Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

Les Américains se méfient toujours de la « piqûre » du Stinger

Les mythiques Stinger, ces missiles américains qui, portés par les moudjahidine, firent des ravages dans l’aviation soviétique en Afghanistan, vont-ils se retourner contre les États-Unis ? Le Pentagone a admis lundi que le Stinger («aiguillon» en anglais) pouvait encore piquer. Les talibans qui résistent dans leur réduit de Kandahar ont tiré des projectiles antiaériens contre les avions américains et «nos aviateurs continuent à voler avec prudence», a déclaré le contre-amiral John Stufflebeem, porte-parole du Pentagone. «Nous savons que ce sont des armes portables sol-air, peut-être des grenades lancées par fusées, peut-être des Sam 7 ou Sam 13 russes, peut-être des Stinger», a ajouté le responsable de l’état-major américain. Les pilotes des appareils américains «qui ne volent pas à très haute altitude» en observent depuis le début des opérations militaires, le 7 octobre, en particulier ces derniers temps autour de Kandahar, a-t-il dit. Les Stinger sont des missiles antiaériens portables à l’épaule qui vont frapper en cherchant la chaleur. La CIA, l’agence de renseignements américaine, en livra des centaines aux moudjahidine combattant l’occupation par l’URSS dans les années 80. Ils permirent aux combattants musulmans d’abattre de 200 à 300 hélicoptères, avions de combats et de transports soviétiques. La CIA tenta de les racheter offrant quelque 100 000 dollars pièce, mais sans grand succès, a rappelé le journal International Herald Tribune. À plusieurs reprises au début de l’opération «Liberté immuable», le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld et d’autres responsables du Pentagone ont mis en garde contre la menace des Stinger ou de missiles russes similaires pour les appareils évoluant à basse altitude, en particulier les hélicoptères. «Nous savons de source sûre qu’il y a au sol un nombre non négligeable de Stinger et de missiles sol-air portables Sam», avait dit M. Rumsfeld le 15 octobre. La phase initiale des opérations militaires, selon le Pentagone, a été consacrée à l’anéantissement des avions et défenses antiaériennes des talibans par des bombardements à haute altitude – donc hors de portée des missiles afghans – ou par des missiles de croisière. La menace de ces «aiguillons», des engins style bazooka très maniables, est cependant imprécise, même si aucun n’a fait mouche depuis des années. Leur nombre même reste incertain. L’historien Samuel Huntington a fait état de «300 à 500 Stinger non répertoriés», mais selon plusieurs analystes militaires le nombre de ces armes aux mains des talibans ne dépasserait la centaine. Plusieurs experts interrogés dans les premières semaines de la guerre ont estimé que la menace existait mais ne devait pas être surestimée. D’une part, il n’est pas sûr que les Stinger de génération ancienne soient bien entretenus (notamment leurs batteries) et que les jeunes talibans sachent bien les manier. De plus, les Américains ont développé des contre-mesures pour détourner les missiles en masquant la source de chaleur des appareils visés ou en déclenchant des leurres sur leurs hélicoptères et leurs avions, note John Pike, spécialiste au centre privé Globalsecurity.com. «L’étendue du danger est incertaine, mais les hélicos soviétiques étaient plus vulnérables», ajoute cet expert. Les contre-mesures ne sont jamais sûres à 100 %, selon Michèle Flournoy : «il y a toujours un risque. Quelqu’un a eu de la chance en 1993 en abattant un hélicoptère américain en Somalie avec un lance-grenades non prévu pour ça», d’après cette experte du Centre d’études stratégiques (CSIS). Dans leurs versions plus récentes, des Stinger équipent plusieurs armées occidentales, à commencer par l’US Army. D’un poids de 5,7 à 15,6 kilos pour 1,5 mètre de long, ils peuvent être lancés d’hélicoptères, de camions ou de l’épaule, touchant des objectifs en l’air à 3 000 mètres d’altitude et jusqu’à 8 km de distance.
Les mythiques Stinger, ces missiles américains qui, portés par les moudjahidine, firent des ravages dans l’aviation soviétique en Afghanistan, vont-ils se retourner contre les États-Unis ? Le Pentagone a admis lundi que le Stinger («aiguillon» en anglais) pouvait encore piquer. Les talibans qui résistent dans leur réduit de Kandahar ont tiré des projectiles antiaériens...