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Actualités - ANALYSES

Washington pourrait étendre les attaques à d’autres pays que l’Afghanistan - Inquiétude accentuée à Beyrouth après les menaces US

L’Amérique a fait savoir à l’Onu, et au monde entier, qu’elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Et qu’elle pourrait étendre sous peu ses opérations militaires à d’autres pays que l’Afghanistan. Cette menace se trouve lancée au moment où le président Bush et le FBI réclament la tête de trois Libanais, Moghnié, Atwé et Ezzedine. D’où une recrudescence de l’inquiétude que Beyrouth éprouve depuis le 11 septembre. Le thème a été au centre d’un colloque officieux tenu récemment par des députés, des politiciens extraparlementaires et des diplomates locaux ou étrangers. À la lumière du double contre-avertissement de la Ligue et de l’Organisation de la conférence islamique, certains participants estiment que les USA commettraient une lourde erreur en élargissant leur champ d’action punitif avant d’en avoir terminé avec les taliban et avec Ben Laden. Ou encore avant d’avoir engagé une nouvelle initiative intensifiée pour le règlement du conflit israélo-palestinien, en prélude à la conclusion d’une paix globale dans la région. Sans ces préalables, ajoutent ces sources, il est évident que l’ouverture d’un nouveau front par les Américains provoquerait une levée de boucliers des pays arabes et islamiques. Dont Washington perdrait, pour certains d’entre eux, l’appui amical ; et, pour d’autres, le silence complice ou la tolérance. D’autant plus sûrement que les régimes en place n’auraient plus moyen d’endiguer la colère de leurs masses, déjà difficilement contrôlables dans bon nombre de pays. Dont quelques-uns, comme le Pakistan, l’Arabie séoudite ou l’Égypte sont extrêmement importants en regard de la phase actuelle et des perspectives régionales prochaines. Les USA, estiment ces personnalités, seraient convaincus de visées expansionnistes n’ayant rien à voir avec la lutte contre le terrorisme dont ils se réclament. Une accusation que du reste certains pays arabes ou islamiques, comme l’Irak et l’Iran, n’hésitent pas à lancer d’ores et déjà. Et d’ajouter que bien évidemment, en cas de nouvelle aventure armée, la coalition que les États-Unis ont eu tant de mal à mettre sur pied pour légitimer leur action volerait en éclats. Selon ces personnalités, les Américains ont intérêt à en finir le plus vite possible avec l’Afghanistan. Car si les choses devaient traîner en longueur, ils se heurteraient à une accumulation de complications internationales qui leur seraient défavorables. Ces analystes citent derechef, à ce propos, le cas du Pakistan où, de jour en jour, le pouvoir a de plus en plus de mal à contenir la montée en puissance des islamistes hostiles à la collusion avec Washington. Dans plusieurs autres pays, le mécontentement populaire irait en s’amplifiant au point d’en devenir dangereux pour la stabilité des régimes en place. Sans compter que le temps joue en faveur des taliban, dont le moral et les capacités de résistance s’en trouveraient confortés. Les États-Unis, observent ces sources, savent tout cela d’expérience. Ainsi en 1967, l’Administration Johnson n’avait donné son feu vert pour la guerre de juin au Moyen-Orient qu’après avoir exigé d’Israël l’engagement d’en terminer rapidement, de mener un blitzkrieg. Ce qui fut fait en six jours. Pour en revenir à l’actualité, quel pays pourrait être visé par de nouvelles attaques US ? La réponse à ce sujet est unanime : l’Irak. Qui a déjà été averti officiellement par le truchement d’une communication du délégué américain au palais de verre à son homologue irakien. Les Américains laissent entendre qu’ils soupçonnent Bagdad d’avoir, d’une manière ou d’une autre, trempé dans les attentats du 11 septembre. Ainsi, lorsque le roi Abdallah de Jordanie a cru pouvoir indiquer qu’il avait reçu l’assurance que l’Irak ne serait pas attaqué, Washington s’est empressé de le démentir. Pour certains analystes, le renversement de Saddam serait loin de déplaire à nombre de ces capitales arabes ou islamiques qui affirment refuser l’extension à d’autres pays que l’Afghanistan des frappes US. L’éviction de Saddam constituerait en effet la liquidation, dix ans après, du dossier de la guerre du Golfe. Pour ce qui est du point qui préoccupe le plus Beyrouth, c’est-à-dire l’affaire des trois Libanais portés sur la liste des terroristes recherchés par les USA, les sources citées font valoir que les actes incriminés, qui remontent à 1985, sont couverts par une sorte de prescription politique. Dans ce sens que les causes mêmes de ces actes n’existent plus et appartiennent maintenant à une histoire révolue. Dans cette logique, ajoutent ces personnalités, et à titre comparatif, il serait absurde par exemple de rouvrir les dossiers des cycles de violence antérieurs une fois que la paix globale aurait été conclue dans la région. En tout cas, les participants au salon politique évoqué se sont montrés d’accord pour estimer que le Hamas et le Jihad islamique palestiniens ainsi que le Hezbollah libanais seraient bien avisés d’adopter pour le moment un profil bas. De se tenir à carreau, afin de ne pas donner à Israël un prétexte en or de se déchaîner. En profitant non seulement du fait que les Occidentaux sont pour le moment occupés avec la guerre du Golfe, mais aussi du fait que les Américains sont trop sensibilisés actuellement pour oublier qu’ils classent ces trois formations comme terroristes. Cependant, concluent ces sources, Israël n’a pas vraiment la possibilité de faire dégénérer les choses par lui-même, sans avoir été provoqué. Car Washington, qui plaisante moins que jamais, ne peut laisser personne d’autre décider d’engager la région dans telle ou telle voie que lui-même n’aurait pas choisie. Surtout pas dans une guerre qui mettrait fin définitivement au processus de Madrid et déboucherait, presque immanquablement et quels qu’en soient les résultats sur le terrain, sur de graves pertes pour les intérêts américains. Dans la région comme dans l’ensemble du vaste monde islamique.
L’Amérique a fait savoir à l’Onu, et au monde entier, qu’elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Et qu’elle pourrait étendre sous peu ses opérations militaires à d’autres pays que l’Afghanistan. Cette menace se trouve lancée au moment où le président Bush et le FBI réclament la tête de trois Libanais, Moghnié, Atwé et Ezzedine. D’où une...