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Actualités - ANALYSES

L’axe de Kantari, une erreur de parcours ?

Dans ses assises privées, M. Walid Joumblatt relève que le déjeuner qui l’avait groupé à son domicile de Kantari aux présidents Berry et Hariri était une erreur. Pourquoi ? Parce que, répondent des professionnels, le but déclaré de cette alliance était d’assurer une confortable majorité parlementaire pour les projets du gouvernement. Mais l’objectif non déclaré, catégoriquement démenti par les intéressés, aurait pu être de peser sur la prochaine présidentielle. Autrement dit de faire barrage à une reconduction du mandat du président Lahoud. Ou de favoriser un candidat maronite déterminé qui ne serait probablement pas proche du régime. Malgré les protestations de bonne foi des trois leaders concernés, les âmes charitables se sont empressées de torpiller leur pacte. Par les actes, comme on sait. Mais aussi par le rappel des interdits édictés par les décideurs : pas de démission du gouvernement sans feu vert préalable ; et pas de formation d’un bloc parlementaire majoritaire sans leur aval. Seule leur volonté, à la Chambre ou ailleurs, doit donc continuer à prévaloir, estiment ces sources. Qui précisent que la carte de la majorité ne peut, aux yeux des décideurs qui se veulent arbitres des conflits locaux, être laissée aux mains d’une partie qui en userait et abuserait pour spolier politiquement une autre partie. De fait, l’axe de Kantari a pratiquement volé en éclats à la première occasion, lors du vote du contre-amendement présidentiel à la Chambre sur le code de procédure pénale. On sait qu’au cours d’une séance précédente, les retouches aux retouches réclamées par Baabda avaient été rejetées par l’Assemblée. Dont le président, M. Nabih Berry, avait même cru pouvoir s’exclamer que «le respect dû au chef de l’État ne pouvait être observé aux dépens de la législation». Son bloc s’était donc joint à ceux de MM. Hariri et Joumblatt pour faire pièce à l’initiative présidentielle. Or cette attitude même est maintenant jugée comme une erreur de base. Car le trio de leaders avait omis aussi bien les règles des équilibres entre les pouvoirs que ce que l’on appelle le facteur décisionnaire régional, qui tient à sa primauté dans la manipulation de la majorité au sein du Législatif comme de l’Exécutif libanais. En emportant, lors de ce premier bras de fer, une victoire à la Pyrrhus, les alliés avaient donc paru lancer un double défi au régime et aux décideurs. La suite est connue : la queue basse, si l’on peut dire, l’Assemblée a dû faire piteusement machine arrière, se rétracter et redonner au régime ce qu’il voulait en matière de procédure pénale. Les officiels, à savoir MM. Hariri et Berry, ont dû eux-mêmes faire voter leurs blocs dans «le bon sens», seul M. Joumblatt persistant dans son opposition. Le chef du gouvernement avait préservé partiellement ses positions, en soulignant qu’il s’inclinait pour éviter au pays une crise de pouvoir, tout en continuant à penser que le texte voté était mauvais. Mais le chef du Législatif n’a pas craint pour sa part, lui qui s’était montré le plus mordant, à rallier sans réserve le camp du vainqueur de l’heure. En déclarant, à l’exact opposé de ses proclamations antérieures, que «l’Assemblée nationale a voulu ménager et honorer le président de la République, en coopérant avec l’autorité exécutive. Où est le crime ? Avons-nous paraphé de la sorte un quelconque accord du 17 mai ? Avons-nous approuvé une quelconque convention du Caire, pour la rapporter ensuite ?». Pour les professionnels, cet épisode montre clairement que les décideurs ont réagi pour deux raisons. Pour que nul ne s’impose à contourner ou à ignorer leur volonté d’abord. Ensuite pour gommer les déséquilibres qu’entraîne au niveau du pouvoir local le fait que deux présidents paraissent s’allier contre le troisième. Les arguments avancés par M. Berry sous forme d’interrogations ne sont qu’une pure boutade aux yeux de ces sources. Qui soulignent, ce qui va de soi, à savoir qu’on ne peut comparer l’affaire du code de la procédure pénale à l’accord du 17 mai, aboli sous la pression de la rue. Ni à la convention du Caire qui n’a été abrogée dans les formes qu’au bout de 17 ans. Alors qu’il a suffi de dix petits jours pour que le Chambre retourne sa veste dans le récent épisode du code. Ces mêmes personnalités se demandent pourquoi M. Berry, qui veut ménager la présidence de la République, ne l’a-t-il pas fait d’une manière préventive. C’est-à-dire en allant discuter le problème avec le chef de l’État avant le débat à la Chambre, et avant de claironner qu’il ne peut y avoir de complaisance quand la législation est en cause. Tout cela reste au fond assez anecdotique, reconnaissent pour conclure ces mêmes sources. Qui soulignent que l’essentiel réside dans la reprise de contrôle accélérée par les décideurs.
Dans ses assises privées, M. Walid Joumblatt relève que le déjeuner qui l’avait groupé à son domicile de Kantari aux présidents Berry et Hariri était une erreur. Pourquoi ? Parce que, répondent des professionnels, le but déclaré de cette alliance était d’assurer une confortable majorité parlementaire pour les projets du gouvernement. Mais l’objectif non déclaré,...