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Actualités - CHRONOLOGIES

Beyrouth-Washington - Quatre congressmen dans la région pour aider à une relance du processus de paix - Le Liban invité à donner une définition précise du Hezbollah

Relancer le processus de paix, et donner une nouvelle chance aux négociations : tels devraient être les deux grands thèmes de l’intervention du secrétaire d’État américain, Colin Powell, aujourd’hui lundi, à l’Université du Kentucky. La tournée de quatre membres de la Chambre des représentants, Darrell Issa (Californie), Nick Rahal (Virginie de l’Ouest), John Cooksey (Louisiane) et Brian Kerns (Indiana), qui devrait s’achever dans moins de 48 heures et qui englobe la Syrie, le Liban, l’Égypte, Israël et les territoires palestiniens, vise à baliser le terrain, autant que faire se peut, pour la relance du processus de paix. Les quatre congressmen américains ont effectué une courte escale à Beyrouth, hier matin, durant laquelle ils ont rencontré le président de la République Émile Lahoud, le chef du gouvernement Rafic Hariri et le vice-Premier ministre Issam Farès. À sa sortie de Koraytem, M. Issa a souligné qu’au cours de leur rencontre, le chef de l’État a «transmis un message fort sur la limitation de la portée de l’action du Hezbollah, un message que je transmettrai à mon tour au département d’État». Cette déclaration a suscité un vif émoi dans les milieux politiques libanais. Interrogées sur les propos attribués au chef de l’État, des sources au palais de Baabda ont mis en cause une «erreur de traduction de l’anglais à l’arabe» et «la terminologie de la langue anglaise», réaffirmant dans le même temps la position du président Lahoud, qui souligne que «la Résistance, qui bénéficie du soutien de tous les Libanais, ne peut pas être considérée comme une organisation terroriste, car elle n’opère pas hors du sol national». Et les mêmes sources d’ajouter que M. Issa a bien exposé son point de vue au cours de la conférence de presse tenue à l’AIB avant le départ de la délégation pour Le Caire. En effet, le parlementaire américain d’origine libanaise a déclaré, avant de prendre l’avion, que «M. Lahoud a clairement affirmé lorsqu’il nous a reçus que les objectifs du Hezbollah sont strictement nationaux et nous allons transmettre ce message à l’Administration américaine». «Selon le point de vue du Liban, le Hezbollah ne devrait pas être traité comme une organisation terroriste, car il n’a pas d’activités hors du sol national», a ajouté M. Issa. Le parlementaire américain entend «consulter le département d’État et le Congrès américain pour s’assurer que le Hezbollah ne mène pas d’actions internationales». «S’il ne s’agit pas d’une organisation qui a des activités au niveau international, je crois qu’elle entre alors dans une autre catégorie et nous espérons travailler avec le gouvernement libanais pour nous assurer que le Hezbollah n’est pas une organisation ayant des objectifs internationaux», a-t-il expliqué. Soulignant que «le Liban soutient la guerre contre le terrorisme», M. Issa a salué les efforts du «gouvernement libanais, qui a envoyé 500 soldats au Liban-Sud pour entamer le déminage». «Les autorités du pays tiennent ainsi leur engagement à assurer la sécurité des citoyens», a-t-il ajouté. M. Rahal a pour sa part indiqué que «le Liban est un ami, un allié et un partenaire des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme». «Ce pays a subi les conséquences du terrorisme ; il n’a attaqué personne et il n’a pris personne en otage», a-t-il dit. À la question de savoir pourquoi la délégation n’a pas rencontré des responsables du Hezbollah, M. Issa a déclaré : «Nous n’avons pas demandé à les rencontrer. D’ailleurs, notre séjour au Liban était trop court. Nous nous sommes entretenus avec des personnes qui sont en mesure d’exprimer la position du pays». Pressions sur Washington M. Issa, qui avait déjà séjourné au Liban, avec une délégation du Congrès américain, après les attentats du 11 septembre, a expliqué que sa visite actuelle s’inscrit dans «le cadre d’une tournée régionale», rappelant que le secrétaire d’État américain prononcera un discours important aujourd’hui sur le thème de la relance du processus de paix au Proche-Orient. À la question de L’Orient-Le Jour sur la position des États-Unis au cas où le Liban ne prendrait pas des mesures contre le Hezbollah, M. Cooksey a évoqué le nouvel état d’esprit de l’Américain moyen après les attentats du WTC. S’adressant aux journalistes présents, il a déclaré : «Au World Trade Center, des personnes appartenant à 82 nationalités et des jeunes femmes ayant votre âge et l’âge de mes enfants ont été attaquées ; nous sommes contre le terrorisme, nous éprouvons de la colère contre ceux qui ont attaqué l’Amérique, mais non contre les citoyens libanais». «Nous ne poursuivrons pas ceux qui n’ont pas porté atteinte aux États-Unis», a-t-il poursuivi. M. Rahal a pour sa part relevé que «si le Hezbollah figure sur la liste des organisations terroristes, c’est parce que l’Administration américaine a subi des pressions pour l’inscrire sur cette liste». Et d’expliquer : «Au département d’État et au sein de la CIA, il y a ceux qui ne veulent pas oublier. Ils se réfèrent à des événements passés, auxquels le Hezbollah a été associé». À la question de L’Orient-Le Jour sur le point de savoir ce qu’il faut faire pour que les États-Unis oublient le passé du Hezbollah, le congressman Issa a évité de répondre, déclarant : «Je ne suis pas là pour parler du passé». M. Rahal a encore relevé que le président Bush a bien parlé de «terrorisme mondial». M. Issa a souligné que le Liban «doit donner une définition précise du Hezbollah et de ses activités». Ce sont les autorités du pays qui devraient s’assurer si le Hezbollah est une «organisation aux objectifs internationaux ou locaux, et si elle œuvre dans ce pays conformément aux règlements des Nations unies et aux lois internationales». Et de poursuivre : «Je pense que votre gouvernement est capable de prendre ce genre de décision et d’entreprendre des consultations appropriées avec les États-Unis». «Nous allons rapporter à notre gouvernement le point de vue libanais, selon lequel le Hezbollah est une organisation locale qui n’opère pas hors du territoire libanais», a-t-il assuré. En réponse à une question relative au conflit israélo-palestinien, M. Rahal a déclaré : «Nous sommes ici en tant que membres du Congrès et chacun de nous a ses propres idées ; nous tenons à préserver notre amitié avec Israël et nous reconnaissons son droit d’exister en tant qu’allié ; cela ne devrait cependant pas nous empêcher de critiquer les amis quand ils commettent des actes qui ne sont pas dans l’intérêt de notre pays». Prenant la parole, M. Kerns a évoqué le processus de paix dans la région, en soulignant : «Nous avons une opportunité historique pour relancer le processus de paix. Plus que jamais, toutes les nations sont unies pour condamner la violence». «C’est là un nouveau début, une opportunité unique ; l’Amérique a changé ; elle sait ce que sont la violence et la peine qu’elle engendre», a-t-il ajouté. À l’issue de la conférence de presse, la délégation du Congrès, qui rapportera la teneur de ses consultations au Comité des relations internationales de la Chambre des représentants, a quitté à bord d’un avion privé Beyrouth pour Le Caire. Patricia KHODER
Relancer le processus de paix, et donner une nouvelle chance aux négociations : tels devraient être les deux grands thèmes de l’intervention du secrétaire d’État américain, Colin Powell, aujourd’hui lundi, à l’Université du Kentucky. La tournée de quatre membres de la Chambre des représentants, Darrell Issa (Californie), Nick Rahal (Virginie de l’Ouest), John...