Humeur - Welcome to Lebanon !

C’est l’été, la saison des grandes retrouvailles, celle des retours aux sources. Dans l’avion de ce retour, déjà, le ton est donné, vite retrouvé. Retrouvé aussi l’air du pays, la familiarité, le manque de discipline, les trop encombrants bagages à main très chargés ; les fumeurs intoxiqués, intoxiquants, le voisin de devant qui dort sur les genoux de sa pauvre victime écrasée derrière lui ; les rires gras à très haute voix, les photos souvenirs avec flash dans les yeux d’un voyageur à peine endormi, la voix mystérieuse de your captain speaking une langue inconnue, et enfin, cerise sur le gâteau, les inévitables applaudissements lors de l’atterrissage, un atterrissage à peine enclenché que le parfait Libanais est déjà debout, valises à la main, prêt à descendre d’un avion qui ne s’est pas encore immobilisé. Les portes enfin ouvertes, les passagers, fous d’impatience, se précipitent aux guichets. Formalités accomplies, c’est la sortie vers l’autre monde. Un aéroport bercé par la voix féminine d’une inconnue qui tient à préciser puis rappeler que les zones fumeurs sont indiquées, omettant de signaler, ce qui est un détail sans doute, l’arrivée des avions ! L’ami en attente depuis d’interminables minutes, fatigué de partir, revenir, rechercher sur l’écran un indice indiquant à quelle heure ledit avion est prévu, s’approche prudemment de la barrière de sécurité déjà largement franchie par des dizaines d’amis également en attente. Il fixera les valises, la tête des arrivants, leur garde-robe, pour tenter de deviner d’où ils viennent. Remarquera leur large sourire, lorsqu’ils sont agressés par les dix membres de la proche famille venus les recevoir, les embrasser, partager des larmes de bonheur. Peu importe si ce gentil groupe bloque le passage pour quelques minutes de chaudes retrouvailles, les autres attendront, et... feront à leur tour la même chose. L’ami en attente attend toujours, cerné par une foule incontrôlable et des cellulaires aux musiques de plus en plus nouvelles et de plus en plus longues, un véritable hit-parade. De longs instants plus tard, l’ami tant attendu débarque, épuisé, lui aussi. Un seul mot, pudeur exige, sourire à l’appui, semble de circonstance pour l’accueillir, «Welcome to Lebanon»...