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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

PARLEMENT - Pleins feux sur les problèmes liés au dossier de la santé - Frangié sollicite le soutien de la Chambre pour avoir les coudées franches

Deux courants se sont manifestés hier au cours du séminaire qui s’est ouvert place de l’Étoile sur la santé publique au Liban : le premier, représenté par le Législatif, croit qu’il est possible de régler les problèmes qui se posent au niveau de tous genres de soins au Liban par l’établissement d’une politique générale de santé. Le deuxième, exprimé par l’Exécutif, estime qu’avant de songer à établir une politique de santé, il faut impérativement aplanir les obstacles – interventions politiques, pressions, monopoles – qui empêchent l’État de réduire la facture santé. «Nous souhaitons pouvoir appliquer les propositions formulées aujourd’hui. Si le Parlement nous assure une couverture pour régler ce dossier, nous pourrons réduire en 2002 la facture de la santé de 25 % à 30 %. Mais si la situation demeure inchangée, nous ne pourrons rien faire, même si des dizaines d’études aussi valables que celle que nous examinons aujourd’hui sont élaborées», a affirmé le ministre de la Santé Sleiman Frangié. C’est dire à quel point le dossier de la santé est compliqué au Liban. Le ministre a donné quelques exemples dans l’allocution qu’il a prononcée à l’ouverture du séminaire organisé conjointement par le Pnud et la commission parlementaire de la Santé, dans le principal objectif d’examiner un document de travail sur «les orientations générales pour l’établissement d’une politique de santé au Liban». Ce document, note-t-on, est le fruit de «deux colloques préliminaires organisés sur le même thème et d’une vingtaine de réunions tenues avec de nombreux responsables de l’administration et de représentants d’organisations internationales, d’ONG et d’établissements privés», a expliqué le président de la commission parlementaire Atef Majdalani, dans son discours. L’importance de ce texte, a ajouté M. Majdalani, réside dans le fait qu’il tend à proposer une solution globale au problème de la santé au Liban, «du moment que les règlements partiels appliqués dans le passé se sont révélés inutiles en raison de la nature compliquée de ce dossier et de ses ramifications et parce qu’en plus, c’est un dossier plutôt sensible». Et cette solution s’avère urgente : les chiffres que le président de la Chambre Nabih Berry et M. Majdalani ont avancés en attestent : «La facture santé s’élève à 2 milliards de dollars, soit 12,3 % du PIB. Chaque famille dépense en moyenne 2,6 millions de livres par an pour régler les problèmes de santé de ses membres. Chaque Libanais paie en moyenne plus de 140 dollars par an pour l’achat de médicaments, dont la facture s’élève à près de 500 millions de dollars par an. C’est le taux le plus élevé dans les pays arabes et il reste supérieur à celui pratiqué en Europe», selon M. Berry. «Les institutions publiques d’assurance médicale (les mutuelles et autres) ne couvrent que 45 % à 57 % des Libanais et cette couverture n’est pas toujours assurée avec la qualité et la célérité requises. En contrepartie, près de la moitié des Libanais restent sans assurance effective, sans compter qu’ils ne peuvent pas tous avoir facilement accès aux soins et aux médicaments partout au Liban». La commission a voulu s’attaquer à ces problèmes en coordination avec toutes les instances concernées pour que les règlements proposés soient applicables, a ajouté M. Majdalani, et qu’ils débouchent sur une rationalisation des dépenses sur la santé et sur la généralisation de l’assurance-maladie. Les propositions de Berry... M. Berry a développé le même thème avant d’avancer une série de propositions dont l’application est, selon lui, susceptible de résoudre le problème qui se pose : – «Désigner un hôpital d’urgences dans chaque caza, ouvrir des centres de premiers soins sur les autoroutes et œuvrer pour rétablir la confiance dans les hôpitaux des cazas. – Instituer les soins de santé par secteur : dans le milieu du travail, dans les écoles, dans les milieux sportifs. – Équiper les hôpitaux dans les régions