Joumblatt : Le Liban a besoin d’une unité nationale globale

Voici de larges extraits du discours prononcé samedi à Moukhtara par le chef du PSP Walid Joumblatt à l’intention du patriarche Sfeir. «En mon nom et en celui des habitants de la montagne, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue dans cette résidence de Moukhtara qui, au cours de l’histoire, a connu des relations privilégiées avec cette grande instance qu’est Bkerké, la vôtre». «Si nos relations ont traversé un certain refroidissement, cela est dû aux circonstances de la guerre, à l’impossibilité de communiquer (…)». «Aujourd’hui, c’est une page nouvelle dans les rapports que nous souhaitons ouvrir, dans le but de préserver l’unité du Liban et la coexistence, et aussi pour permettre que le processus du retour (des populations déplacées) parvienne à son terme et soit concrétisé dans toutes ses implications (…)». «Nous savons combien vous avez personnellement souffert dans votre action au service de l’unité du Liban, de sa pérennité et pour consolider sa dimension arabe». «Permettez-moi d’exprimer quelques observations dans l’espoir qu’elles rencontreront auprès de vous compréhension et bienveillance. Si nous voulons mener à bien les réconciliations (dans les villages du retour), il nous faudra déployer des efforts exceptionnels dans un certain nombre de localités afin d’en finir avec les quelques sujets de crispation qui s’obstinent. L’objectif est de faire en sorte qu’aucune fraction d’ici ou de là n’ait le sentiment que ces réconciliations se font à son détriment (…)». «D’autre part, je pense que vous êtes d’accord avec moi pour considérer que l’axe bipartite (druzo-chrétien), s’il a connu de beaux jours, puis des temps difficiles, n’est plus de mise à l’ombre d’un Grand-Liban à l’édification et à la réhabilitation duquel vous avez contribué». «Le Grand-Liban ne supporte pas les axes bipartites, il impose une unité nationale globale qui prend néanmoins en considération les particularités de chaque région (…)». «Le discours d’investiture (du chef de l’État Émile Lahoud) est bon à rappeler. Mais faut-il aussi rappeler que les grandes réalisations de Fouad Chehab avaient été gâchées à l’époque par l’action des services de sécurité? Le respect du dialogue, la consolidation de la démocratie et le renforcement de la société civile sont des fondements essentiels». (…). «L’implantation des Palestiniens, tout le monde est d’accord avec vous pour la rejeter. Je souhaite simplement, à l’heure où tout le peuple palestinien est menacé d’exode du fait des extrémistes israéliens et des colons, et en attendant la solution juste, que nous examinions calmement la situation tragique sur le plan humanitaire des camps de réfugiés, pour en tirer un règlement qui puisse effacer l’injustice tout en respectant la loi et la souveraineté». «La multiplication des menaces israéliennes impose le respect des intérêts stratégiques, militaires et sécuritaires de la Syrie, mais cela n’enlève pas la nécessité de rectifier le cours des rapports libano-syriens, afin d’en éliminer les crispations, les surenchères et la situation de tutelle». «La Syrie, que son armée soit présente ou pas (au Liban), est un facteur essentiel de stabilité au Liban et dans l’Orient. Il est donc nécessaire de parvenir à une formule qui puisse à la fois imposer le respect de l’accord de Taef, de la souveraineté libanaise et des intérêts historiques communs aux deux peuples». «Combien cet événement (la visite du patriarche ) est-il cher à nos yeux. Combien est-il historique dans sa portée. Vous avez été courageux et visionnaire. Votre patience et tout ce que vous avez enduré ont donné leurs fruits pour l’unité de la montagne et celle du Liban. À présent, pour parachever votre mission de parrainage de la patrie, il reste le Sud, tout le Sud, avec ses habitants et ses résistants, sans lesquels l’unité du Liban ne saurait être complète». «La guerre des deux ans et ses séquelles sont finies à tout jamais. Avec vous, nous saluons la montagne et le Liban. Vive la coexistence partout».