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Actualités - INTERVIEWS

Francophonie - Le secrétaire général, Georges Gros, livre ses impressions à « L’Orient-Le Jour » - Les assises de l’UIJPLF à Beyrouth : un hommage au « travail remarquable » accompli par les Libanais

Si le IXe sommet francophone qui devait avoir lieu au Liban fin octobre a été reporté d’un an en raison de la crise mondiale suscitée par les attaques terroristes du 11 septembre dernier contre les États-Unis, les 33es assises de la presse francophone organisées par l’Union internationale des journalistes et de la presse de langue française (UIJPLF) ne s’en tiendront pas moins à Beyrouth la semaine prochaine. «Nous avons maintenu ces assises pour remercier les Libanais qui ont tant travaillé en perspective du sommet et qui ont certainement été déçus de son report», déclare à L’Orient-Le Jour le secrétaire général de l’UIJPLF, Georges Gros, à Beyrouth depuis dimanche dernier en compagnie du chargé de mission Guy Moskit. C’est aujourd’hui qu’arrivent à l’hôtel Phoenicia, où se dérouleront les assises de lundi à mercredi, 130 journalistes issus de 33 pays différents. L’UIJPLF est la plus ancienne association francophone, puisqu’elle a été fondée en 1950 à l’initiative d’un journaliste canadien, Dostaler O’Leary. Elle rassemble actuellement près de 3 000 journalistes responsables de la presse écrite et audiovisuelle dans un peu plus de 120 pays. L’Union est en continuelle expansion, comme le souligne M. Gros, qui rappelle que les dernières sections créées sont celles du Nigeria et de Palestine, celles de l’Irak et de l’Ukraine étant en gestation. Y a-t-il une presse francophone dans tous ces pays ? «Notre association accepte dans ses rangs tous ceux qui exercent dans la presse écrite ou audiovisuelle à condition qu’ils parlent français, même s’ils travaillent dans une autre langue», précise M. Gros. «Nous avons le respect des langues maternelles de chacun». La section libanaise existe depuis les années 70, «mais elle a connu des hauts et des bas». Elle est actuellement présidée par Camille Menassa, directeur administratif de L’Orient-Le Jour. Ces assises ont été maintenues en dépit du report du IXe sommet francophone dans le cadre duquel elles devaient avoir lieu. «Nous pensons que la francophonie n’appartient pas qu’au politique», soutient M. Gros. Mais n’est-ce pas pour des raisons de sécurité que le sommet a été reporté ? «Je dirais les deux», ajoute-t-il, refusant de commenter une éventuelle dimension politique à la décision de report. «Pour notre part, nous sommes aussi soucieux de sécurité, mais nous avons estimé, contrairement à l’impression qu’ont eue les chefs d’État, que la nôtre n’était pas menacée». Il poursuit : «Nous avons aussi voulu remercier tous les Libanais qui ont œuvré pour que ce sommet ait lieu. Je sais qu’ils sont aujourd’hui très déçus. Nous tenons à rendre hommage au travail remarquable qu’ils ont accompli». Y a-t-il eu des annulations de la part de certains journalistes ? «Nous n’avons pas été notifié d’annulations», dit-il. «Certains, néanmoins, devaient en même temps couvrir le sommet et participer à nos assises. Du fait de l’annulation du sommet, ils ne sont plus venus». L’ordre du jour des assises est varié et est destiné à donner aux journalistes une idée de ce qu’est le Liban. La journée du vendredi sera consacrée à la visite de Baalbeck (Békaa). Samedi, les participants se rendront au Liban-Sud, pousseront jusqu’à la frontière israélienne et visiteront Saïda en compagnie de la députée Bahia Hariri. C’est à Tripoli (Liban-Nord) que le groupe rencontrera dimanche le vice-Premier ministre Issam Farès. Les trois journées que dureront les assises, à partir de lundi, seront consacrées au thème «Communication et culture face à la mondialisation». Ne croit-il pas que le concept même de la mondialisation risque d’être modifié à la lueur des événements récents ? «Justement, il serait bon d’en parler», affirme M. Gros. «Notre rôle en tant que francophones est de remettre en question cette mondialisation qui se plaçait uniquement sous la houlette des États-Unis. On plaide pour que les uns et les autres puissent continuer à s’exprimer et que les cultures ne cessent pas d’exister». Les assises comporteront un certain nombre d’ateliers : les médias audiovisuels face à la mondialisation, comment consolider la presse écrite des pays en développement, la presse écrite face au défi des médias mondiaux, la francophonie comme arme pour la diversité culturelle. Ce n’est pas la première fois que l’UIJPLF organise un événement au Liban. «On va certainement dire que notre association est mariée à ce pays», souligne non sans humour son secrétaire général. «Une réunion internationale s’y était tenue en 1979. En 1992, nous y avons organisé un congrès. Les journées de la presse arabe francophone en 1998 se sont également déroulées au Liban». Que représente le Liban aujourd’hui pour l’UIJPLF et comment évalue-t-il la liberté d’expression dans ce pays ? «La liberté d’expression est un élément indispensable de la démocratie», relève-t-il. «Elle doit certainement être exercée par des journalistes responsables de ce qu’ils écrivent et de ce qu’ils disent. La liberté est trop précieuse pour être gâchée». M. Gros ajoute : «Le Liban est-il un pays où l’expression est entièrement libre ? Je n’exerce pas ce métier au Liban et ne peux me prononcer. Je m’aperçois en lisant ce que je peux qu’il y a quand même une expression assez ouverte. Par contre, je sais que dernièrement, on a emprisonné au Liban deux journalistes. Nous avons été particulièrement choqués que cela se soit produit au Liban, parce que pour nous, ce pays, dans cette partie du monde, est un phare de liberté». Est-il au courant des motifs des arrestations ? «Les motifs sont ceux que l’on veut bien nous faire connaître, et nous n’en sommes pas entièrement satisfaits et attendons des faits concrets», affirme-t-il. «Nous avons fait une déclaration en ce sens aux autorités». En tant qu’association, interviennent-ils dans des cas qu’ils considèrent comme des atteintes à la liberté ou se contentent-ils d’être un forum de débats ? «Pas du tout, nous sommes intervenus à plusieurs reprises, d’abord auprès de l’ensemble des chefs d’État des pays francophones», dit-il. «Pas plus tard qu’en début d’année, nous leur avons fait savoir que nous trouvions inadmissible que, dans certains pays, des journalistes soient sous les verrous. Nous leur avons demandé de faire en sorte qu’un journaliste ne soit jamais arrêté pour délit d’opinion». Propos recueillis par
Si le IXe sommet francophone qui devait avoir lieu au Liban fin octobre a été reporté d’un an en raison de la crise mondiale suscitée par les attaques terroristes du 11 septembre dernier contre les États-Unis, les 33es assises de la presse francophone organisées par l’Union internationale des journalistes et de la presse de langue française (UIJPLF) ne s’en tiendront pas...