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Actualités - CHRONOLOGIES

PATRIMOINE - Une mission japonaise assure la prospection dans la région de Tyr - Les dernières nouveautés technologiques - au service de l’archéologie

À Tyr, ville classée par l’Unesco sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité, les archéologues prennent leur temps pour assurer la meilleure sauvegarde des vestiges archéologiques. Photos tridimensionnelles et prospection dans toute la région se poursuivent depuis trois ans avec la mission japonaise de l’université de Nara. Son directeur, Tackuma Izumi, archéologue spécialiste de la période romaine, explique que, «lors de cette campagne, sa mission a effectué des relevés tridimensionnels des sites archéologiques de Tyr». Les relevés ont été réalisés suivant une technique ultramoderne appliquée pour la première fois au Liban. «Le “Laser Profiling System” permet d’obtenir des photos tridimensionnelles des édifices avec des relevés exacts. Car les coordonnées sont fixées par deux satellites, et nous avons en fait opté pour le DGPS, au lieu du GPS, car il est plus performant», explique-t-il. Mis à part l’intérêt scientifique des relevés des édifices et la réalisation d’une carte exacte du site, corrigeant ainsi l’ancienne, ces photos tridimensionnelles sont importantes pour la vulgarisation de l’archéologie. «En fait, ces photos permettent la conception d’un logiciel d’archéologie virtuelle sur le site de Tyr. Ainsi, toute personne intéressée peut voir les différents édifices dans tous leurs angles et à leurs dimensions exactes», indique Dr Izumi. Il est à noter que cette technique ultramoderne utilisée à Tyr est encore à un stade d’essai dans le monde entier et se perfectionne tous les ans. Étant donné que les archéologues japonais ont initié leurs collègues libanais à cette technique, ils ont décidé de leur offrir le matériel nécessaire au travail. Il sera acheminé vers le pays du Cèdre en 2002-2003, et l’université de Nara ayant subventionné le projet compte même assurer les fonds pour former une équipe capable de travailler sur ces nouvelles machines. La collaboration libano-japonaise dans le secteur de l’archéologie remonte à trois ans, et a débuté dans la prospection de la zone de Tyr. Prospection pour un plan d’aménagement de la ville La ville de Tyr vit une grande expansion urbaine. Immeubles et routes gagnent du terrain au Sud, région réputée pour être riche en vestiges archéologiques. D’où la nécessité de délimiter les zones potentiellement intéressantes. Le travail de la mission japonaise, en collaboration avec la Direction générale des antiquités, s’inscrit dans cet objectif. La carte archéologique de Tyr et de sa région se dessine un peu plus tous les ans. Pour cette année, la zone prospectée est celle du tell Maachouk, où ont été effectuées deux fouilles auparavant. La première remonte au XIXe siècle, des vestiges des périodes croisée, romaine et hellénistique ont été signalés. Et la seconde fouille, de sauvetage, a eu lieu en 1998, quand une équipe de la Direction générale des antiquités avait découvert une «favissa» remontant à la période hellénistique. Dans cette petite salle accolée à un temple où étaient entreposés les anciens ex-voto, les archéologues ont déterré un grand nombre de statuettes en terre cuite. Certaines sont exposées au Musée national. Lors de la prospection de cette année, les archéologues ont trouvé des pans de mosaïques éparpillés dans la région. M. Isumi pense «qu’il s’agit du sol d’une grande villa romaine construite en dehors de la ville». D’ailleurs, cette époque est largement présente à Maachouk où une partie de l’aqueduc est encore conservée, tout un quartier est d’ailleurs construit dessus. Les pans de mosaïques ne sont pas la première découverte de la mission japonaise qui avait travaillé l’année passée dans les hypogées romains au sud de la ville. Sa collaboration aux fouilles de ces tombes et à la réalisation de leur inventaire avait permis à la DGA de présenter une demande de protection du site nécessitant une déviation de l’autoroute prévue. Et elle a obtenu gain de cause. «Grâce aux cartes réalisées à partir de ces prospections, nous allons pouvoir délimiter les secteurs archéologiques en dehors de la ville et achever le plan d’aménagement en collaboration avec la Direction générale de l’urbanisme et la municipalité de Tyr», explique M. Ali Badawi, archéologue responsable du bureau de Tyr à la DGA. «Toutes les zones archéologiques signalées seront classées selon trois critères. Le premier concerne les parcelles de terrains riches en vestiges archéologiques. Elles seront délimitées, achetées pour être transformées en parcs publics et protégées par des décrets ministériels interdisant toute fouille. La gestion de ces parcs sera accordée à la municipalité. Dans les autres secteurs, situés à proximité de la ville et essentiels pour son développement économique, des fouilles de sauvetage auront lieu avant la livraison du permis de construction. Évidemment, les vestiges les mieux préservés sont ceux qui se trouvent dans la réserve naturelle de Tyr, où toute forme d’intervention humaine est prohibée». La meilleure technique de sauvegarde des vestiges consiste en fait à ne pas y toucher et à les laisser ensevelis afin que les générations futures décident de leur sort.
À Tyr, ville classée par l’Unesco sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité, les archéologues prennent leur temps pour assurer la meilleure sauvegarde des vestiges archéologiques. Photos tridimensionnelles et prospection dans toute la région se poursuivent depuis trois ans avec la mission japonaise de l’université de Nara. Son directeur, Tackuma Izumi, archéologue...