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Actualités - REPORTAGES

PATRIMOINE - « Chantier-école » pour des stagiaires libanais sous la direction de spécialistes italiens - Opération sauvetage des peintures murales - de l’église de Saydet Qannoubine

Depuis trois semaines, deux Italiens, spécialistes en restauration et consolidation des peintures murales, travaillent avec dix stagiaires à Saydet Qannoubine pour consolider les peintures murales ornant l’abside, les absidioles et le mur nord de l’église. Ces représentations datant du XVIIe siècle étaient dans un très mauvais état de conservation, surtout le «Couronnement de la Vierge», sur le mur nord dont la partie inférieure est écaillée. Ce projet de restauration a été lancé suite au classement de la vallée, par l’Unesco, sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité. La Direction générale des antiquités avait alors présenté le projet de restauration ainsi qu’une demande de fonds au centre du Patrimoine mondial et au bureau régional de l’Unesco. Le projet ayant été retenu, les spécialistes italiens, rattachés à l’Icrom, sont venus travailler sur le site. Dix universitaires participent à cette campagne. Pour eux, il s’agit d’un stage de formation aux techniques de restauration et de consolidation des peintures murales. Mme Isabelle Skaff, responsable du laboratoire de restauration à la Direction générale des antiquités, explique que «le but à long terme est de former une équipe libanaise de restaurateurs en peinture murale, pour sauver ce volet menacé du patrimoine. Certes, ce stage n’est qu’une première étape sur un long parcours mais le pays a besoin de cette spécialisation. En fait, il est même prévu d’aider ces personnes à compléter leurs études à l’étranger». Pour les stagiaires, «ce chantier-école» à Saydet Qannoubine est très formateur, car les peintures sont réalisées suivant trois techniques et présentent différents problèmes, ce qui leur permet de s’initier à de multiples méthodes de travail pour le traitement et la consolidation des peintures. Avant de débuter ce chantier, les spécialistes de l’Icrom sont venus en février faire des prélèvements de peinture pour les analyser au laboratoire et choisir les produits en fonction de l’examen. La consolidation, un travail de fourmi Carlo et Donatella Dantomassi sont professeurs au prestigieux Institut central de restauration à Rome, et travaillent dans ce secteur depuis plus de vingt ans. La peinture murale n’a plus de secrets pour eux. Du Vatican à Assise, du Tibet au Kosovo en passant par les tombes royales en Égypte, ces spécialistes, d’une modestie extraordinaire, se donnent à fond pour leurs stagiaires. Avec eux, ils ont commencé depuis trois semaines le nettoyage et la consolidation des peintures de l’abside et des absidioles. Ces peintures à l’huile présentent deux problèmes : elles sont recouvertes d’une couche noirâtre et sont écaillées dans certaines parties. «La couche noirâtre, c’est de la saleté accumulée à cause de l’encens et des flammes des bougies qui ont même brûlé la peinture dans certains endroits, souligne Dr Dantomassi qui poursuit : «les peintures ont été nettoyées et les couleurs réelles sont de nouveau apparentes. Dans la partie nord de la représentation, les peintures ont été écaillées à cause de l’humidité des parois rocheuses auxquelles elles sont accolées. Elles ont été fixées et consolidées sur l’enduit». Pour ces représentations écaillées, les restaurateurs ont ajouté de petites retouches avec de l’aquarelle qui est réversible afin d’harmoniser l’ensemble. Mis à part ces deux traitements, un autre s’est avéré nécessaire pour ces peintures. Il a fallu consolider la couche picturale à l’enduit en y injectant à la seringue un liant. Toutefois, afin de préserver ces peintures, il est indispensable d’en éloigner l’éclairage : les feux des projecteurs sont en effet orientés sur l’enduit qu’ils chauffent et fissurent ! Par ailleurs, l’équipe a travaillé sur le Couronnement de la Vierge, une grande peinture murale datant du XVIIe siècle ornant le mur nord de l’église. Sur cette représentation, la Vierge est peinte assise sur son trône, entourée par les anges et tous les patriarches maronites agenouillés à ses pieds. Toutefois, l’image est dans un état de dégradation tellement avancé qu’il est devenu impossible d’identifier les personnages ou de lire les inscriptions. À cause de l’humidité, la peinture écaillée est tombée en certains endroits. Les restaurateurs ont fixé et consolidé la peinture dans les parties restantes. Hormis ces restaurations, cette équipe a découvert sur les bases des piliers de nouvelles peintures qui étaient recouvertes par une fine couche d’enduit à l’eau de chaux. Ce stage de formation prend fin aujourd’hui, mais la fixation des peintures reste inachevée. Trois semaines, c’est en fait très court pour une telle tâche. Cependant, les restaurateurs italiens assurent que l’équipe est très bien entraînée pour poursuivre cette mission toute seule. «Il ne s’agit pas de diagnostiquer et d’analyser les problèmes de la peinture murale mais tout simplement de poursuivre la fixation des couleurs à la surface», affirme le Dr Dantomassi. Il serait dommage de rater cette chance pour la préservation des peintures. Cette équipe formée sur les lieux a besoin de fonds pour poursuivre l’action qu’elle avait entamée avec les spécialistes. Si les sommes nécessaires à ce travail sont avancées, la restauration architecturale du monastère et celle des peintures pourront être terminées en même temps.
Depuis trois semaines, deux Italiens, spécialistes en restauration et consolidation des peintures murales, travaillent avec dix stagiaires à Saydet Qannoubine pour consolider les peintures murales ornant l’abside, les absidioles et le mur nord de l’église. Ces représentations datant du XVIIe siècle étaient dans un très mauvais état de conservation, surtout le «Couronnement...