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Actualités - ANALYSES

Vie politique - La Rencontre de Kornet Chehwane ne veut pas céder son espace aux néoloyalistes - Préparatifs de l’opposition pour un redémarrage sur des bases nouvelles

Geler les dossiers litigieux. Et mettre le temps mort à profit pour refaire ses calculs en fonction des données que les bouleversements extérieurs sont en train de produire. C’est ce double consensus tacite qui marque sur le plan intérieur la phase actuelle. À l’Est, la réévaluation globale en cours porte notamment sur le réajustement que Taëf, tronqué ou incomplet, doit subir. Dans ce cadre, les concertations en coulisses vont bon train. Et laissent présager une redistribution des cartes, l’apparition de nouveaux axes domestiques et des changements notables d’alliances. Dans l’ensemble, on le sait, les circonstances actuelles favorisent le modérantisme tous azimuts. Les voix radicales s’assourdissent, au profit de prises de position tempérées. Mais l’opposition de l’Est n’entend quand même pas capituler. Tout en répudiant les déclarations incendiaires et en adoptant un ton mesuré, elle affirme s’en tenir plus que jamais aux constantes nationales. C’est-à-dire à la souveraineté, à l’indépendance, à l’autonomie de décision, aux libertés et au droit de participation. Ce camp, qui se résume pour tout dire à la Rencontre de Kornet Chehwane, ne veut pas que d’autres parties prennent sa place sur le plan médiatique et occupent le devant de la scène en exploitant la pause présente. Un risque certain, car la pratique a consacré comme on sait un après-Taëf discriminatoire, déséquilibré, illustré même par des coups de force politiques, des arrestations, des rafles, des procès, comme cela s’est vu en août dernier. Pour tout dire, l’opposition de l’Est appréhende que les néoloyalistes de l’Est, qui sont en passe de se regrouper et de s’organiser, ne lui disputent le leadership de la rue chrétienne, en s’appuyant sur les moyens que le pouvoir mettrait à leur disposition. Une sorte d’usurpation que pourrait faciliter, disent les opposants authentiques, le masque paracontestataire dont s’affublent les néoloyalistes. Qui se disent eux aussi partisans d’un rééquilibrage à l’échelon national, comme d’une récupération rapide du droit de participation pour le compte des chrétiens. Autrement dit, on se dispute dès à présent les portefeuilles qui pourraient être attribués à l’Est dans le prochain gouvernement. Toujours est-il que les guerres semblent engendrer des résultats locaux quasi identiques. Celle du Golfe avait débouché, pour parler en termes pudiques, sur une consécration de l’influence syrienne au Liban. Et le conflit d’Afghanistan vient renforcer considérablement les liens politiques entre les deux pays, l’esprit de coordination débordant même sur l’opposition classique. En renforçant du même coup la cohésion du front intérieur, l’alignement de la rue sur les positions du pouvoir. Les Libanais paraissent dans leur ensemble prendre conscience des dangers qu’entraînent pour leur pays les présentes secousses en Afghanistan ou dans les territoires palestiniens. Ils réalisent que la seule protection réside dans la cimentation des rangs internes, donc dans le gel des querelles de factions. Cette lucidité désamorce les risques explosifs de manipulation par des pêcheurs en eau trouble à des fins de déstabilisation. Cependant, l’opposition ne perd pas de vue que pour consolider vraiment l’édifice intérieur, il faut continuer à travailler, dans le calme mais avec détermination, sur les rééquilibrages. Ce qui implique la mise en œuvre effective des dispositions de Taëf restées lettre morte ou détournées. Un objectif que l’on devrait pouvoir atteindre au cours de cette deuxième moitié du mandat présidentiel qui vient de commencer. Sur le plan pratique, la correction de tir peut s’articuler autour des éléments suivants : – Rétablir la parité confessionnelle rompue au niveau des postes administratifs de la deuxième catégorie et au-dessous. On pourrait objecter à ce propos que Taëf recommande au contraire l’abrogation du recrutement sur des bases communautaires (à l’exception de la première catégorie), au profit de la compétence dans la fonction publique. Mais le même pacte précise qu’il faut avant tout prendre en compte, dans ce cadre, les impératifs de l’entente nationale. Ce qui signifie une équation simple : tant que le confessionnalisme politique n’est pas aboli, il ne saurait l’être au sein de l’Administration, qui est elle-même une émanation, à haute fréquence sociale, du système politique. De même, il faut mettre un terme à la disparité flagrante au niveau de la première catégorie. Car si les postes y sont quantitativement partagés entre chrétiens et mahométans, ces derniers l’emportent de très loin sur le plan qualitatif, en termes d’importance réelle de la fonction. – Tous ces problèmes seraient automatiquement résolus, au bénéfice de l’État-nation et du service public bien compris, le jour où le confessionnalisme politique serait enfin rayé de la carte. Il faut donc s’atteler sans tarder à mettre sur pied l’instance supérieure prévue dans Taëf et qui doit élaborer un plan d’action par étapes pour le soumettre au gouvernement comme à la Chambre. – Auparavant, et toujours dans les meilleurs délais, il est nécessaire d’effectuer la décentralisation administrative également prévue dans Taëf. En élargissant les prérogatives des mohafez ou des caïmacams et en créant des conseils de régions. – Enfin et surtout, il faut une loi électorale digne de ce nom. Basée sans doute, au titre d’une saine représentation de proximité, sur le caza.
Geler les dossiers litigieux. Et mettre le temps mort à profit pour refaire ses calculs en fonction des données que les bouleversements extérieurs sont en train de produire. C’est ce double consensus tacite qui marque sur le plan intérieur la phase actuelle. À l’Est, la réévaluation globale en cours porte notamment sur le réajustement que Taëf, tronqué ou incomplet, doit...