Il est financé par Serge et Nicole ainsi qu’avec l’aide de sponsors et de dons (par un fan club). Mais les bénéfices financiers et moraux reviendront à l’organisation humanitaire dont les deux sportifs visitent les centres dans le maximum de pays où ils se trouvent. Le coureur et la motocycliste se sont lancés de Suisse le 13 février 2000, traversant toute l’Afrique (dont le désert du Sahara) jusqu’en Afrique du Nord (Égypte), et passant par la Jordanie et la Syrie jusqu’au Liban. 12 887 km déjà parcourus et environ 25 000 à venir. Le couple devrait prendre l’avion à partir de Beyrouth pour Bombay, qui marquera le début de leur tournée de l’Asie du Sud-Est. Le Liban, « un pays très ouvert » «Il faut préciser que toutes les distances sont parcourues au pas de course», souligne Nicole. Serge fait 40 à 50 km par jour à une vitesse de 12 km par heure. Comment garde-t-il la forme ? «C’est la motivation, la passion, l’amour de ce que je fais et de ceux pour qui je le fais qui me gardent en forme», répond-il. «Ce sont les mêmes raisons qui m’ont poussé à partir». Les conditions de voyage ne sont pas toujours faciles. Le couple se déplace par n’importe quel temps, le budget ne permet pas toujours l’hébergement dans un hôtel, alors c’est le plus souvent le camping, à moins que des amis ne leur offrent l’hospitalité. Le passage aux frontières n’est pas toujours évident non plus. «Vous imaginez ? Un homme qui court et une femme qui le suit à moto ? Nous paraissons la plupart du temps suspects pour les gardes aux frontières !», raconte Serge. Et Nicole de renchérir : «Je crois que, dans les pays du Moyen-Orient, j’ai causé un effet très fort auprès des hommes parce qu’une femme à moto, c’est quand même rare ici». Abordant le sujet du Liban, Serge et Nicole ne tarissent pas d’éloges sur l’accueil qui leur a été réservé dans ce pays. «C’est le pays le plus ouvert du Moyen-Orient que nous ayons visité jusqu’à présent, disent-ils. Il existe beaucoup de facilités au Liban, au niveau de la langue mais aussi du fonctionnement de vie, qui ressemble à celui d’Europe : restaurants, supermarchés…» Ils ajoutent non sans humour : «Nous regrettons qu’il ne soit pas plus grand !» Le découragement n’est-il jamais au rendez-vous ? Les regrets d’une vie plus confortable ? «Il y a toujours de petits ennuis, des douleurs, explique Serge. Mais c’est un choix de vie qui implique que nous devons accepter un certain seuil de difficultés. Or c’est le moral qui compense : nous sommes tellement motivés que nous ne renoncerons jamais à notre entreprise». Que leur apporte cette activité au plan personnel ? «On ne fait jamais rien uniquement pour les autres, reconnaît Serge. Il faut toujours se trouver un plaisir égoïste dans ce que l’on fait. Pour notre part, nous avons l’avantage de mener une vie passionnante, unique, excessive. Cela nous permet de voyager, de rencontrer des peuples, des cultures et, surtout, la réalité du monde…»
Pour aider les enfants du monde, certains ont recours aux campagnes médiatiques, d’autres à l’engagement dans des associations, d’autres encore aux programmes éducationnels ou autres. Serge Roetheli, lui, n’a que ses jambes. Depuis plusieurs années déjà, cet ancien champion suisse de boxe, âgé aujourd’hui de 47 ans, court le monde, littéralement, pour promouvoir la...