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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-USA - Lahoud répond à l’ambassadeur américain : Le Hezbollah n’a aucune activité supranationale - Affaire Battle : le palais Bustros attend le retour de Hammoud - pour statuer sur les mesures à prendre

La partie de ping-pong post-11 septembre entre Beyrouth et Washington se poursuit encore. Un sujet principal : la résolution 1373 de l’Onu, et un sujet récurrent : le Hezbollah et ses avoirs. Des avoirs dont les USA demandent le gel. Une demande maintes fois refusée par Beyrouth, qui a réclamé de Washington le retrait du Hezbollah de sa liste des organisations terroristes. Dernier épisode en date de ce ping-pong qui commence à ressembler de plus en plus à un dialogue de sourds : les déclarations tonitruantes de l’ambassadeur US à Beyrouth, Vincent Battle. Et les nombreuses réactions que ces dernières ont suscitées, à commencer par celles du chef de l’État, Émile Lahoud. Qui a, une énième fois hier, rappelé la position libanaise concernant le dossier du Hezbollah : un parti qui n’a, selon le locataire de Baabda, aucune activité supranationale. Et dont l’action se limite à la stricte résistance contre Israël. Petit rappel préalable : le diplomate américain, avant-hier chez nos confrères de la LBC, avait dit que les affirmations du président Lahoud, selon lesquelles «le Hezbollah est un groupe aux objectifs purement nationaux qui n’ont pas convaincu les États-Unis. Le Hezbollah est sur la liste des groupes terroristes car il est responsable d’actes terroristes et est capable d’en mener à l’échelle internationale», avait ajouté Vincent Battle. Qui a accusé le parti intégriste d’«entraîner des combattants qui luttent contre Israël, y compris le Hamas et le Jihad islamique. Le Hezbollah doit abandonner le terrorisme (...). C’est une erreur pour des résistants d’user de méthodes terroristes», a-t-il estimé, reconnaissant que le Hezbollah «est devenu une force politique. Mais le problème est qu’il abrite des terroristes», a souligné l’ambassadeur américain. Et à ce sujet, signalons que l’ambassade US a publié hier en soirée un communiqué rectifiant la confusion faite autour de la traduction simultanée d’une des réponses, dimanche à la LBC, de Vincent Battle. Voici d’abord la traduction littérale (faite, naturellement, en arabe) de la chaîne de télévision de Adma : «Lors de mes concertations avec le gouvernement libanais, et lorsque j’ai établi le dialogue – le dialogue est d’ailleurs toujours en cours – avec le gouvernement libanais, nous allons sans doute entrer encore plus dans les détails au sujet des activités du Hezbollah qui dépassent le cadre libanais. Et c’est ce qu’a dit le président Lahoud lorsqu’il a certifié que (ces dernières) étaient limitées au Liban. Sauf que ceci est faux. Il y a par exemple des activités de renseignements». Voici maintenant la traduction «exacte», selon le communiqué de l’ambassade américaine : «C’est un dialogue que nous établissons avec le gouvernement libanais et nous allons le poursuivre en rentrant davantage dans les détails au sujet des activités du Hezbollah. Qui dépassent le cadre libanais. Et à propos de ce qu’a dit le président Lahoud – que les activités du Hezbollah sont limitées au Liban – eh bien tout simplement, nous ne partageons pas ce point de vue concernant le Hezbollah». Bref, quel que soit le cafouillage qui aurait pu avoir lieu, la réaction du chef de l’État ne s’est pas fait attendre. Qui a insisté de nouveau sur la nature de la position libanaise officielle à l’égard du Hezbollah : «Le Hezbollah n’a aucune activité extérieure qui dépasse les limites de la résistance à Israël dans le cadre du conflit arabo-israélien», a dit le général Lahoud – des propos rapportés par ses visiteurs d’hier. Tout en précisant que Beyrouth allait communiquer à l’Onu, dans les très prochains jours à venir, les réponses aux questions posées par le Conseil de sécurité des Nations unies et liées à la résolution 1373 née après les attentats du 11 septembre. Et toujours selon les visiteurs du chef de l’État, ce dernier a également rappelé que dès l’annonce de la résolution onusienne, le Liban avait annoncé sa décision de coopérer pleinement à l’application de la 1373. Mais dans le cadre des constantes nationales fondamentales déjà formulées, notamment en ce qui concerne le conflit arabo-israélien, ainsi que le solide distinguo entre le terrorisme – que Beyrouth condamne fermement – et le droit à la résistance pour la libération du territoire occupé. «D’autant plus que l’occupation est un