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Actualités - CHRONOLOGIES

Banditisme - Un commerce qui rapporte des sommes faramineuses - aux professionnels mafieux - 142 946 voitures volées depuis 1975

Après avoir été le passage incontournable entre l’Europe et le Moyen-Orient du commerce des voitures volées, le Liban est actuellement le centre incontesté de ce commerce dans cette partie du monde. Selon les statistiques établies par les services de sécurité, le nombre des voleurs de voitures au Liban ne dépassait pas les 60 en 1975, alors que, vers la fin du deuxième millénaire, il se chiffrait à 3 488. Ceci, bien entendu, sans compter la centaine de professionnels mafieux qui transitent, chaque année, entre l’Europe, le Canada et le Liban. Selon les rapports d’Interpol, 3 millions 641 mille voitures, d’une valeur totale de 27 milliards de dollars américains, auraient été volées en 2000 dans le monde. Le Liban accueille, lui, quelque 3 488 voleurs de voitures, affiliés à des bandes internationales organisées et ayant pignon sur rue, au même titre que n’importe quelle multinationale. Ces bandes, qui possèdent dans leurs rangs quelques-uns des plus grands criminels du monde, se consacrent au vol des voitures les plus luxueuses et les plus demandées. Elles ont recours à des moyens ultramodernes et possèdent un réseau de revendeurs disséminés aux quatre coins du monde. Leurs opérations sont effectuées avec une rigueur quasi militaire et leurs agents sont équipés du dernier cri en matière de télécommunications. Elles possèdent en outre une flottille de cargos et même d’avions de transport géants. Il y a près de trois décennies que ces bandes, affiliées à la mafia internationale, ont commencé à prospérer au Liban, transformant le vol des voitures d’un travail de nécessiteux en une opération lucrative pour gosses de riches et truands de haut vol. Leurs affaires prospérant grâce à leurs nouvelles alliances internationales et, la guerre aidant, les voleurs de voitures locaux n’ont pas tardé à dépasser le cadre plutôt étriqué du Liban pour étendre leurs tentacules à tout le Moyen-Orient, puis à l’Italie, l’Allemagne, la France, l’Angleterre, la Belgique, les Pays-Bas et même le Canada. Au début, le vol des voitures au Liban était en quelque sorte une espèce de hobby réservé aux truands de petite envergure qui arrondissaient ainsi leurs fins de mois difficiles, au risque, bien entendu, de passer quelques semaines en prison, la loi libanaise considérant leur activité comme étant un simple délit. Actuellement, quoique le vol des voitures ait avancé en grade aux yeux de la loi libanaise pour gagner ses galons de crime puni de trois ans de prison, cette activité illicite mais pourtant hautement lucrative s’est étendue aux milieux aisés et instruits, appâtés par un gain facile et substantiel. Prenant de l’ampleur, la contagion de ce «commerce sans capital» n’a pas tardé à gagner certains fonctionnaires véreux qui se sont attelés à faciliter les formalités d’entrée, de sortie et de vente des véhicules volés. Ce sont évidemment des fonctionnaires des douanes, de l’immatriculation des véhicules et des frontières qui, les premiers, ont commencé à montrer les symptômes du mal. Pris sur le fait, certains devaient faire l’objet de poursuites judiciaires. Le vol des voitures ne devait pas longtemps demeurer l’apanage des hommes, et de nombreuses représentantes du sexe faible n’ont pas hésité à s’y frotter. Des enquêtes ont conclu à la culpabilité de cinq d’entre elles, qui ont aussitôt été arrêtées. Comment écouler une voiture volée Il existe deux manières d’écouler une voiture «chaude». La première consiste à changer les numéros du châssis et du moteur, afin de lui «créer une virginité» en prélude à sa vente. Les agents de la police judiciaire qui ont effectué des descentes dans certains garages ont saisi un matériel sophistiqué destiné à cette opération. La seconde manière consiste tout bonnement à démonter le véhicule pour le revendre en pièces détachées. Au niveau des statistiques, il est difficile de donner le nombre exact des voitures volées au Liban, les archives des Forces de sécurité intérieure ayant été, pour la plupart, détruites durant la guerre. Néanmoins, les registres du parquet indiquent que 142 946 vols de voitures ont été signalés durant la période s’étendant entre le début 1975 et la fin de septembre 2001, comme suit : 1975 : 2 237, 1976 : 4 156, 1977 : 4 618, 1978 : 4 313, 1979 : 5 005, 1980 : 4 614, 1981 : 5 199, 1982 : 7 653, 1983 : 6 368, 1984 : 4 711, 1985 : 4 987, 1986 : 4 326, 1987 : 4 653, 1988 : 3 791, 1989 : 4 119, 1990 : 4 200, 1991 : 4 157, 1992 : 5 143, 1993 : 5 781, 1994 : 6 143, 1995 : 5 855, 1996 : 6 449, 1997 : 7 111, 1998 : 6 452, 1999 : 5 979, 2000 : 7 815 et 2001 : 7 110 (jusqu’à fin septembre). Par contre, seules 2 799 personnes ont été arrêtées entre 1989 et 2000, comme l’indique le décompte suivant : 1989 : 210, 1990 : 223, 1991 : 328, 1992 : 400, 1993 : 278, 1994 : 197, 1995 : 176, 1996 : 201, 1997 : 213, 1998 : 186, 1999 : 169 et 2000 : 217. Le nombre décroissant d’individus arrêtés est essentiellement dû à la fuite des voleurs de voitures vers les jurds de la Békaa et les camps de réfugiés palestiniens où ils trouvent refuge. Quand elles ne sont pas revendues, les voitures volées sont transformées en engins meurtriers placés à des endroits stratégiques en vue de causer le plus de dégâts possibles. Parmi les cibles des attentats à la voiture piégée les plus tristement célèbres figurent : – ambassade d’Irak : 64 morts et 112 blessés. – ambassades des États-Unis à Aïn el-Mreyssé : 64 morts et 167 blessés, puis à Awkar : 17 morts et 29 blessés. – le camp des Marines à proximité de l’aéroport : 241 morts et 267 blessés. – le camp militaire français à Jnah : 46 morts et 81 blessés. – le président René Moawad et le mufti cheikh Hassan Khaled. Au total, 400 voitures volées ont été piégées, tuant 3 340 personnes et en blessant 6 786. Les spécialistes ont estimé à 25 tonnes le poids total des explosifs utilisés dans ces attentats.
Après avoir été le passage incontournable entre l’Europe et le Moyen-Orient du commerce des voitures volées, le Liban est actuellement le centre incontesté de ce commerce dans cette partie du monde. Selon les statistiques établies par les services de sécurité, le nombre des voleurs de voitures au Liban ne dépassait pas les 60 en 1975, alors que, vers la fin du deuxième...