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Actualités - ANALYSES

Gouvernement - La querelle des nominations en voie de règlement - Le dossier économique redevient une priorité

La querelle des nominations a paralysé le pouvoir pendant de longues semaines. Elle se trouve maintenant en voie de règlement. Car, sur les pressantes recommandations des décideurs, les dirigeants se sont résignés à un compromis, dont les bases ont été établies comme on sait lors du dernier Conseil des ministres. La première tranche de désignations devrait dès lors intervenir lundi 5 novembre, date de la prochaine réunion du gouvernement, qui se donne congé le 1er à cause d’une Toussaint qu’il respecte, même s’il n’en fait pas vraiment partie. En principe donc, le toilettage relatif de l’administration passe désormais au second plan. Et le dossier économique redevient une priorité pour les responsables, comme il n’a jamais cessé de l’être pour la population. D’autant que la récession mondiale qui prend corps au fil des jours, dans la foulée des attentats du 11 septembre, de la guerre d’Afghanistan et de l’attaque à l’anthrax, risque d’aggraver la situation financière du Liban, déjà bien difficile. Aussi, des experts ont-ils été discrètement convoqués par les dirigeants, pour leur prodiguer des conseils sur les moyens à mettre en œuvre afin d’amortir localement, autant que faire se peut, l’impact économique négatif des secousses extérieures. Mais pour l’heure, tout-va-très-bien-madame-la-marquise : la propagande gouvernementale continue à soutenir que le tableau n’est pas aussi sombre que les médias ( et les chiffres) le laissent croire. Selon un ministre qualifié, qui se défend de tout cynisme, les retombées du 11 septembre peuvent n’être pas mauvaises pour ce pays. Si l’on sait s’y prendre, dit cette personnalité, le marché local peut récupérer beaucoup de ces capitaux arabes qui fuient un Occident devenu peu rentable, sinon hostile. Ce qui renforcerait considérablement les effets positifs des mesures adoptées ou envisagées pour le redressement économique. Ce ministre s’abstient cependant de donner des indications sur les probabilités de tenue de Paris II, conférence de moratoire sans laquelle les finances publiques ne sauraient être assainies. L’aile loyaliste non haririenne, c’est-à-dire les proches du régime, ne partage pas pour sa part l’optimisme de commande qu’affichent les lieutenants du président du Conseil. Selon certains visiteurs de Baabda, le chef de l’État ne cache pas qu’il est aujourd’hui encore plus soucieux qu’avant le 11 septembre. Et qu’il appréhende les conséquences que tout retard dans le traitement du dossier économique pourrait entraîner. Le président Émile Lahoud, ajoutent ces témoins, se félicite du climat politique et de la stabilité sécuritaire qui règnent. Mais il n’en reste pas moins fortement inquiet quant à la situation économique et presse les responsables directement concernés de proposer des solutions raisonnables dans les meilleurs délais. Ces appréhensions sont partagées par le président de la Chambre, M. Nabih Berry. Qui lui non plus ne semble pas accorder à l’équipe Hariri une confiance aveugle, sans toutefois aller jusqu’à tirer à boulets rouges sur le gouvernement. Auquel il faut laisser sa chance, et qui ne demande rien d’autre. Ainsi, M. Rafic Hariri, tout en reconnaissant que le problème (euphémisme poli) reste sérieux, affirme, dans le jargon des affaires, que tout est under control. Il ajoute qu’il ne faut surtout pas paniquer, que la stabilité sécuritaire permet de traiter les difficultés financières à tête reposée. Et qu’il faut laisser le temps au temps, rien ne pouvant se faire du jour au lendemain. Surtout quand on n’a pas de baguette magique en main. À l’en croire, le gouvernement est sur la bonne voie et promet de premiers bons résultats pour le début de l’an prochain. Lorsque l’afflux de capitaux arabes et étrangers se sera confirmé, notamment à l’occasion de la période des fêtes. Qui prouveront que le Liban est devenu un pays ultrasûr sur tous les plans, le sécuritaire en tête, et qu’on n’y risque aucune mauvaise rencontre genre anthrax ou attentats terroristes. Sans compter que des facilités ont été décrétées dernièrement pour les investissements comme pour l’acquisition de biens par des étrangers. Selon les haririens, les Arabes commencent du reste à débarquer avec leurs chéquiers et le mouvement doit aller en s’amplifiant comme en s’accélérant dans les deux prochains mois. Ils en donnent pour preuve que la livre a entamé une remontée par rapport au dollar après le 11 septembre. En oubliant de préciser que le billet vert, attaqué chez lui, est en chute libre sur toute la planète depuis cette date. Quoi qu’il en soit, l’un des membres berriyistes du cabinet, M. Mohammed Abdel-Hamid Beydoun, ministre de l’Énergie et de l’Eau, soutient à fond les vues de son collègue haririen des Finances, M. Fouad Siniora. M. Beydoun se félicite de ce que, pour la première fois dans les annales budgétaires de la présente République, le chiffre des dépenses connaisse une nette décélération. Ce qui permet d’espérer une réduction du déficit qui, à son apogée, avait atteint les 60 % et devrait l’an prochain ne pas dépasser les 40 %. M. Beydoun, qui développe une vision financière panoramique, relève qu’il est tout à fait illogique qu’un aussi petit pays que le Liban ait un budget de 8 milliards de dollars alors que le Maroc, soixante-dix fois plus étendu et qui compte dix fois plus d’habitants, n’a besoin que de 14 milliards par an. Selon lui, M. Hariri lui-même a renoncé à son idée première de dynamiser le marché par les dépenses publiques et a décidé de fermer un peu les robinets, la réduction du déficit budgétaire passant avant tout. Dans ce cadre, M. Beydoun espère beaucoup dans l’apport des privatisations qui sont envisagées, notamment dans son propre secteur de l’électricité, qui a fait l’objet d’une étude d’approche commandée à la banque Paribas. Mais Paris II ? Le ministre répond, sans pouvoir cacher un léger embarras, que les contacts préparatoires se poursuivent ; mais que tout dépendra en définitive des circonstances politiques. L’enjeu est en tout cas de taille : si tout marche bien, le Liban devrait obtenir des prêts privilégiés à 3 % de l’ordre de quelque 10 milliards de dollars. De quoi réduire pratiquement de moitié sa dette publique, dont le seul service (paiement des intérêts) ponctionne également de moitié ses avoirs budgétaires. Il reste que l’un des piliers des organismes économiques, M. Jacques Sarraf (qui se félicite de l’armistice sur le front des querelles entre les dirigeants, si néfastes pour le pays), ne cesse de réclamer la mise en place d’une cellule de crise économique. Mais comment lui donner satisfaction quand la propagande officielle récuse le terme même de crise ?
La querelle des nominations a paralysé le pouvoir pendant de longues semaines. Elle se trouve maintenant en voie de règlement. Car, sur les pressantes recommandations des décideurs, les dirigeants se sont résignés à un compromis, dont les bases ont été établies comme on sait lors du dernier Conseil des ministres. La première tranche de désignations devrait dès lors...