Actualités - OPINIONS
L’arabe est-il la langue des enfants ?
Par DAHROUGE HALA, le 03 août 2001 à 00h00
En observant notre entourage francophone, on ne peut s’empêcher de remarquer que beaucoup de parents s’adressent en français à leurs bébés. L’enfant prononce donc ses premières paroles en français, supposé être sa deuxième langue après l’arabe. Et la langue de Molière détrône parfois la langue «maternelle». Alexandra Sassine, qui ne s’adresse qu’en français à ses deux jeunes garçons, déclare à ce sujet: «J’ai fait ce choix dès la naissance de mon fils, et bien que beaucoup contestent ma démarche, je persiste». Elle explique les raisons de son choix : «J’ai pensé que plus tard, mes enfants vont facilement et forcément apprendre l’arabe grâce à leur entourage». Elle ajoute qu’ils vont «partout pouvoir pratiquer la langue dominante au pays, donc ils n’auront pas de problèmes pour s’adapter, même s’ils ont comme base la langue française». Certains parents partageant l’avis de Mme Sassine, considèrent l’arabe comme une langue acquise. Ils préfèrent mettre l’accent sur la culture supplémentaire francophone. Surtout qu’avec le manque de chaînes télévisées francophones, et la dominance des feuilletons mexicains doublés qui passent vers 18 h à la télévision, les enfants auront toute la chance de perfectionner leur arabe, et malheureusement, du même coup, leur goût pour les histoires banales à l’eau de rose. Michel Khoury explique à son tour qu’il a pesé son choix de s’adresser à ces filles en français. «C’est parce que le français développe la logique cartésienne», dit-il. Il estime que «la langue sous-tend toute une pensée, toute une mentalité. Bref, des valeurs humaines qui correspondent à ce que je voudrais communiquer à mes enfants». Plus doux, le français Quant à Lina Azar, elle indique que «le français est une langue beaucoup plus coulante que l’arabe». «Il m’est plus facile de m’adresser à mon bébé en français» note-elle. «Et je trouve plus mignon de lui dire : «viens ici», que son synonyme en arabe, beaucoup plus lourd», poursuit-elle. Et de souligner : «Tous les petits câlins et les petites demandes sont plus douces en français». De par se sonorisation, l’arabe n’est pas vraiment la langue des enfants. «Ils ont d’ailleurs du mal à prononcer certains mots», estiment quelques parents interrogés. Pourtant, d’autres personnes, surtout des célibataires, tiennent un autre discours. Maroun Waked, par exemple, pense que «c’est parce qu’ils ont honte de leur appartenance arabe que certains parents adoptent le français comme langue première». «Consciemment ou pas, certains refusent cette culture arabe, car ils se sentent plus évolués et mieux dans leur peau étant francophones» , ajoute-t-il. Dans le même ordre d’idées, Myrna Tabet explique tout cela par une seule phrase : «Le snobisme des Libanais». Ces personnes et tous les célibataires francophones qui partagent leur avis, vont-ils avoir le même point de vue une fois mariés ? Quelle langue parleront-ils à leurs enfants ? Parler le français aux tout-petits n’est pas apprécié de tous, surtout par certains grands-parents qui n’arrivent plus à communiquer facilement avec leurs petits-enfants. Une grand-mère confie : «Mon petit-fils de 4 ans me corrige parfois mes fautes de français, et je me vois en train d’apprendre la langue et de perfectionner mon accent pour qu’il puisse me comprendre, pour une meilleure communication». Une meilleure communication qui n’est pas toujours facile, ni évidente. S’il y a incommunicabilité au sein d’une même famille, due à la langue et à toute la mentalité qu’elle sous-tend, ce manque de communication s’étend aux membres d’une même société. Et l’individu se retrouve évoluant dans un monde qui ne lui ressemble pas…
En observant notre entourage francophone, on ne peut s’empêcher de remarquer que beaucoup de parents s’adressent en français à leurs bébés. L’enfant prononce donc ses premières paroles en français, supposé être sa deuxième langue après l’arabe. Et la langue de Molière détrône parfois la langue «maternelle». Alexandra Sassine, qui ne s’adresse qu’en français à ses...
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