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Actualités - REPORTAGES

L’édition locale, un plus pour certains, un problème pour d’autres

Depuis l’adoption par les établissements privés et publics des nouveaux programmes scolaires, de nombreuses écoles se sont rabattues sur le livre édité localement. Les écoles publiques ont exclusivement adopté les livres du CRDP (Centre de recherche et de développement pédagogique), alors qu’au niveau du secteur privé, et selon le choix de programmes opéré par les établissements, les listes comprennent titres importés, livres d’éditions locales privées ou ouvrages du CRDP. Souvent, et plus spécifiquement dans les établissements qui adoptent le cursus français parallèlement au programme libanais, les listes de livres sont un véritable mélange entre manuels importés et éditions locales privées ou du CRDP. Les trois importateurs que nous avons rencontrés, en l’occurrence Maroun Nehmé, Sami Naufal et Adib Chouéri, respectivement PDG des librairies Orientale, Antoine et La Phénicie, et qui font partie des grands éditeurs locaux, brossent un tableau de la situation sur le terrain qui se présente différemment pour chacun d’entre eux. «Le problème majeur qui nous affecte depuis la refonte des nouveaux programmes, explique Maroun Nehmé, est la concurrence du CRDP dans le secteur privé, alors que nous autres, éditeurs privés, sommes interdits de vente dans les écoles publiques, ce qui réduit considérablement notre part de marché. Un marché local sur lequel nous comptons, même s’il est petit, car il est synonyme de disponibilité financière, contrairement à l’exportation qui est un marché de longue haleine». Et d’ajouter que cette intervention du CRDP sur le marché de l’école privée menace l’édition locale. Sans oublier que dans le privé, 25 à 30 éditeurs locaux tentent de se tailler une place, notamment dans le livre arabe. Par ailleurs, explique le libraire, «nous souffrons aussi du fait que de nombreux établissements scolaires se retrouvent otages de leurs coordonnateurs de matières et se voient contraints d’acheter les livres écrits par ces derniers, lorsque ceux-ci sont à la fois auteurs et enseignants». À son tour, Sami Naufal aborde le marché local expliquant que les éditions de la librairie Antoine ont publié des manuels scolaires de français et de maths, pour toutes les classes, en coédition avec Hachette. «Moins chers que les livres importés, ces livres, édités en fonction des nouveaux programmes libanais, se sont taillé une importante part de marché, remarque le libraire, et plus spécifiquement auprès des établissements scolaires réticents à l’emploi du manuel importé. D’ailleurs, ajoute-t-il, une partie de ce qu’on a perdu en livre importé, nous l’avons compensée grâce à la coédition». Et d’ajouter que celle-ci a un coût de revient très élevé, vu sa bonne technicité mais aussi à cause des droits d’auteurs, textes et images, dont il faut s’acquitter. «Avant l’impression, la page d’un livre de sciences, par exemple, peut revenir entre 1 500 et 2 000 FF», note-t-il, ajoutant que ces frais ne peuvent être amortis que si la quantité vendue est importante. La question la plus épineuse concernant le livre édité localement est le changement régulier d’édition, explique à son tour Adib Chouéri. «Faut-il nécessairement changer le livre de lecture chaque 3 ans, demande-t-il, quand les programmes, eux, ne varient que rarement, surtout lorsque le contenu du livre est identique et que seule une page du livre est modifiée ? C’est trop pour les parents qui n’arrêtent pas de payer», dit-il. Et si la société d’édition de M. Chouéri a suivi la réforme et lancé des manuels conformes aux nouveaux programmes, notamment dans les classes primaires et complémentaires, il avoue cette année avoir la hantise du programme qu’il trouve trop ambitieux et qui pourrait, selon ses propos, être changé ou allégé. «Cette année, j’attends. Je me sens dépassé par certains éditeurs qui sont prêts à payer des pots-de-vin pour vendre leurs livres. Ma seule promotion, c’est la qualité des livres que j’édite et je ne suis pas prêt à utiliser les mêmes moyens que d’autres pour leur faire la concurrence», conclut-il.
Depuis l’adoption par les établissements privés et publics des nouveaux programmes scolaires, de nombreuses écoles se sont rabattues sur le livre édité localement. Les écoles publiques ont exclusivement adopté les livres du CRDP (Centre de recherche et de développement pédagogique), alors qu’au niveau du secteur privé, et selon le choix de programmes opéré par les...