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Actualités - REPORTAGES

Société - Mise en place d’un organisme aux fonctions multiples - Première élection du Comité national pour les handicapés

L’élection du Comité national pour les affaires des handicapés s’est déroulée hier pour la première fois dans une ambiance calme, avec une affluence moyenne jusqu’en début d’après-midi. Bureaux de vote, isoloirs, listes électorales… toutes les composantes des scrutins étaient réunies dans les cinq centres de vote. Cet événement fait date dans l’histoire de l’insertion sociale des handicapés, puisque ce comité élu représente d’une part (et en partie) les handicapés eux-mêmes, et qu’il devrait d’autre part veiller à l’application de la nouvelle loi adoptée le 29 mai 2000 par le Parlement. Dans le cas où elle serait appliquée, cette loi très moderne serait à même d’assurer les droits des handicapés à tous les niveaux, mais la plupart des décrets d’application sont toujours inexistants. L’élection a eu lieu dans cinq centres du ministère des Affaires sociales au Liban : deux à Beyrouth (Arc-en-ciel à Jisr-el-Wati et à Hadeth), un à Tripoli, un à Baalbeck, et un dernier au Liban-Sud. L’enjeu concernait quatre sièges seulement, les titulaires des autres ayant été élus d’office. C’est demain, au cours d’une conférence de presse, que les résultats seront annoncés. Georges Nehmé, directeur des services sociaux au ministère et président du comité organisateur de l’élection, rencontré à Hadeth, explique la faible affluence de l’avant-midi par le fait que, «si certains sont très enthousiastes pour cette nouvelle initiative, d’autres se sentent moins impliqués ou omettent de se déplacer par manque d’habitude probablement». Il déclare avoir beaucoup encouragé les handicapés à se rendre aux urnes parce que «ce comité a été créé pour eux et qu’ils y détiennent une majorité de douze places sur dix-huit qui leur garantit une participation active, malgré les critiques de certains». M. Nehmé poursuit : «L’élection de ce comité est prévue dans le cadre de la loi n° 220, un texte d’une grande modernité. Nous avons reçu beaucoup de félicitations pour cette initiative unique au Moyen-Orient de faire représenter les handicapés par eux-mêmes». Il explique que le comité est formé de 18 membres : quatre d’entre eux sont de hauts fonctionnaires du ministère, choisis suivant les fonctions qu’ils remplissent dans cet organisme. Deux autres membres, des experts (médicaux ou autres), sont désignés directement par le ministre dans un délai de quinze jours après l’élection. C’est sur les douze derniers sièges que porte le vote des handicapés ou des personnes qui sont liées à leur cause. Les membres élus se répartissent en trois catégories : quatre nécessairement handicapés, quatre représentants d’associations de handicapés et quatre d’associations de services pour handicapés. Le ministère est-il satisfait des accords entre les associations qui ont conduit à des retraits de candidatures et à l’élection prématurée de certains membres ? «C’est certainement pratique pour le déroulement de l’élection, mais il faut préciser que ce n’était pas une expression de notre volonté, mais de celle des associations», soutient M. Nehmé. Satisfaction et interrogations Quel sera le rôle du comité ? «Il devra veiller à l’application de la loi et intervenir auprès des administrations qui ne tiennent pas leurs engagements», explique-t-il. «Les membres du comité observeront également la progression sur le terrain et suggéreront des modifications de la législation en cas de problèmes». Interrogé sur le budget, il précise que cet organisme n’en sera pas pourvu, puisqu’il est principalement chargé de mettre au point une politique d’amélioration de la qualité de vie des handicapés, mais que c’est aux plusieurs ministères concernés de réaliser les projets et de les financer. Mais est-ce que ce comité a des prérogatives pour imposer à ces organismes les mesures qu’il juge nécessaires? «Il n’a pas de telles prérogatives à proprement parler», répond M. Nehmé. «Mais à chaque fois qu’un article de la loi devra être mis en application, un décret ou une loi devront être obligatoirement adoptés, ce qui signifie que les administrations n’auront d’autre choix que d’obtempérer». Les rares handicapés rencontrés au centre de Hadeth hier se déclaraient satisfaits de l’élection et de la création d’un tel comité, tout en ne se départant pas d’un brin de scepticisme quant à l’avenir. «Nous sommes venus voter parce que nous estimons qu’il faut choisir nos représentants au sein de cet organisme, et nous espérons que les membres élus de ce comité pourront améliorer nos conditions de vie et faire entendre nos revendications», disaient-ils, presque en chœur. Quelles sont ces revendications ? «L’application de la loi principalement». Des priorités ? «Tous les domaines représentent pour nous des priorités». Cette élection a cependant fait des mécontents. Deux associations, l’Union des handicapés du Liban et l’Union de la jeunesse des non-voyants, ont décidé de boycotter les élections. Sylvana Lakkis, la présidente de l’Union des handicapés du Liban, a critiqué la structure même du comité. «Pourquoi cette double représentation d’individus et d’associations ?», s’interroge-t-elle. «Il ne s’agit pas d’élections parlementaires. Les associations auraient pu remplir ce rôle. Si un individu handicapé est élu, quel intérêt pour les autres ?». Selon elle, «les élections manquent de transparence». «Certaines listes électorales ont été tenues secrètes, les votants ne précisant ni leur nom ni la nature de leur handicap lors du scrutin», assure Mme Lakkis. «Seule la carte de handicapé est exigée quand le sujet se présente, ce qui n’est pas suffisant selon nous». Concernant le fonctionnement futur du comité, elle considère que «les décisions seront prises la plupart du temps par le bureau du comité, formé de sept personnes dont quatre du ministère». Ce boycott n’aura-t-il pas de conséquences négatives sur la relation entre leurs deux associations et ce comité chargé après tout d’appliquer une loi qu’ils ont longtemps soutenue ? «Certainement, mais nous devons exprimer notre point de vue qui n’est pas concordant avec le leur, et nous espérons, avec le temps, modifier la structure même du comité», dit-elle.
L’élection du Comité national pour les affaires des handicapés s’est déroulée hier pour la première fois dans une ambiance calme, avec une affluence moyenne jusqu’en début d’après-midi. Bureaux de vote, isoloirs, listes électorales… toutes les composantes des scrutins étaient réunies dans les cinq centres de vote. Cet événement fait date dans l’histoire de...