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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Colloque - Première journée audiovisuelle sur l’information de la population - Une gageure pour la presse : combler le fossé entre l’Administration et le public

L’administration publique a mauvaise presse au Liban. C’est sans doute un peu la faute des journalistes, mais aussi celle des fonctionnaires eux-mêmes qui ne savent pas, ne veulent pas ou ne peuvent pas évoquer le travail qu’ils accomplissent. C’est d’ailleurs pour tenter de combler l’immense fossé entre l’Administration de l’État et le citoyen que s’est tenue, sur l’impulsion du ministre du Développement administratif, Fouad Saad, la première journée audiovisuelle sur l’information administrative au Liban. Douze travaux ont été présentés et débattus et si les journalistes sollicités ont reconnu avoir souvent eu «de bonnes surprises» au hasard de leurs recherches, entre les citoyens et les fonctionnaires, le malentendu est encore profond. Malgré les efforts du Pr Antoine Messarra, véritable organisateur et âme de cette journée audiovisuelle réalisée en collaboration avec l’Union européenne, la salle de travail au palais de l’Unesco est restée divisée : d’un côté les fonctionnaires qui défendaient bec et ongles leur travail, considérant souvent que les critiques qui leur sont adressées sont injustes et simplistes et, de l’autre, les journalistes qui se faisaient essentiellement l’écho de l’opinion publique. Entre les deux, le ministre du Développement administratif Fouad Saad et son équipe ainsi que le Pr Messarra tentaient de dégager de tout cet antagonisme un plan de travail destiné à familiariser les individus avec leur Administration. Le premier constat, effectué par le Dr Toni Atallah – auteur de plusieurs enquêtes sur le terrain dans ce domaine –, est que l’information administrative est pratiquement inexistante dans les médias libanais. En tout cas, les sujets sont souvent traités dans le cas de scandales ou d’anomalies découverts dans certaines administrations ou alors lorsque les ministres concernés souhaitent promouvoir certains projets. Le ministre de l’Information, Ghazi Aridi, responsable donc de l’information officielle, a pratiquement abondé dans ce sens, insistant toutefois sur la nécessité de distinguer le politique de l’administratif. Selon lui, si les questions politiques font l’objet de polémiques, les questions administratives doivent rester indépendantes puisqu’elles touchent aux problèmes des citoyens. M. Fouad es-Saad a commencé par rendre hommage aux fonctionnaires qui effectuent, selon lui, un travail immense et il a ensuite exposé les projets de développement au sein de son ministère : notamment la modernisation de l’Administration, la formation des fonctionnaires et un programme de communication, destiné aux citoyens. Dans le cadre de ce programme, le ministère publie régulièrement un bulletin disponible dans tous les bâtiments administratifs. L’ambassadeur de l’Union européenne, M. Patrick Bernard Renauld, a souligné le fait que l’Administration demeure un univers inaccessible aux citoyens. C’est pourquoi il faut non seulement la moderniser, mais aussi l’expliquer, afin de combler le fossé qui la sépare des individus. M. Pierre Janin, conseil en communication et ancien journaliste de renom, a reconnu le fait que, pour les journalistes, l’Administration n’est pas un sujet valorisant et ils préfèrent donc aborder des thèmes plus alléchants. Films à l’appui, il a toutefois montré la nouvelle approche en France des sujets administratifs, notamment ceux de l’Institut national de consommation, traités de manière ludique et diffusés par la chaîne publique à une heure de relative grande écoute. Aujourd’hui, les journalistes ont compris qu’il fallait se mettre à la place de l’usager et lui expliquer ses droits, ses devoirs et les formalités à accomplir ainsi que les avantages qu’il peut en tirer. Selon M. Janin, l’Administration française choisit de plus en plus les méthodes des entreprises privées et ça marche mieux. Maintenant, écrire un article sur un thème administratif n’est pas toujours évident. D’une part, parce qu’il y a une terminologie spécialisée et, d’autre part, parce que les sujets sont en général peu attrayants et qu’il faut un certain talent pour les rendre intéressants aux lecteurs. La première conclusion est qu’il faut miser sur l’aspect pratique, ensuite c’est à chaque journaliste de faire ses choix. Enfin, la plupart des journalistes qui ont présenté hier leurs travaux ont soulevé deux problèmes : d’abord la difficulté d’écrire un article élogieux sur un département administratif sans paraître tendancieux et celle d’avoir accès aux informations. Mais l’élément le plus important dans le travail des journalistes est la découverte de plusieurs aspects positifs dans les sujets traités. Comme quoi, si on cherche on trouve. Encore faut-il être motivé pour chercher et surtout décider de promouvoir les efforts de modernisation, au lieu de s’étaler longuement sur les failles et les lacunes. Mais a-t-on le droit de le faire tout en restant fidèle à l’éthique du métier ? C’est justement cet équilibre difficile qu’il faut que journalistes et fonctionnaires apprennent à trouver ensemble.
L’administration publique a mauvaise presse au Liban. C’est sans doute un peu la faute des journalistes, mais aussi celle des fonctionnaires eux-mêmes qui ne savent pas, ne veulent pas ou ne peuvent pas évoquer le travail qu’ils accomplissent. C’est d’ailleurs pour tenter de combler l’immense fossé entre l’Administration de l’État et le citoyen que s’est tenue,...