terrorisme quotidien en soi. Il est même inacceptable que la résistance à l’occupation soit qualifiée d’acte de violence. Et soit ainsi mise au même niveau que les exactions de l’occupant», a ajouté le locataire de Baabda. Soulignant que les instances régionales et internationales sont parfaitement au courant de la position libanaise à l’égard du terrorisme – un dossier que le Liban traite «avec responsabilité et fermeté». Signalons d’autre part que des sources bien informées ont qualifié l’intervention télévisée de l’ambassadeur Battle – qui est survenue, notons-le, trois ou quatre jours avant l’arrivée à Beyrouth (prévue jeudi ou vendredi prochains) du sous-secrétaire d’État US au Proche-Orient William Burns – de «bombe» dont les shrapnels ont directement visé et le chef de l’État et le Hezbollah. Par le biais des accusations lancées contre le parti intégriste, qui consacre ses activités à la libération des fermes de Chebaa occupées par Israël. D’autant plus, ajoutent ces sources, que le général Lahoud soutient le Hezb «parce que ce dernier s’emploie à libérer les terres occupées». Ces mêmes sources indiquent que le contenu des propos de Vincent Battle a été à l’hypercentre des préoccupations des responsables de haut niveau. Et que le ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud, en ce moment à Doha au Qatar, y a participé par téléphone. «Le principal grief à l’encontre de Battle : c’est que ses propos sont sortis du cadre de la courtoisie diplomatique en vigueur entre les différents États et appliquée par les ambassadeurs. Et si tant est que les mots de Battle représentent la position officielle de Washington, eh bien les positions de ce genre doivent rester secrètes. Et être communiquées au président Lahoud, sans que la réponse libanaise – ou sa nature – ne soit divulguée par le biais des télévisions. Si Vincent Battle souhaite suivre les préceptes (et adopter le style US) de la “Public Diplomacy”, eh bien qu’il sache que cela ne peut s’appliquer ni au chef de l’État ni au Hezbollah. Qui bénéficie non seulement du soutien de ce dernier, mais également de celui du gouvernement et de la population dans sa quasi-totalité. Les mots de Battle sont prémédités et l’on ne peut pas garder le silence : ils constituent un précédent», accusent les sources précitées. Qui ont essayé d’expliquer ce qui s’est passé en invoquant «le laxisme qui autorise les ambassadeurs arabes et étrangers en poste à Beyrouth de s’exprimer publiquement sans demander une préalable permission au ministère des AE. Ces ambassadeurs ont connaissance de cela, surtout que c’est un procédé en vigueur dans leurs pays respectifs et dans les pays où ils étaient précédemment accrédités. D’ailleurs, les départements concernés du palais Bustros ont eu l’occasion d’aviser les ambassades, à de nombreuses reprises, de la nécessité d’obtenir une autorisation préalable à toute intervention médiatique de quelque diplomate que ce soit. Et que cette demande a été très peu suivie». Ces sources bien informées n’ont pourtant pas été jusqu’à affirmer que l’intervention télévisée de Vincent Battle puisse générer une crise diplomatique entre Beyrouth et Washington. Ou que l’ambassadeur US puisse être considéré comme persona non grata – et qu’il doive ainsi de facto quitter le pays. Ou que, du moins, l’ambassadeur libanais à Washington soit rappelé à Beyrouth. «Tout cela aurait pu avoir lieu si la situation libanaise n’était pas celle qu’elle est aujourd’hui. Il n’est ainsi pas nécessaire que cela se produise, et il est possible d’attendre le retour, aujourd’hui mardi, du ministre des AE Mahmoud Hammoud, pour statuer sur ce qu’il faudrait faire et sur les mesures à prendre. Après s’être assuré de l’exactitude des propos» de Vincent Battle, ont précisé ces sources bien informées. «Il sera ensuite convoqué au palais Bustros pour être avisé du danger que constituent ses propos – une affaire interne liée à la libération d’une parcelle de territoire occupée par Israël. Il lui sera également rappelé le silence des États-Unis face à cette occupation – et ce malgré les nombreux avertissements faits à l’État hébreu sur la nécessité de cesser la violation de l’espace aérien libanais», ont-elles enfin précisé.
La partie de ping-pong post-11 septembre entre Beyrouth et Washington se poursuit encore. Un sujet principal : la résolution 1373 de l’Onu, et un sujet récurrent : le Hezbollah et ses avoirs. Des avoirs dont les USA demandent le gel. Une demande maintes fois refusée par Beyrouth, qui a réclamé de Washington le retrait du Hezbollah de sa liste des organisations terroristes. ...