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Actualités - CHRONOLOGIES

Le bâtiment est occupé par près de 24 000 réfugiés - Moscou veut récupérer « à tout prix » - l’ex-ambassade soviétique en ruine à Kaboul

Près de 24 000 Afghans sont réfugiés dans son enceinte, mais le gouvernement russe veut à tout prix reprendre possession de l’ex-ambassade soviétique, pourtant en ruine. Autrefois le symbole de l’occupation soviétique (1979-89), abritant plusieurs milliers de diplomates, des conseillers économiques et militaires et leurs familles, le vaste complexe fait désormais penser aux carcasses de bâtiments de la capitale tchétchène après les bombardements russes. D’énormes blocs de béton laissant apparaître des trous béants entourent le bâtiment, situé au sud-ouest de Kaboul. L’ambassade a été touchée par des bombardements pendant la guerre civile (1992-1996) qui a suivi le renversement du gouvernement prosoviétique de Mohammad Najibullah. «Nous avons examiné le bâtiment que nous possédions sous l’ère soviétique et qui constituait un large espace capable d’héberger des diplomates et du personnel technique. L’ambassade est gravement endommagée», dit Alexander Oblov, le représentant spécial dépêché par le président russe Vladimir Poutine dans la capitale. Dans l’avenir immédiat, la délégation russe dans la capitale afghane, qui compte pour l’instant cinq diplomates, va emménager temporairement dans des locaux situés dans le quartier des ambassades à Wazir Akhbar Khan. Mais des ingénieurs russes doivent prochainement arriver à Kaboul pour reconstruire l’ancien complexe dévasté. Ce travail pourrait durer des mois et coûter des millions de dollars. «Nous avons convenu avec les autorités afghanes d’emménager dans des locaux temporaires, mais nous sommes déterminés à retourner dans l’ancien complexe, et même si cela prendra du temps, il sera remis en état», affirme M. Oblov. Mais auparavant, les Russes devront trouver une solution avec les futures autorités afghanes pour reloger quelque 24 000 déplacés afghans qui avaient été installés dans le complexe il y a deux ans et demi par les talibans après que leurs habitations et leurs champs eurent été détruits par les combats. Ces Afghans, en majorité des Pachtouns, vivent dans des conditions terribles, cinq familles soit 40 personnes vivant dans une pièce. Les bâtiments n’ont plus de fenêtre, pas de chauffage, pas d’électricité ou d’eau courante. Cependant, ces déplacés ne veulent pas rentrer dans leurs villages dévastés. «Nous sommes tous des réfugiés du nord de l’Afghanistan, nous n’avons pas d’argent pour aller ailleurs», dit Hamidullah Khaluzai, un ancien à la barbe blanche. Il y a une semaine, des diplomates russes ont pénétré dans le complexe en convoi escorté par des responsables de l’Alliance du Nord. «Les enfants leur ont lancé des pierres, ils ne sont pas sortis de leurs voitures. Le jour suivant, ils sont revenus avec des soldats en armes et ils ont inspecté le bâtiment principal», explique M. Khaluzai. L’Alliance du Nord, qui a repris Kaboul le 13 novembre à la faveur des bombardements américains, ne semble pas se préoccuper du sort des réfugiés et semble prête à accéder aux demandes du gouvernement russe, qui lui a fourni des armes pendant les cinq dernières années. «Cela appartient aux Russes. Les réfugiés devront être transférés ailleurs», dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de l’Alliance du Nord, Aziz Noorzad, en haussant les épaules. Dostaghir Khan, 45 ans, maudit la Russie et affirme qu’il résistera à toute tentative visant à déloger sa famille. «Les Russes ont tué des millions d’Afghans, nous ne leur avons pas pardonné. Ils reviennent ici sans demander pardon, nous ne quitterons pas cet endroit. S’ils veulent utiliser la force, ils feraient mieux de nous tuer tout de suite», dit-il.
Près de 24 000 Afghans sont réfugiés dans son enceinte, mais le gouvernement russe veut à tout prix reprendre possession de l’ex-ambassade soviétique, pourtant en ruine. Autrefois le symbole de l’occupation soviétique (1979-89), abritant plusieurs milliers de diplomates, des conseillers économiques et militaires et leurs familles, le vaste complexe fait désormais penser aux...