Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

vie politique - L’entente entre les dirigeants ne suffit pas - Les nominations, pomme de discorde - sur la scène locale

Le gentleman’s agreement entre les trois présidents, c’est bien, mais ce n’est pas assez. Ils ne sont pas seuls, en effet, à occuper l’espace d’influence réservé à la classe politique au sein de l’Administration. Aussi les nominations en gestation risquent-elles de provoquer de sévères tiraillements internes. Et d’empoisonner le débat budgétaire, priorité majeure. Par voie de conséquence, beaucoup de pôles conseillent au gouvernement d’effectuer un petit tour de piste, afin de s’assurer que les désignations passent sans trop de casse. Au cas où les résultats de ce sondage de précaution devraient s’avérer négatifs, le pouvoir serait invité à geler le mouvement administratif. À le renvoyer sine die, probablement aux calendes grecques. Ce qui, à en croire ces personnalités, serait un moindre mal, l’essentiel étant de préserver l’unité des rangs, la stabilité politique du pays, dans cette phase critique, dangereuse, de l’histoire régionale. Détaillant leur point de vue, aussi sceptique que pessimiste, ces sources expérimentées mettent l’accent sur les appréhensions suivantes : – Les pôles ou les groupes dépités par des désignations qui ne leur auraient pas fait la part belle se déchaîneraient contre le gouvernement lors du débat budgétaire. Qui, de forum démocratique, se transformerait en arrière-cour pour de sordides règlements de comptes, mettant à mal le climat de solidarité nationale dont le pays a besoin. D’une manière d’autant plus nocive que l’on s’en prendrait directement au budget, pivot économique primordial, pour saper la confiance des Libanais dans le plan de redressement gouvernemental. Dont on exigerait de sérieuses modifications, comme l’abolition de la surtaxe de 3 000 LL sur l’essence. – Dans le même esprit, on ferait traîner en longueur le débat parlementaire, alors que le gouvernement a besoin d’aller vite en besogne. Pour lancer les chantiers de développement, afin de ranimer un peu l’économie. Et pour tenter de garder quelques chances d’organiser Paris II, conférence moratoire extrêmement importante au regard de l’allègement d’une dette publique qui saigne à blanc le Liban. – Avant même de pénétrer sur le ring de la place de l’Étoile, l’Exécutif pourrait se trouver contraint à un bazar de marchandages politiciens serrés, pour neutraliser les mécontents potentiels. Afin que ces derniers ferment les yeux sur des nominations administratives qui auraient lésé leurs intérêts propres, il faudrait leur proposer diverses compensations coûteuses. Dont des crédits gonflés pour leurs circonscriptions, ce qui entraînerait automatiquement une flambée générale de ce poste de dépenses publiques. Alors que le but est de comprimer ces frais, afin de maintenir le déficit dans les limites des 40 %. Et d’éviter un crash social, l’an prochain. – À ce propos même, une petite parenthèse s’impose. Sans s’embarrasser de logique ou de bonne foi, nombre d’adversaires du gouvernement en exigent une chose et son contraire, afin de le désarçonner. Ils lui enjoignent en effet de réduire le déficit budgétaire et, en même temps, de débloquer massivement des fonds pour leurs régions. Tous les arguments sont bons, dans ce cadre. On entend ainsi plusieurs voix vertueuses s’étonner que le pouvoir n’ait pas encore dégraissé le mammouth en mettant à pied les surnuméraires parasites de l’administration. Et les mêmes, soucieux d’équité, soutenir que nul ne doit être exclu sans que son dossier n’ait été d’abord passé à la loupe par les organismes de contrôle, dont le Conseil de la fonction publique. Organismes qui se plaignent de manquer de moyens. Surtout s’il s’agit, comme on le leur demande, non pas d’élaguer à tour de bras et à l’aveugle, mais de procéder à une vaste opération de triage. Pour renvoyer les uns et muter les autres, en fonction des besoins des administrations dont certaines manquent d’effectifs alors que d’autres en ont trop. D’ailleurs, le problème ne s’est même pas posé à ce niveau. Car la plupart des ministères ou des offices autonomes se sont abstenus de présenter leurs listes de surnuméraires comme on le leur avait demandé. Les éléments qui ont quand même été refilés au Conseil de la fonction publique se tournent actuellement les pouces, en continuant à percevoir leurs traitements, en attendant de nouvelles affectations. Un laisser-aller du reste coutumier : le projet de loi réduisant les budgets de la présidence de la République et de la présidence du Conseil dort pieusement dans les tiroirs. De même que la proposition de loi diminuant de 25 % les émoluments des députés, actuels ou anciens. On ignore, par ailleurs, ce que sont devenues les études commandées au département des Finances au sujet de l’énorme paquet salarial que certaines institutions semi-publiques coûtent au Trésor. Qui fait toujours face à un mouvement effréné de gaspillage dans les administrations. Tous ces faits constituent autant de thèmes d’attaque faciles contre le gouvernement. Si les nominations administratives devaient déplaire à certains.
Le gentleman’s agreement entre les trois présidents, c’est bien, mais ce n’est pas assez. Ils ne sont pas seuls, en effet, à occuper l’espace d’influence réservé à la classe politique au sein de l’Administration. Aussi les nominations en gestation risquent-elles de provoquer de sévères tiraillements internes. Et d’empoisonner le débat budgétaire, priorité...