rurales et les doter des moyens de fonctionner. – Lancer le Bureau national des médicaments, dont l’instauration serait susceptible de réduire de 42 % la facture des médicaments. Je sais parfaitement que la réalisation de ce que j’avance relèverait du miracle. La loi existe mais les mafias des médicaments ont toujours réussi à empêcher son application». Concernant l’organisation du secteur de la santé, M. Berry a notamment préconisé une coopération entre les facultés de médecine de l’Université libanaise et les universités privées pour évaluer les besoins du marché et orienter les étudiants vers les spécialisations. Il a invité M. Frangié à former une commission des ministères de la Santé et des Affaires sociales, de la direction de la CNSS, de la mutuelle des fonctionnaires de l’État et des mutuelles des forces de l’ordre «afin de rationaliser les dépenses du gouvernement sur le secteur de la santé et d’établir un plan pour généraliser l’assurance médicale». Il a aussi préconisé la «généralisation de la carte de santé, l’établissement d’une carte des services médicaux assurés dans toutes les régions libanaises et l’étude des investissements des secteurs privé et public sur le secteur de la santé». «Le Parlement est prêt à voter les lois nécessaires pour faire du système de santé au Liban un modèle à suivre», a ajouté M. Berry. ... Et la réponse de Frangié La réponse du ministre n’a pas tardé. L’idée maîtresse de son discours est la suivante : tout cela est très beau mais n’a rien à voir avec la réalité. «Nous voulons établir une bonne carte de santé et nous nous heurtons à la réalité sur le terrain. Nous voulons établir une politique hospitalière et nous nous heurtons à cette même réalité. Idem lorsque nous voulons définir une politique pour le secteur des médicaments. Au ministère de la Santé, nous essayons de traiter avec cette réalité et voilà pourquoi je vous dis que l’étude que vous élaborez ne sera pas applicable», a affirmé le ministre. «Vous vous demandez pourquoi l’assurance-maladie de la CNSS ne couvre pas tous les Libanais ? Je vais vous le dire : il nous a fallu cinq ans pour savoir ce qui se passe à la CNSS, au sein de l’armée et des institutions publiques d’assurance-maladie, pour qu’elles nous répondent et pour qu’il n’y ait pas d’enchevêtrement (…). Nous ne voulons pas qu’une institution prenne la place de l’autre mais jusqu’aujourd’hui, personne n’a accepté d’appliquer la décision du Conseil des ministres bien que nous ayons essayé de prendre en considération la situation de chacun. À titre d’exemple, l’armée affirme qu’il est dans l’intérêt national qu’on ignore les noms (des personnes assurées) qu’elle a», a affirmé M. Frangié. Il a ensuite mis l’accent sur la nécessité de réduire le nombre des hôpitaux ayant conclu un contrat avec le ministère de la Santé si l’on veut réduire la facture santé. Son département, a-t-il indiqué, sera en mesure d’exercer un meilleur contrôle et de se soustraire aux pressions. «Le problème est qu’à chaque fois que nous choisissons un hôpital et pas un autre, les interventions commencent et la réalité sur le terrain prend de nouveau le dessus», a-t-il ajouté. En soulevant la question des médicaments, M. Frangié a parlé de «connivence entre l’hôpital, le médecin et l’agent qui s’entendent pour dire à un malade qu’il lui faut impérativement prendre un médicament nouvellement importé. Le ministère et les institutions publiques se heurtent au malade et se trouvent contraints d’acheter le nouveau médicament parce que l’ancien n’est plus demandé». Avant de solliciter le «soutien du Parlement», M. Frangié a fait valoir que c’est le CDR et non pas son département qui a lancé le chantier des hôpitaux dans les zones rurales. Le représentant de l’OMS au Liban Habib Atiri devait enfin exposer les activités de cette organisation au Liban.
Deux courants se sont manifestés hier au cours du séminaire qui s’est ouvert place de l’Étoile sur la santé publique au Liban : le premier, représenté par le Législatif, croit qu’il est possible de régler les problèmes qui se posent au niveau de tous genres de soins au Liban par l’établissement d’une politique générale de santé. Le deuxième, exprimé par...