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Actualités - CHRONOLOGIES

CGTL - Une grève générale se profile derrière la manifestation d’aujourd’hui - Ghosn dénonce les orientations antisociales du gouvernement

Concilier les intérêts du Trésor et ceux des travailleurs, c’est la délicate et semble-t-il impossible mission que s’est fixé le gouvernement, qui a décidé de défendre la stabilité de la livre, en réduisant le déficit du Trésor, même au prix de troubles sociaux et de secousses sectorielles. Cette politique est toutefois moins risquée qu’il ne paraît, avec une CGTL consciente de ses limites, dans la situation politique et économique actuelle du Liban. Le président de la CGTL, Ghassan Ghosn, a tenu hier une conférence de presse dans lequel il a invité «tous les Libanais» à participer à la manifestation pacifique organisée aujourd’hui après-midi, entre Barbir et la place du Musée, à l’heure de la réunion du Conseil des ministres, pour protester contre la politique économique et financière de l’État. M. Ghosn a ajouté qu’il a reçu des délégués syndicaux un mandat de lancer éventuellement un appel à une grève générale, si l’État continue de faire le sourd. Il a mis également en garde contre toute démobilisation ouvrière aujourd’hui, soulignant que sa rencontre avec le chef du gouvernement, mardi, «n’annule pas l’ordre de manifestation». Langage démagogique ou mise en garde réelle, le président de la CGTL a affirmé que son intervention se justifie au regard de la décision du gouvernement «d’ignorer les plaintes des ouvriers et d’aller de l’avant dans sa politique économique et financière». «L’objectif du gouvernement, a affirmé M. Ghosn, est d’anéantir ce qui reste aux ouvriers du Liban comme capacité de résistance». Et le président de la CGTL d’affirmer que son organisation est «la seule» à recueillir ces plaintes, à laquelle le gouvernement «fait le sourd». La surtaxe sur l’essence a provoqué une flambée des prix de nombreux produits de consommation courante, sans qu’un programme social susceptible de compenser ces flambées ne soient mis en œuvre, a déclaré M. Ghosn. Le président de la CGTL a ensuite relevé «l’anomalie qui consiste à imposer la TVA, sans supprimer les taxes douanières en vigueur, comme il est courant dans tous les pays du monde». «La mise en place de la TVA va provoquer une hausse des prix de 10 %, que l’État feint d’oublier», a-t-il souligné. M. Ghosn a reproché au gouvernement d’avoir omis de généraliser aux salariés du secteur privé la majoration de l’indemnité de déplacement accordée au secteur public, «par crainte de la réaction du patronat», et d’avoir ainsi «renié son rôle de tuteur social», comme le prouvent la réduction du budget de la santé et les bouleversements que l’État cherche à introduire au régime de la Sécurité sociale, en réduisant ou supprimant les cotisations des employeurs. Et le responsable syndical d’ajouter que d’autres preuves des orientations antisociales de l’État sont le refus de relever le plafond des bourses scolaires et la réimposition des frais d’inscription dans les écoles publiques, ainsi que l’élaboration d’une nouvelle loi sur les loyers qui va forcer de nombreuses familles hors de leurs foyers. Le dirigeant syndical a ajouté qu’il n’exclut pas la possibilité d’une campagne pour un réajustement des salaires, compte tenu de l’érosion du pouvoir d’achat. On rappelle que le dernier rajustement des salaires au Liban remonte à sept ans. Et d’ajouter : «Qu’on nous dise comment préserver la stabilité de la livre sans soutenir la production nationale et réduire la TVA qui la frappe ? Sans protéger les ouvriers de la politique de licenciements collectifs mise en œuvre dans les secteurs privé et public». Par ailleurs, le dirigeant syndical s’est interrogé sur les obstacles qui empêchent l’État de relever le niveau de la perception des factures accumulées ou ajournées, proposant à l’État de réformer l’administration, plutôt que de recourir aux privatisations, qui reviendrait à livrer au secteur privé «les seuls secteurs productifs de l’État». De nos contacts avec le gouvernement ou avec le patronat, «nous n’avons pas entendu les paroles qui rassurent», alors même que la CGTL ne réclame qu’une chose : être associée aux autres partenaires du contrat de travail, et être consultée sur ce qui la concerne directement, a déclaré en substance M. Ghosn.
Concilier les intérêts du Trésor et ceux des travailleurs, c’est la délicate et semble-t-il impossible mission que s’est fixé le gouvernement, qui a décidé de défendre la stabilité de la livre, en réduisant le déficit du Trésor, même au prix de troubles sociaux et de secousses sectorielles. Cette politique est toutefois moins risquée qu’il ne paraît, avec une CGTL...