TERRITOIRES AUTONOMES - Hubert Védrine se rend demain en Israël - Une rencontre Arafat-Peres se profile, - les violences font 24 blessés

Une rencontre très attendue entre le président palestinien Yasser Arafat et le chef de la diplomatie israélienne Shimon Peres se précisait vendredi alors que les violences ont fait 24 blessés dans les territoires palestiniens. «Rendez-vous a été pris pour une rencontre dimanche et nous verrons si elle aura bien lieu», a indiqué M. Arafat lors d’une conférence de presse commune avec le chef de la diplomatie turque Ismaïl Cem à Ramallah (Cisjordanie). Il a affirmé que la rencontre «aurait dû se tenir aujourd’hui (vendredi) mais a été annulée. Un autre rendez-vous a été fixé pour demain soir et a également été annulé». Auparavant, le Premier ministre israélien Ariel Sharon avait affirmé à la chaîne américaine CNN que la rencontre pourrait se tenir dès «la semaine prochaine» si le président palestinien «mettait fin aux violences». «On ne peut pas faire de compromis avec le terrorisme et on ne peut pas négocier sous la menace de la violence (...) J’espère qu’Arafat le comprendra et mettra fin aux violences, et je crois que la semaine prochaine, si cela se produit et j’espère que cela se produira, la rencontre pourra voir lieu», a-t-il déclaré. «Le soleil devra se lever et se coucher à deux reprises avant que nous nous rencontrions», a de son côté déclaré M. Peres lors d’une conférence de presse conjointe à Tel-Aviv avec M. Cem. Selon M. Cem, son pays bénéficie d’une position unique pour favoriser des discussions de paix, étant lié à Israël par un accord de coopération militaire depuis 1996 et entretenant des relations diplomatiques avec l’Autorité palestinienne. Le ballet diplomatique se poursuivra avec la venue dimanche en Israël puis dans les territoires palestiniens du chef de la diplomatie française Hubert Védrine qui doit rencontrer MM. Sharon et Peres ainsi que M. Arafat, a-t-on appris de source diplomatique. À la chaîne CNN, M. Sharon a réitéré de violents propos contre M. Arafat en le qualifiant de «terroriste» qui a ordonné des détournements d’avions dès 1968 et le meurtre de 11 athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich en 1972. «M. Arafat est lauréat du prix Nobel de la paix», obtenu en 1994 conjointement avec M. Peres et le défunt Premier ministre israélien Yitzhak Rabin après les accords d’Oslo de 1993, a rétorqué le principal négociateur palestinien Saëb Erakat. M. Erakat a d’autre part appelé les États-Unis à s’impliquer directement pour favoriser la réussite des discussions Peres-Arafat. «Il nous faut un émissaire américain pour nous aider à préparer la rencontre (...) Ces préparatifs ont pour but de mettre en place un mécanisme pour appliquer les plans Mitchell et Tenet», a estimé M. Erakat. La Commission internationale de l’ex-sénateur américain George Mitchell a recommandé le retour total au calme, des gestes mutuels de confiance et enfin le retour aux pourparlers de paix. Le chef de la CIA George Tenet a de son côté mis au point en juin une formule de cessez-le-feu. Après les attentats aux États-Unis le 11 septembre, M. Arafat a proclamé le 18 septembre un cessez-le-feu, et l’armée israélienne a aussitôt annoncé la suspension de ses «opérations offensives», en référence à ses incursions en zone palestinienne autonome et aux liquidations d’activistes palestiniens. Les troupes israéliennes se sont en outre retirées de zones autonomes récemment réoccupées près de Jénine et de Jéricho, en Cisjordanie. Mais sur le terrain, la trêve semblait fragile, 24 Palestiniens ayant été blessés, dont un grièvement, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. À l’entrée de Ramallah, en Cisjordanie, des soldats israéliens ont ouvert le feu sur des manifestants, faisant un blessé grave et six légers, selon des sources hospitalières. Un photographe de l’AFP, atteint à la jambe par une grenade lacrymogène, figure parmi les blessés légers, a-t-on précisé. Dans la bande de Gaza, 17 Palestiniens ont été blessés par des tirs israéliens, neuf à Rafah (sud) et huit près du point de passage de Karni (nord), terminal routier vers Israël, a-t-on indiqué. Un porte-parole militaire israélien a cependant démenti que des soldats aient ouvert le feu à Karni et à Ramallah. L’armée israélienne a par ailleurs fermé pendant deux heures la route principale qui relie le camp de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza à Khan Younès, plus au sud. Le porte-parole militaire a précisé que «la route entre Deir al-Balah et Khan Younès (avait) été brièvement fermée pour permettre un ratissage du secteur à la suite de tirs d’obus de mortier contre Netzer Hazani», une colonie juive.